Algérie

«L'hôpital de Sidi-Chahmi est à raser»



Hier, le point de presse donné par le directeur de la santé et de la prévention d'Oran, au niveau de l'hôpital psychiatrique de Sidi-Chahmi, un endroit qui suscite bien des inquiétudes depuis le transfert de deux malades qui y étaient admis, vers le service infectieux, tous deux présentant des suspicions de choléra, a révélé une tout autre catastrophe sanitaire et surtout de conditions d'hospitalisation inhumaines dans un hôpital qui date des années 1930.Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Alors que le but était, comme l'a déclaré M. Boudaâ Abdelnasser, DSP d'Oran, d'éclaircir quelques points qui peuvent sembler confus, au sujet des cas confirmés ou pas de choléra au sein de l'EHS Sidi-Chahmi à Oran, toute l'attention s'est finalement axée sur les déclarations faites autour de l'enceinte même de cet établissement sanitaire, qui au vu des révélations, s'est vidé de ce terme «sanitaire».
D'une superficie de 65 hectares, l'EHS spécialisé en psychiatrie, construit avant la deuxième guerre mondiale dans les années 30, accueille des malades en provenance de 14 wilayas de l'Ouest et du Sud-Ouest. Sa capacité d'accueil qui est de 450 lits est, dira le DSP, largement dépassée.
A partir du 26 août une réunion avec le wali avait eu lieu suite à la déclaration de cas de choléra dans certaines wilayas. A l'instar des autres wilayas, Oran était en état d'alerte et ses services ont mis en place un dispositif d'alerte de niveau 1.
C'est à partir du 2 septembre que la wilaya enregistre son premier cas, un homme âgé de 46 ans, avec une suspicieux de choléra, venu de Tiaret dans le cadre d'un placement judiciaire le patient qui a été admis le 15 août au service du pavillon 2, a présenté des signes cliniques de choléra (vomissements et diarrhées) a été admis en service infectieux pour sa prise en charge. Quelques jours plus tard, il semble s'améliorer suite à un traitement et fut réadmis en psychiatrie.
Un cas que le ministère dit confirmé de choléra alors que le DSP persiste encore à dire que les résultats ne seront connus que demain mardi.
Toujours dans ce même pavillon des placements judiciaires, dans la nuit du 10 septembre, un autre cas présentant des symptômes de choléra s'est déclaré sur un patient âgé de 69 ans, originaire de Jijel. Il décéda la semaine passée sans que les résultats d'analyse ne soient connus, et ainsi son certificat de décès mentionne un problème cardiaque, des vomissements et des diarrhées.
Afin de couper la chaine de transmission, un dispositif a été mis en place, dira le DSP. C'est à ce niveau-là que les choses se gâtent puisque l'enquête menée et surtout la visite minutieuse de cet hôpital a révélé de véritables catastrophes sanitaires. «On s'est rendu compte que l'eau de la bâche d'eau et le château d'eau sont d'une qualité douteuse. Suite à des prélèvements, nous avons trouvé quelques germes d'un taux élevé», dira le DSP qui précise que les autorités ont voulu pousser plus loin leur recherches en dénudant une partie de la canalisation sur 500 mètres où ils ont constaté qu'elle était faite en fonte. C'est alors dit-il «qu'on a décidé d'arrêter l'alimentation en eau et alimenter les malades par les camions-citernes de la Seor, avec un renforcement en eau minérale de 3 bouteilles d'eau/jour par malade».
Les tests sont élargis aux autres patients du pavillon où se sont déclarés les deux cas de suspicion et aucune contamination n'a été trouvée, encore moins auprès des autres services et du personnel.
Par conséquent, des décisions devaient être prises. «On a décidé de refaire le réseau d'assainissement car on n'est pas sûr de la qualité de la conduite et en attendant, nous avons doté chaque pavillon de deux citernes. L'on prévoit également la rénovation et le branchement des eaux usées avec le réseau de la ville car c'est un déversoir à ciel ouvert.»
D'un autre côté, dira le DSP, étant donné que le pavillon 2 est dans état lamentable «nous avons décidé de le vider et de dispatcher les malades vers d'autres pavillons, de le reprendre et le rendre plus humain afin que les malades y reviennent dans un maximum d'hygiène et de confort».
Pour le DSP, cet EHS de Sidi-Chahmi est à raser car il est ancien et vétuste et certains services ne sont plus adaptés. «La Direction de la santé a bénéficié d'une nouvelle inscription pour la construction d'un hôpital psychiatrique à Tafraoui, on attend son inscription en réalisation et on espère une embellie financière pour résoudre définitivement le problème de cet hôpital», conclut-il.
A. B.


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