Algérie

L'homme verrou



Quelle malédiction a donc frappé ce pays au peuple fier, descendant des hommes libres ' Au lendemain de l'indépendance, les clans qui s'entre-déchirent pour le pouvoir se sont attelés, à chaque moment historique de rupture avec les pratiques du passé, à faire croire aux Algériens en l'existence d'un homme providentiel face au «chaos sans cesse menaçant», que ces assoiffés du pouvoir sont les seuls à voir.Face au mouvement citoyen et populaire qui ébranle le pays, du nord au sud et de l'est à l'ouest, depuis le 22 février dernier, les Algériens sont confrontés à la dure réalité qui consiste à faire face, non plus au fameux «sauveur de la dernière chance», mais ils découvrent qu'ils ont devant eux l'homme qui verrouille tout espoir de changement radical, en dépit de leurs appels à faire dégager le système.
Cet homme est en l'occurrence un militaire, le général-major Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, véritable homme fort du système qui, après avoir soutenu le régime de Abdelaziz Bouteflika auquel, faut-il le rappeler, il doit beaucoup, d'abord sa nomination en 2004 en tant que chef d'état-major en remplacement du général-major Mohamed Lamari, connu pour sa forte influence et qui ne passait pas pour être un fidèle du Président démissionnaire.
Sa consécration en 2013, en tant que vice-ministre de la Défense nationale, une année faut-il le rappeler, avant le 4e mandat, le propulse au rang de fidèle parmi les plus fidèles, devenant un intime de la famille Bouteflika et particulièrement de Saïd. C'est en se prévalant de cette proximité et de ce rapprochement avec le clan présidentiel qu'il contribuera à faire «le ménage» au sein de l'institution militaire jusqu'aux plus hautes hiérarchies au profit de Bouteflika et de ses frères.
Et par ricochet à son profit propre. Non opposé au 5e mandat dans un premier temps, en effet, les Algériens se rappelleront toujours la déférence avec laquelle le général s'est précipité aux pieds de l'homme en fauteuil roulant à son retour de Genève. Depuis la marche du 8 mars dernier, il a su habilement entretenir la confusion, le flou, en réclamant l'attachement de l'armée à la légalité constitutionnelle à travers, notamment, l'application des articles 102, 7 et 8 de la Loi fondamentale.
Mais comme dit le dicton : «Quand il y a un flou, c'est qu'il y a un loup.» Beaucoup y ont vu, et y voient encore, comme une volonté de ce nouvel homme fort, depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika, de peser de tout son poids sur l'après-Bouteflika aujourd'hui, alors qu'il contrôle non seulement les forces armées, la gendarmerie et les Services de renseignement, qu'il vient de récupérer et qui passent sous sa coupe. On ne peut que craindre le pire pour l'avenir des aspirations de ce mouvement citoyen populaire face à cette tentation autoritaire et autocratique qui pointe chez le chef d'état-major qui s'attelle à vouloir faire adouber le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, pour diriger la période transitoire de 3 mois jusqu'à l'élection présidentielle.
Et même plus pour l'au-delà, c'est-à-dire pour la période de transition. Des craintes plus que justifiées chez les Algériens qui n'ont pas manqué de rappeler, depuis 7 semaines au moins, la fraternité qui unit le peuple et son armée. Ils ne manqueront pas de le rappeler vendredi prochain et d'envoyer un message fort quant à leur volonté de voir le départ de tous ceux qui incarnent le système et que tous les verrous doivent absolument sauter.


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