Algérie

L'homme qu'il faut à la place qu'il faut,un slogan en attente d'applic



L'homme qu'il faut à la place qu'il faut,un slogan en attente d'applic
«L'homme qu'il faut à la place qu'il faut.» Voilà un slogan que les plus de 40 ans parmi les Algériens connaissent bien pour l'avoir entendu proclamé par tous les dirigeants du pays, vu partout, mais aussi pour l'avoir brocardé, raillé, tourné en dérision.Et pour cause, ils vivaient, subissaient, quotidiennement, la réalité qui démentait et démontait cette devise populiste aussi hypocrite que mensongère que les tenants du pouvoir brandissaient comme la règle d'or de leur gouvernance alors que leurs actes et décisions y étaient diamétralement opposés.«On a plutôt placé ??le voleur'' qu'il faut à la place qu'il faut (le voleur pouvant être remplacé par ??le bureaucrate'' ??le pistonné'', ??l'incompétent'', selon l'exemple cité ou la situation commentée)», entendait-on susurrer, sous le manteau, car à l'époque il était fortement déconseillé de critiquer le pouvoir qui a des oreilles partout et le bras très long, et lourd. On pouvait avoir un accident ou disparaître bonnement sans laisser de traces. Il était d'autant plus inopportun de se mettre à dos les dirigeants que ça ne servait à rien, car on ne pouvait déboulonner les hommes mis là où il fallait car ce n'étaient que les maillons de toute une chaîne dont le point d'ancrage est au sommet de l'Etat. Quant aux slogans, aux discours et toutes les professions de foi, promesses et engagements, on les prend pour ce qu'ils sont, des paroles, tant qu'ils ne sont pas traduit en faits et actes concrets. Mais au lieu du changement attendu, qui impliquera, du sommet à la base, toutes les strates de la pyramide, leurs missions, rapports, connexions, interfonctionnement, en un mot, l'organisation, on a continué à faire avec ce qu'il y avait, avec tous ces hommes «promus» à des postes de commandement et de direction non pour leurs compétences, mais pour services rendus et leur capacité d'en rendre encore, à la demande.A la direction de l'économie qui, avec l'ouverture économique, doit faire face à une concurrence étrangère mordante, on n'installe pas des managers visionnaires, mais des responsables qui, hier encore, étaient à la tête d'entreprises aujourd'hui dissoutes parce qu'improductives. On fera de même dans tous les secteurs de productions, de décisions, de réflexions ou d'actions.Ce mode de gestion est évidemment reproduit à tous les niveaux et dans tous les compartiments du système, y compris ceux qui ne sont pas directement, organiquement ou structurellement, rattachés aux sphères du pouvoir, d'où la capacité de ce système et du pouvoir qui en émane à perdurer, se reproduire et se renouveler.C'est ainsi qu'au lieu d'avoir un Etat fort, homogène et cohérant avec ses différentes structures et missions clairement définies et assumées, on a des appareils d'Etat avec des interactions, interférences et mélange de genres qui ouvrent la voie à tous les dépassements, dérives et errements. C'est ainsi qu'au lieu d'une scène politique avec un personnel, des partis, des associations, des think-tanks, des médias à la hauteur de la mission qui est la leur, et produisant un débat fructueux et constructif, on a des cabotins de la politique et des vaudevilles d'un niveau qui donnerait le vertige aux pâquerettes.Comment peut-on ajouter crédit à un responsable de parti connu pour être proche du pouvoir ou de l'un de ses compartiments, faisant partie intégrante du système dont il est un des produits et acteur, prétendant changer ce système en réclamant le départ d'un responsable et/ou le maintien d'un autre 'Comment peut-on construire un débat digne de ce nom sur la nécessité de revoir le fonctionnement de notre système de gouvernance et le choix de celui qui sied pour mener cette révision ou carrément le changement du système, quand ceux qui s'emparent des déclarations de ce responsable ont en fait déjà le choix et pris parti pour un camp ou pour l'autre ' Ce n'est pas une bataille d'idées, mais une guerre de positions. C'est une nouvelle version de «l'homme qu'il faut à la place qu'il faut», ce vieux slogan populiste auquel aucun algérien ne croit plus. Avant de songer à placer des hommes là où ils serviront d'autres hommes et non des idéologies, des stratégies et des politiques, il serait bon de revenir à la morale de la fable : «Chacun son métier, et les vaches (le pays) seront bien gardées (géré).»H. G.




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