Algérie

L'homme, summum de la création par l'essence de la pensée qui existe en lui et lui fait découvrir sa nature et la nature de la Nature



Publié le 21.09.2023 dans le Quotidien d’Oran
par Medjdoub Hamed*
« L'immortalité de l'âme est une chose qui nous importe si fort, qui nous touche si profondément, qu'il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l'indifférence de savoir ce qui en est.

Notre premier intérêt et notre premier devoir est de nous éclaircir sur ce sujet, d'où dépend toute notre conduite. Et c'est pourquoi, entre ceux qui n'en sont pas persuadés, je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s'en instruire, à ceux qui vivent sans s'en mettre en peine et sans y penser.

Cette négligence en une affaire où il s'agit d'eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m'irrite plus qu'elle ne m'attendrit ; elle m'étonne et m'épouvante : c'est un monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d'une dévotion spirituelle. J'entends au contraire qu'on doit avoir ce sentiment par un principe d'intérêt commun. » Blaise Pascal



Pascal a-t-il raison en exhortant les hommes à « penser leur âme » ? Dans le principe, on peut lui donner raison, mais le monde évolue autrement ; et non pas aux injonctions philosophiques de l'homme. Evidemment, cela aurait été magnifique si tous les êtres écoutaient la « philosophie », mais la vie et la réalité de l'existence ne sont pas une « philosophie », mais plutôt l'expression d'une existence dure à vivre. D'autre part, « si tous les hommes pensaient ce que pense Pascal, les hommes ne feront que « penser » ». Qui alors occuperait de l'emploi du maçon, du peintre, du menuisier, du mineur, du boucher, de l'éboueur, et autres emplois difficiles et pénibles ? Que seront les chômeurs à « penser », et ceux-ci se comptent aujourd'hui par centaines de millions, qui ont peu de foi à la vie ? Et quid de l' « immortalité de âme ».

« Penser » vraiment n'est donné qu'à quelques hommes qui pensent et qui puissent penser en prenant compte des vrais problèmes de l'existence, et de le penser en toute objectivité, du moins s'y efforcent-ils. Combien de penseurs pensent-ils dans le monde ? Probablement, une infime partie de l'humanité. Et à quoi cela sert de penser si penser n'apporte ce pourquoi nous existons. L'homme dans sa pensée recherche un bien-être ; il cherche aussi à comprendre le mal de l'humanité si sa pensée lui donne à y réfléchir ; et cela n'est pas du tout évident.

Pascal qui exhorte les hommes à « penser » au point qu'il le définit comme d'intérêt commun pour les humains ; il voit en la pensée et en l'âme le travail qu'on pourrait y faire et les bénéfices que l'on pourrait en tirer pour une meilleure prise de conscience de l'existence.

Mais peut-on répondre, à quoi bon penser si penser ne fait pas vivre l'homme. Et la vie n'est pas une sinécure. Ne pense, dans le sens pascalien, que celui qui n'a pas d'obligations à travailler, qui vit d'une rente, d'une richesse héritée, etc., lui permettant de subvenir à ses besoins terrestres ; il peut alors penser et philosopher, il a alors cette possibilité, et doit encore être inspiré pour penser l'humain sinon il ne le pourra pas.

Il pense alors pour les autres, apporte ce dont ont besoin les autres, si évidemment ce qu'il apporte est bien pris, c'est-à-dire mis à profit par l'humain. Chaque homme, à un moment d'existence ou des moments d'existence (il faut plutôt dire une multitude de moments qu'on ne peut compter ») se repense, cherche à comprendre sa destinée, ce qu'il est réellement, surtout dans les instants difficiles, dans les instants où il se sent exister certes, mais se dit-il, face à l'adversité, face à son vide intérieur par moment de lassitude ou autres, et par d'autres maux que l'on ne peut énumérer, qu'il n'est rien dans l'existence.

Par exemple, souvent face à une situation professionnelle difficile, qu'il perde son emploi alors qu'il a des obligations de famille, ou même célibataire, il doit travailler pour survivre, perdre un emploi peut l'installer dans l'angoisse de l'existence ; face à une grave maladie et les médecins sont impuissants, et même une simple maladie qui le diminue peut l'effrayer, son moral est gravement touché ; et des situations de ce genre sont innombrables.

En amour, l'homme peut s'aliéner pour une femme, et réciproquement. Combien de suicides ont été entraînés par de graves chagrins. Ou simplement des problèmes familiaux complexes qui, extrêmement stressants, rompt l'homme dans son désir d'exister.

Se rappeler un Premier ministre français socialiste Pierre Bérégovoy qui s'est suicidé, le 1er mai 1993, selon des informations télévisées françaises, parce qu'il a été accusé de corruption pour un appartement acheté à 100 millions Frs. Enfin, ce sont ces raisons qui ont été avancées pour justifier sa mort. Comment peut-on penser qu'un Premier ministre si important dans la hiérarchie politique du gouvernement français se donne la mort ? Le problème n'est ni la position politique, ni la richesse, c'est son statut d'être et ses principes moraux qui ont commandé la sanction, la « mort ». Il n'a pas accepté de vivre avec cette tâche qui a été mise sur son dos, surtout s'il ne l'a pas commise. Et probablement il ne l'a pas commise ou il a été trompé ; un homme malhonnête ne se donne pas la mort ; c'est tout le contraire, il est contre la mort, il chercherait même à tromper la mort.

Dès lors, la pensée s'avère être aussi une affection ; une affection intérieure qui a droit de vie et de mort sur l'être humain. A Pascal, la pensée lui intime sa philosophie sur l'immortalité de l'âme et ses exhortations sont aussi une affection pour son être. Il le dit « où il s'agit d'eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m'irrite plus qu'elle ne m'attendrit ; elle m'étonne et m'épouvante : c'est un monstre pour moi. » Il y a cette formidable force affective qui agit en l'être humain, qui souvent passe inaperçue même pour ceux (psychologues, les psychanalystes, psychiatres) qui ont la charge de guérir.

Le problème est que tous les êtres ont besoin de ce réservoir d'affectivité que ne secrète que la Pensée. Et si ce réservoir d'affectivité est malmenée, ou venait à s'épuiser, les conséquences, on peut imaginer ce qu'elles seraient, l'irréparable.

Par l'affection et les faits humains, la pensée nous fait éprouver des sentiments contradictoires ; elle nous fait sentir notre vie, notre existence, nos plaisirs, nos peines, nos douleurs. Et, notre pensée nous est intime, elle est le lien qui nous relie avec l'extérieur, c'est-à-dire le monde. Elle n'a pas que cet attribut. Elle est aussi notre conscience. Et peut-on dissocier la pensée de la conscience ? En énonçant que la conscience est la connaissance immédiate de notre état, elle est alors la connaissance de notre réalité d'exister, de notre expression d'être, et de notre être, en termes de convictions, de croyances, d'idéaux moraux. Ce qui détermine toute notre existence Mais, si la conscience s'est formée progressivement par le vécu de l'être (depuis l'enfance), il reste que l'action de la pensée a été centrale dans sa formation ; la conscience n'est pas venue avant la pensée, mais par la pensée ; c'est la pensée, en cogitant les événements existentiels, non seulement a édifié une conscience de l'être mais a imprégné cette conscience en l'être.

Dans l'Homme, il n'y a pas une conscience, mais des consciences. Si tous les hommes pensent la même pensée, leurs pensées sur le vécu sont différentes ; chacun pense selon sa pensée ; il y a des pensées qui sont proches comme il y a des pensées qui sont antagonistes. Et en pensée humaine, il y a autant d'êtres humains que de pensées.

Quand Sartre écrit, « La seule façon d'exister, pour la conscience, est d'avoir conscience d'exister ». Il faudrait plutôt dire, « La seule façon d'exister, pour la conscience, est de prendre conscience qu'on pense ». Si on prend conscience d'exister ne signifie pas qu'on existe, on croit seulement qu'on existe, mais on ne sait ni pourquoi ni comment on existe. Or c'est en s'interrogeant par la pensée, et non par la conscience, que l'on a, en apportant des réponses, le sentiment d'exister. La conscience ne donne à l'homme qu'un état de ce qu'il est, et la plupart des hommes savent qu'ils sont des êtres humains, et ne s'interrogent pas sur leur être. Et cela ne signifie nullement que l'homme prenne réellement conscience de son existence.

Donc, avant de prendre conscience de sa conscience, il faudrait prendre conscience que l'on pense. Et c'est là le problème, l'homme évite de s'interroger sur sa pensée, de chercher le sens de son existence ; surtout s'il est confronté à des problèmes difficiles d'existence. S'interroger sur le sens de l'existence apporte souvent des angoisses. Il y a une crainte que sa pensée lui échappe et lui fasse entrouvrir des questions existentielles complexes, où il n'y a pas de réponses écrites, et surtout peut lui ajouter angoisse sur angoisse.

Dans un livre de Camille Flammarion, « L'âme existe-t-elle ? », Edition 1920, l'auteur relate (page 70) : « Tant il est vrai que la Vérité s'impose par elle-même et brille, inexigible, comme Sirius au milieu de la nuit éternelle.

D'ailleurs Henri Poincaré m'a souvent affirmé personnellement, dans nos nombreuses et souvent longues conversations, que doutant même de la réalité du monde extérieur à nous, il ne croyait qu'à l'esprit. C'était excessif. Il y a quelque chose en dehors de l'esprit. N'exagérons rien.

Après tout, nous savons bien ce que nous sentons en nous-mêmes. Pendant que je compose ce livre, que j'en conçois le plan, que j'en distribue les chapitres, je sens exactement, rigoureusement, sans dogme quelconque, simplement, directement, que c'est moi qui fait ce travail, mon esprit, et non mon corps. J'ai un corps. Ce n'est pas mon corps qui m'a. Cette conscience de nous est notre impression immédiate, et c'est sur nos impressions que nous pouvons et devons raisonner : elles sont la base même de tous nos raisonnements. […]

La volonté est, certes, une énergie d'ordre intellectuel. Prenons un exemple entre mille. Napoléon veut conquérir le monde et sacrifie tout à son ambition. Examinez tous ses actes, même les moindres, depuis la campagne d'Egypte jusqu'à Waterloo. Ni la physiologie, ni la chimie, ni la physique, ni la mécanique n'expliqueront cette personnalité, cette continuité d'idées, cette persévérance, cet entêtement. Vibrations cérébrales ? Ce n'est pas suffisant. Au fond du cerveau, il y a un être pensant dont le cerveau n'est que l'instrument.

Ce n'est pas l'œil qui voit, ce n'est pas le cerveau qui pense

L'étude d'un astre au télescope ne peut être légitimement attribuée ni à l'instrument, ni à l'œil, ni au cerveau, mais à l'esprit de l'astronome qui cherche et qui trouve.

La volonté humaine suffirait, à elle seule, pour prouver l'existence du monde psychique, du monde pensant, différent du monde matériel visible, tangible. […]

Considérons maintenant spécialement dans l'homme sa pensée. […] La pensée est ce que l'homme possède de plus précieux, de plus personnel, de plus indépendant. Sa liberté est inattaquable. Vous pouvez torturer le corps, l'emprisonner, le conduire par la force matérielle : vous ne pouvez rien contre la pensée. Tout ce que vous ferez, tout ce que vous direz, ne la forcera pas. Elle se rit de tout, dédaigne tout, domine tout. Lorsqu'elle joue la comédie, lorsque l'hypocrisie mondaine ou religieuse la font mentir, lorsque l'ambition politique ou commerciale lui fait revêtir un masque trompeur, elle reste elle-même, envers et contre tout, et sait ce qu'elle veut. N'y a-t-il pas là un témoignage flagrant de l'existence de l'être psychique indépendant du cerveau ? »

L'extrait est long mais il est suffisamment révélateur des contradictions qui se jouent dans l'être humain. Henri Poincaré, un savant mathématicien français comme Camille Flammarion, un savant dans la vulgarisation de l'astronomie populaire ne peuvent avancer des idées sans qu'ils aient une emprise certaine sur leurs pensées. Ce qui est tout à fait naturel. Cependant, dans l'absolu, cela évolue autrement, on peut dire que l'homme est conscient dans l'inconscience. Ceci dit dans le sens qu'il vit sans savoir pourquoi il vit, il vit parce que c'est donné, il pense parce qu'il pense, et ce penser est donné, sans que l'homme sache pourquoi il pense. Et c'est d'ailleurs pourquoi il s'interroge, et explique pourquoi une conscience dans l'inconscience. On sait sans savoir pourquoi on sait.

Et ces interrogations ouvertement affichées sur l'essence de l'homme sont tout à fait naturelles ; l'homme veut savoir, toute son existence est précisément construite sur cette volonté de savoir, un principe vital dont on ne peut en douter. Et ce principe est donné par la pensée, et le corps de l'homme ; tous deux concourent au savoir, mais il est évident qu'une prééminence de l'une existe sur l'autre ; la pensée est essentielle, le corps humain est au service de la pensée. Ceci dit, bien entendu dans l'« absolu ».

Comme l'écrit Camille Flammarion : « Après tout, nous savons bien ce que nous sentons en nous-mêmes. Pendant que je compose ce livre, que j'en conçois le plan, que j'en distribue les chapitres, je sens exactement, rigoureusement, sans dogme quelconque, simplement, directement, que c'est moi qui fait ce travail, mon esprit, et non mon corps. J'ai un corps. Ce n'est pas mon corps qui m'a. Cette conscience de nous est notre impression immédiate, et c'est sur nos impressions que nous pouvons et devons raisonner : elles sont la base même de tous nos raisonnements. »

Dans l'absolue vérité, c'est sa pensée qui est à l'origine de tout ; l'homme croit faire, alors que c'est sa pensée qui fait tout, qui commande tout, qui commande son existence. On comprend pourquoi le brillant mathématicien Henri Poincaré doute de la réalité extérieure et ne croit qu'à l'esprit.

Henri Poincaré, en disant que c'est l'« esprit », n'en pense pas moins qu'il a son corps, qu'il a ce corps, qu'il a ses pensées, mais à travers la « pensée ». S'il a apporté beaucoup de connaissances dans ses recherches en Mathématique (topologie algébrique, équations différentielles…), en Physique – on a même avancé que la paternité de la théorie de la relativité lui revenait –, le savant est conscient qu'il doit toutes ses découvertes scientifiques à sa pensée. C'est en quelque sorte une humilité, une forme de reconnaissance qu'il affiche vis-à-vis de l'« Essence humaine » sur laquelle l'homme a peu de connaissance. Ses affirmations ne sont pas des pensées au hasard, et Henri Poincaré sait très bien qu'il n'a été qu'un instrument d'une « Intelligence suprême », dans le cours de sa destinée, de son existence et du monde.

Et ce savoir vital à l'existence est aussi une forme d'affection donnée à l'homme. On existe que pour ce que l'on aime ; si on n'aime pas, on ne peut savoir, c'est comme si la pensée refuse de penser en nous ; la pensée reste pensée mais elle n'est plus créative. L'homme devient plus corps que pensée.

Et on n'a point besoin d'être savant pour créer. Par la pensée conviviale, la pensée affectueuse, généreuse, apaisée, on peut créer autour de soi un bonheur, une félicité ou simplement une ambiance sereine et c'est déjà une création. Donc il y a toute forme de savoir, toute forme d'exister, toute forme de vivre.

Quand Flammarion dit de Napoléon qu'il « veut conquérir le monde et sacrifie tout à son ambition. Examinez tous ses actes, même les moindres, depuis la campagne d'Egypte jusqu'à Waterloo. Ni la physiologie, ni la chimie, ni la physique, ni la mécanique n'expliqueront cette personnalité, cette continuité d'idées, cette persévérance, cet entêtement. Vibrations cérébrales ? Ce n'est pas suffisant. Au fond du cerveau, il y a un être pensant dont le cerveau n'est que l'instrument. »

Il n'a pas si bien dit. Napoléon a été un « Elément de l'Histoire ». L'Histoire n'est pas une succession de hasards, d'événements fortuits. Pour la « Pensée », rien n'est fortuit, tout dans l'univers est intelligé sauf que l'homme créé et pensé est limité pour saisir les forces en jeu dans la constitution et la dynamique du monde. Napoléon a existé et ses campagnes victorieuses n'ont été possibles que parce que le monde humain était, à l'époque, à la croisée des chemins.

Napoléon comme le peuple français ont été un peu un instrument de l'Histoire pour transformer l'ordre européen ; les régimes politiques monarchiques devaient « muter », et cela a échu à un homme, Napoléon, et à un peuple, le peuple français, pour faire avancer non seulement l'Europe, mais le monde. Comme ce qui a prévalu ensuite avec la montée en puissance de l'Allemagne, toutes les guerres, tous les conflits, tous les savoirs scientifiques s'inscrivent dans un « devenir ». L'humanité n'est pas, elle « devient ».

Comme le dit Flammarion, au fond de chaque être humain, il y a un être pensant dont le cerveau n'est que l'instrument. Les hommes sont menants et menés sans qu'ils le sachent, ou s'ils le savent, ils ne changeront pas le cours de l'humanité. Ils existent dans cette dynamique du monde, le petit macrocosme qui englobe l'humanité dans un univers sans fin qui est « pensé » avant même que les hommes pensent. Ou plutôt les hommes sont pensés dans leurs pensées.

Pour preuve, qu'a-t-il l'homme pour penser le monde ? Et cela dit biologiquement. Il a cinq sens, dont deux directs et trois indirects, le cerveau comme interface ou le décodeur des messages qu'il reçoit du monde extérieur » et la pensée qui englobe tout ce qu'il reçoit et l'englobe dans l'existant.

Les deux premiers directs, c'est-à-dire le goût et le toucher lui donnent ce qui touche directement son corps. Les trois autres sens, c'est-à-dire la vue, l'ouïe et l'odorat, le mettent en relation, à distance, avec l'extérieur. Ce sont eux qui lui donnent, à travers le cerveau et la pensée, le sens de l'existence. Mais ces trois organes sensoriels, par leur constitution même, sont insuffisants. Les fréquences d'interception de ces organes sont très limitées pour l'homme. Prenons, par exemple, les armes infra-rouges, qui permettent grâce aux lunettes de vision nocturne et thermique de localiser l'ennemi la nuit. Des ondes ultrasoniques (sonar) permettent à des navires de guerre de localiser des sous-marins, ou des bateaux de pêche à localiser des bancs de poissons, ou un échographe à visionner le sexe d'un bébé dans le ventre de sa mère, etc.

Ce qui signifie que les organes des sens de l'homme sont très insuffisants pour l'homme d'appréhender le monde matériel et immatériel, le visible et invisible. L'homme ne voit que le visible donné, rien n'exclut qu'il n'y a pas d'êtres invisibles autour de nous. C'est comme un homme dans le noir qui ne distingue pas un autre homme dans le noir mais qu'à travers des lunettes infrarouges.

Et on ne connaît pas l'infiniment petit et l'infiniment grand, ce qui nous entoure, tout au plus ce que nos organes sensoriels nous donnent et la pensée extrapole. L'homme sait peu de chose de son existant. De plus, même son cerveau n'est qu'une « interface physique » qui relie le corps de l'homme à la pensée dont le véritable siège n'est pas forcément le cerveau. La médecine peut greffer une rétine, un cœur ou autre organe sur l'être humain, ou même une rétine artificielle, un exosquelette, ce qui est tout à fait naturel et compatible avec la science de l'homme. Mais l'homme ne fera que créer par un processus de substitution physique à l'intelligence biologique du corps humain. Quand bien même cela s'est réalisé, le cerveau de l'être humain reste néanmoins qu'une « interface » même si cette interface décode tous les signaux qui lui arrivent. L'être humain arrivera à voir par une rétine artificielle, mais le vrai décodage, c'est-à-dire « la compréhension et le traitement des images échoiront obligatoirement à la pensée ». Et où se trouve le siège de la pensée ? Dans le cerveau ? Ou en dehors du cerveau ?

Comme le dit Flammarion « Au fond du cerveau, il y a un être pensant dont le cerveau n'est que l'instrument. », si la pensée se trouvait dans le cerveau, lorsque le cerveau meurt, forcément la pensée meurt. Est-ce que la pensée meurt ? Si la pensée mourait avec le cerveau, la vie serait sans sens. Aussi l'âme après la mort ne peut que retourner à son Concepteur, i.e. Dieu.

Ceci étant, avec toutes ces connaissances du monde, sa science sur l'extérieur, l'homme, en réalité, est dans le noir le plus complet sur son essence ; de plus rien ne lui appartient en propre hormis ce que lui a accordé son Créateur. Cependant c'est bien là le prodige pour l'homme de penser son existence. L'homme, summum de la création parce que, par essence, la pensée dit sans lui dire « J'existe en vous, en vous Humains, qui par mon pouvoir, vous pensez vous et l'univers et ce que je vous fais découvrir progressivement de votre nature et de la nature de la Nature. Et surtout vous n'êtes pas sans moi, la pensée, la chose qui pense en vous. »

* Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,

Relations internationales et Prospective



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