Algérie

L'hiver, tous les pauvres ont froid



L'hiver, tous les pauvres ont froid
Le froid sibérien qui s'est abattu sur tout le pays a derechef éventé les malfaçons des ouvrages publics, des routes rafistolées ou livrées sans contrôle. Les chutes de neige ont aussi mis à nu les incohérences d'une politique de développement circonscrite aux seuls chefs-lieux de wilaya ou de daïra qu'on exhibe à la télévision publique comme tant de victoires contre l'enclavement des zones éloignées.L'hiver convoque avec lui un paradoxe tout algérien qui veut que les habitants d'un pays, parmi les grands producteurs mondiaux de gaz naturel, quatrième fournisseur de la France, se chauffent encore aux bonbonnes de gaz ou au bois. A chaque épisode hivernal, les Algériens redécouvrent avec effarement cette partie de sous-développement qui habite les douars et les dechras. Cette absence des années «indépendance» dans les coins reculés de la République trouve toute son intolérance dans ces moments de froid où les habitants n'ont d'autres recours que de revenir aux temps anciens parce qu'un maire, un chef de daïra ou un wali n'a pas été à la hauteur de la responsabilité.Près de 55 ans après l'indépendance, des Algériens continuent à souffrir de froid, ne trouvant pas de quoi se réchauffer par éloignement de la civilisation, par pénurie de bouteilles de gaz ou victimes de la spéculation des prédateurs. En 2017, des Algériens grelottent dans leurs hameaux, dans l'impossibilité de se déplacer parce qu'il n'y a pas de route ou qu'elle est tellement dégradée parce que bricolée. L'hiver, c'est aussi le temps des discours creux des ministres et des responsables du pays, bien au chaud chez eux, eux et leurs familles. Et à chaque vague de froid, on se demande pourquoi rien n'a été fait et que cet hiver ressemble à s'y méprendre à ses aînés. Et c'est la mort dans l'âme rongée par l'impuissance que l'on sait que celui de l'année prochaine sera pareil à celui-là.Mais c'est aussi le rendez-vous de la solidarité entre fils d'un même pays. Les Algériens se retrouvent soudés plus que jamais dans l'adversité et l'entraide, la fraternité ne sont pas de vains mots. L'hiver est par excellence la rencontre des pauvres gens, des personnes en détresse avec les corps de sécurité, les militaires et les pompiers qui se mobilisent pour tous. Pour tout. Malheureusement, les sacrifices consentis sont inutiles devant la gabegie nationale qui veut qu'un Algérien de seconde zone a peu de chance de s'en sortir.


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