Algérie

L'homme qui déclinait les distinctions honorifiques Le Moudjahid Derradji Kermiche n'est plus



Lundi 20 août, deuxième jour de Aïd El Fitr, le moudjahid, Si Derradji Kermiche, a quitté ce monde.
Entouré des siens, il s'est éteint dignement, comme il a toujours vécu. Son fils, Youcef, qui l'a accompagné tout au long de sa maladie, découverte en 2009, en parle avec fierté. Il se rappelle de la virée qu'ils ont faite ensemble au sanctuaire des Martyrs, où le défunt voulait prendre une photo souvenir, après une éprouvante épreuve de chimiothérapie à l'hôpital militaire Med Seghir Nekkache de Aïn Nadja. Né le 14 septembre 1933, dans une vieille famille traditionaliste, il fréquentera, comme tous les enfants de sa condition indigène, l'école coranique de Djamaâ Ennakhla (Masdjid El Atiq) de Bou Saâda et plus tard, la mythique école Lucien Chalon (Sidi Thameur). Cette école, véritable pépinière de nationalistes, aura éduqué d'illustres personnages comme Salah Chouikh alias Ghandi (ENA), Aïssa Bisker (Ouléma), Mohamed Boudiaf (MTLD), Abdelkader Hamida (UDMA), Aïssa Baiod (PCA) et bien d'autres encore. Optant pour le métier de charpentier, le jeune Derradji s'expatrie en France dès l'âge de 19 ans.
Au déclenchement de la lutte armée, il est structuré dans les cellules du FLN de la Fédération de France. Il y activera sous les ordres de Thameur Benchenouf, dit Kamel (responsable zonal à Paris). A la fin de l'année 1956, l'appel du pays dans la tourmente est plus fort que les sirènes du confort de la métropole. Il rejoint ainsi, à l'âge de 23 ans, ses frères de combat dans leur aventure guerrière contre l'une des puissances militaires occidentales qui venaient de terrasser le Panzer nazi. Et ce n'était pas
peu ! Silencieux et affable, il aidait les personnes qui venaient en quête d'un service à la daïra, où il y exerçait depuis 1963, date de sa démobilisation. A part la reconnaissance de sa qualité de moudjahid, il n'a jamais rien réclamé à l'Organisation nationale des moudjahidine. Aïssa Mahdadi, vice-président et historien de l'association du 1er Novembre 1954, avoue qu'il n'a jamais pu tirer une information sur la vie combattante du défunt.
Ce dernier éludait souvent les questions, en trouvant toujours le moyen de s'en sortir, pour ramener la chose à un simple devoir national que tout individu devait accomplir sans mérite particulier, pensait-il.
Les obsèques auxquelles une foule nombreuse a assisté ont été marquées par l'absence remarquée de l'ONM de wilaya. En dépit des liens qu'avait eus le défunt avec le secrétaire général de l'Organisation des moudjahidine, pour avoir été son compagnon de lutte au maquis, cette dernière n'a manifesté aucune réaction suite à cette disparition. De son éprouvante et longue maladie, Youcef, son fils, gardera un mauvais souvenir. Les deux séjours hospitaliers de son père à Alger ont été marqués par les interminables attentes, les disparitions inexpliquées de pièces du dossier médical payé au prix fort dans des structures médicales privées et l'effet «ping-pong» dont il faisait l'objet. Le malade, rivé à un fauteuil roulant, ne faisait qu'observer, sans un mot, ces pratiques d'une société qu'il idéalisait jadis.
Le dernier avis médical spécialisé recommandait le transfert vers l'étranger. La demande introduite auprès de l'ONM est demeurée sans suite. Comme pour faire un pied de nez à la bêtise bureaucratique, Si Derradji a tiré sa révérence justement un 20 août. Au fait, n'est-elle pas la Journée nationale du Moudjahid '


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