Algérie

L'hôpital a peur du marché!



Premier jour de jeûne. Le débat est centré sur la consommation. Tous les regards sont fixés sur les prix des produits alimentaires. Il est vrai que la spéculation devient plus virulente chaque année en cette occasion. Est-ce pour autant l'essentiel et le plus important des soucis à avoir' Surtout que depuis quelques années et pour d'autres à venir, le Ramadhan intervient en plein été. Une saison particulièrement difficile pour la conservation des aliments. Une saison où les cas d'intoxications alimentaires enregistrent des pics. Avant la surconsommation qu'induit l'abstinence, surtout avec des journées les plus longues de l'année, il ne faut pas être statisticien pour savoir que les risques d'intoxications dépasseront la normale. Avant de craindre les manquements à la rigueur de la chaîne du froid, qu'en est-il de l'hygiène basique' Pas très fort! C'est le moins que l'on puisse dire. Surtout quand les structures de santé publique en souffrent comme l'a fait remarquer le ministre du secteur, Abdelaziz Ziari, tout récemment. Quand le milieu médical ne parvient pas à maîtriser ce fléau, il devient (presque) injuste d'exiger mieux des commerçants. Et si l'on veut éviter l'hôpital, il faut agir en amont. Faire en sorte que le service de contrôle de la qualité soit au moins égal sinon plus renforcé que celui des prix. Ce qui ne semble, malheureusement pas être le cas. Rien d'exceptionnel de ce côté-là n'a été entendu des responsables. Une multitude de «commerces» improvisés voient le jour à chaque mois de Ramadhan. Dans des garages. Dans toutes sortes de bouis-bouis ou carrément à l'air libre, sur les trottoirs ou les portes cochères, des produits alimentaires sont mis en vente. Zlabia, kalbelouz, pain brioché, jus sont parmi les plus prisés durant ce mois. L'autre malheur est que cette offre n'existerait pas sans la demande. Ce qui complique les moyens de lutte. Nul ne sait dans quelles conditions d'hygiène ces produits ont été «cuisinés». Que ce soit pour le stockage des «matières premières», des ustensiles ou même de l'hygiène corporelle de tous les intervenants. Au chapitre des intoxications alimentaires, même si le reste de l'année n'est pas épargné, l'été reste la saison de tous les dangers. Un chapitre caché par les incendies de forêts et par les noyades qui frappent plus les esprits. Demain, il y aura beaucoup de titres sur la flambée des prix sur les marchés. On se lamentera sur les budgets malmenés des ménages. Les politiciens s'engouffreront dans la brèche. Par contre, on ne trouvera pas une seule ligne (sauf exception), sur le douteux liquide jaunâtre vendu dans des vulgaires sachets sous l'appellation de «charbette». Rien non plus sur les pâtisseries offertes à la vente, posées à même le plancher de fourgonnettes crasseuses. Les dangers que font courir ces pratiques ne sont pas retentissants. Ce n'est pas comme dans une cantine ou un repas de fête où les cas d'intoxications affectent des groupes de personnes. Ce qui permet d'identifier l'aliment en cause. Un véritable problème de santé publique créé par de simples manquements à l'hygiène. Un problème qui ne semble pas affecter grand monde. La fatalité, quoi!...Le plus affligeant est que dans tout ce qui vient d'être dit, le prix de la viande et de la tomate, semble plus important que la santé des citoyens. Plus important que les dépenses publiques que cela entraîne. La lutte contre les manquements à l'hygiène ne nécessite pourtant pas un savoir-faire ou une haute technologie. Les moyens sont ceux de la communication, de la pédagogie, de l'éducation à grande échelle et de manière constante. Des moyens moins onéreux que les dépenses de santé occasionnées. Ceci dit, il n'y a aucune illusion à se faire car chacun sait que «ventre affamé n'a point d'oreilles». Surtout le premier jour!


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