Algérie

L'hommage interdit à Boudiaf



L'hommage interdit à Boudiaf
L'accès à l'enceinte du cimetière El Alia où reposent les figures emblématiques de la Révolution algérienne a été scandaleusement interdit aux militants politiques et associatifs ainsi qu'àd'anciens maquisards.Inadmissible. Se recueillir sur la tombe de l'homme du 1er Novembre, Mohamed Boudiaf, est-il prohibé 'Chaque année depuis son assassinat le 29 juin 1992, des Algériens se donnent rendez-vous au carré des Martyrs d'El Alia pour rendre hommage au leader de la Révolution algérienne, certes dans l'indifférence nationale, mais ils n'en ont jamais été empêchés comme ce fut le cas avant-hier.Arrivés vers 10h, des militants politiques et associatifs, des anciens maquisards ont été stupéfaits de voir se fermer devant eux le portail du carré des Martyrs.L'accès à l'enceinte du cimetière où reposent les figures emblématiques de la Révolution algérienne leur a été scandaleusement interdit. «Il fallait venir à 8h pour se recueillir, maintenant le portail est fermé», leur a lancé un commissaire de police présent sur place.«Ils l'ont tué et maintenant ils veulent effacer sa mémoire», réplique, en colère, Madjid Amirat. Professeur d'université et fils du regretté Slimane Amirat, autre figure de la Révolution décédé au lendemain de l'assassinat de Boudiaf, Madjid Amirat n'en revient pas : «C'est inadmissible ! De quel droit peut-on empêcher des Algériens de se recueillir à la mémoire des valeureux martyrs grâce auxquels l'Algérie est indépendante '» «Ils veulent emprisonner les symboles comme ils l'ont fait avec les corps de Amirouche et El Haouès, séquestrés pendant des années dans le sous-sol de l'état-major de la gendarmerie», s'est-il indigné.«Il est inacceptable de fermer le carré des Martyrs devant des Algériens qui souhaitent se recueillir sur les tombes des héros de la Révolution, qui appartiennent à tout le peuple.» Après une altercation verbale avec des officiers de police, les militants ont pu obtenir gain de cause et «forcer» le portail. Ils ont pu enfin se recueillir, le c?ur lourd, à la mémoire de Mohamed Boudiaf.Kader Fares Affak, militant du Mouvement démocratique et social (MDS), qui était aussi présent au carré des Martyrs aux côtés des animateurs du mouvement Barakat et de la fondation Matoub Lounès, s'est dit, lui aussi, «choqué» de voir un dispositif policier déployé pour empêcher des Algériens de rendre hommage au fondateur du FLN libérateur. Un grave précédent illustrant la place réservée à l'un des leaders de la Révolution algérienne. Mohamed Boudiaf, dont la vie et la mort se confondent plus que d'autres avec le destin tragique de l'Algérie, est de moins en moins célébré dans son pays.Pas un mot du gouvernement, pas une gerbe de fleurs, pas un message à la famille du Président assassiné. Les autorités du pays s'emploient pernicieusement, par petites touches, à effacer cette figure historique de la mémoire collective.Son assassinat reste une tache sombre au fronton de la République. Un acte qui hante la mémoire de la nation toute entière et d'un Etat qui a du mal ? ou refuse ? à assumer l'héritage et la mémoire d'un révolutionnaire.Banni à l'indépendance du pays, Mohamed Boudiaf qui, naturellement, devrait être au panthéon de l'histoire nationale, est étrangement «hissé» au rang des figures historiques marginalisées. Même mort et du fond de sa tombe, l'homme du 1er Novembre dérange.




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