Algérie

L'homme, le visage et le poids de l'âge Actualité : les autres articles



Le visage exprime beaucoup de choses. Comme le président Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, ne parle presque plus, les traits de son visage «écrivent» les messages.
Avec les étrangers qu'il reçoit en audience dans des salons souvent fleuris et où des assiettes de petits fours sont déposées sur de belles tables, le chef de l'Etat est un homme souriant. Sourire large. Suffisamment large pour qu'il ne soit pas raté par les caméras. Bouteflika veut qu'on voie bien cette image. Le sourire présidentiel disparaît lorsque le locataire d'El Mouradia a en face de lui des interlocuteurs algériens, locaux. Pas de besoin d'amabilités. Une sévérité tactique ' Depuis 1999, date de son retour au pouvoir à Alger après «une longue traversée du désert», l'homme adopte la même attitude. A l'aéroport, devant les militaires qui le saluent lors de ses départs ou ses arrivées, Abdelaziz Bouteflika a le visage fermé, les yeux grands ouverts et le regard déterminé, froid. Manière de suggérer peut-être qu'il est le chef suprême des forces armées, chef des chefs.
L'histoire ne l'oublie pas : Bouteflika, alors jeune ministre, fut membre du Conseil de la Révolution, sorti des entrailles de la nuit après le coup d'Etat militaire contre Ahmed Ben Bella en juin 1965. Bouteflika fut pendant longtemps ministre des Affaires étrangères d'un colonel devenu président sous pseudonyme, Houari Boumediène. Boumediène avait lui aussi le regard faussement sévère. Face aux Algériens. Surtout. Bouteflika, qui aime les habits sombres gris-bleu-noir, est adepte du secret. Depuis son arrivée au Palais blanc d'El Mouradia, il ne s'est jamais adressé aux journalistes directement. Pas de conférence de presse. Aucune, sauf celle ayant suivi son élection en avril 1999, après le retrait des autres candidats. Pas d'interviews de vive voix avec la presse algérienne. Pas de débats ouverts et transparents sur les sujets qui agitent la nation. Tous les rapports remis par les différentes commissions qu'il avait installées (réformes de l'Etat, de l'école et de la justice) n'ont pas été publiés par la présidence de la République.
Les rapports de la Commission officielle des droits de l'homme que dirige l'avocat Farouk Ksentini sont également maintenus en secret, classés dans les archives sans être lus par les Algériens. Héritage des temps anciens ' Possible. Bouteflika n'a pas écrit de livres, pas de mémoires' On ne sait presque rien sur sa vie antérieure. L'histoire officielle a retenu sa carrière politique en tant que ministre des Affaires étrangères et son engagement au Mali pour le compte de la guerre de Libération nationale. L'homme, qui adorait les bains de foule dans ses déplacements à l'intérieur du pays lors de ses deux précédents mandats, saluait toujours de la même manière : la main droite ouverte levée. Et quand la foule est nombreuse dans une salle, il lève les deux bras. Sinon, il met les deux mains sur le c'ur pour intensifier le salut. Cela ressemble presque à un rituel.
Chaque fête de l'Aïd, El Adha ou El Fitr, Bouteflika répète les mêmes gestes, fait la prière dans la même mosquée algéroise, assis de la même manière' Il échange les salutations de l'Aïd de la même façon aussi. Adore-t-il se répéter ' On ne le sait pas. N'aime-t-il pas le changement ' On ne le sait pas aussi même si le président de la République ne s'est pas privé de changer le gouvernement au moins huit fois en treize ans. Ses ennuis de santé ont obligé l'homme à parler moins, à se déplacer moins et à communiquer par messages et lettres lus à sa place. La candidature pour un quatrième mandat obligera-t-il Bouteflika à montrer un autre visage ' Ou continuera-t-il sur la même voie ' Autant Bouteflika est prévisible, autant est-il versatile. C'est, paraît-il, une caractéristique des natifs sous le signe des Poissons. Mars est le mois du soleil et de la pluie. Et le vent !


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