L'hôpital pédiatrique de Canastel perd ses spécialistes

Huit ans aprèsson inauguration, l'établissement hospitalier spécialisé en pédiatrie risque devoir son rayonnement à l'échelle de la région et même au plan national - étantla seule structure publique du pays spécialisée dans certaines spécialités dela pédiatrie - prendre un sérieux coup. Les raisons de cette situation nous ontété données par le professeur Touhami, l'un des pionniers de la pédiatrie àOran, qui a eu à exercer dans cet établissement. Pour notre interlocuteur,certains services de pédiatrie spécialisée risquent de disparaître, suite à desdécisions d'affectation de leurs chefs prises à l'issue du dernier concours demaîtrise d'assistanat. Il s'agit notamment des spécialités d'hématologie, degastro-entérologie et de nutrition pédiatrique. Si aucune mesure n'est prise àcourt terme, ces services risquent de fermer leurs portes, au grand dam desnombreux enfants malades en provenance de l'ensemble des régions du pays.A noter quetoutes ces spécialités n'ont été ouvertes que grâce à la complémentaritéassurée jusque-là entre des pédiatres et d'autres spécialistes. Cette activitécommune a permis à des spécialistes de la santé publique d'accumuler un savoirpar le fait qu'ils ont eu à créer leur propre service, jusque-là inexistant.Cette avancée leur permettait de postuler au concours de maîtrise d'assistanat,réservé aux seuls hospitalo-universitaires. Ayant réussi à leur concours, ilsse voient contraints de choisir une projection hospitalière ailleurs qu'à l'EHSde Canastel. L'omission d'ouverture de postes de maîtres assistants dans leurpropre hôpital en serait la principale raison. Cet «oubli» a fait que l'EHS deCanastel a été dégarni de son personnel spécialisé et l'a vidé de sa substancequi a fait sa force et un personnel ne pouvant en aucun cas être d'un grandapport à la Faculté de médecine d'Oran. Le professeur Touhami rappellera quecette situation, qu'il qualifie d'»ubuesque», est également observée au serviced'anatomie pathologique. Toujours au registre des risques qui pourraient, àtrès court terme, réduire à néant l'activité de cet établissement, leprofesseur Touhami nous dévoilera que le service de néphrologie pédiatrique seretrouvera sans chef de service, parti volontairement, de même que celui deréanimation pédiatrique, dont le premier responsable a déjà rejoint, sur sademande, le service général du CHU d'Oran.«Cette hémorragieest on ne peut plus préjudiciable pour l'organisation de la santé publique etplus précisément pour celle des enfants malades. Ceci est en contradiction avecl'essence même du système national de santé basé sur la prévention, du fait quel'enfant d'aujourd'hui est l'adulte de demain», a tenu également à conclurenotre interlocuteur.Rappelons quel'EHS de Canastel est un établissement unique en son genre dans le pays,abritant des spécialités de pédiatrie. C'est le premier du genre en Algérie. Ilremplit actuellement un rôle de premier plan pour ce qui est des soinsspécialisés pour l'enfant et contribue, bien entendu, à la formation et à larecherche. Son autre originalité est d'intégrer des équipes constituées depédiatres très orientés et des spécialistes d'organes qui ont accepté laprojection exclusivement pédiatrique. Sept services médicaux, troischirurgicaux et un plateau technique fonctionnent sur ce mode, pour la plusgrande satisfaction des enfants malades. Ces services relèvent des spécialitésstructurant l'EHS: néphrologie, gastro-entérologie et nutrition, infectiologie,pneumologie, hématologie, urgences et réanimation pédiatriques. Pour ce qui estde la médecine infantile, il y a lieu de citer l'urologie, l'orthopédie etl'ophtalmologie, ainsi que les spécialités chirurgicales. Il y a égalementl'imagerie et la biologie pour le plateau technique adapté à l'enfant. Un SEMEP(Service d'épidémiologie et de médecine préventive) complète cet édifice.