Algérie

L'« hiver islamiste » a-t-il remplacé le « printemps démocratique » '



L'« hiver islamiste » a-t-il remplacé le « printemps démocratique » '
Au-delà des résultats des élections en Tunisie ou en Egypte, l'opinion mondiale découvre une Libye des « thowar » disloquée et voit cette révolte syrienne, plus ou moins soutenue en Europe, se transformer en cauchemar. Aujourd'hui, la question qui taraude les esprits en Occident est : est-ce que ceux qui combattent le président Assad ne sont pas finalement pires que lui ' Plus que jamais les combats pour les libertés sont remis en question quand la légitimité révolutionnaire et celle des urnes imposent des majorités totalement en décalage avec ce qu'on avait supposé advenir dans les pays arabes. La restriction des espaces d'expression est une réalité et l'imposition d'une compréhension étriquée de la loi divine risque de renvoyer ces pays aux âges les plus sombres de leur histoire. On incendie des églises en Egypte, on condamne à mort dans un procès secret le fils de Kadhafi en Libye, on ferme des salles de cinéma et d'exposition, on bat les femmes non voilées et les militants communistes en Tunisie. Quand le monde « civilisé » comprend que la menace la plus grande qu'il doit craindre, n'est pas l'arsenal nucléaire nord-coréen mais les « fous » du pseudo-djihad, on se surprend à se demander : pourquoi alors ont-ils soutenu lesdits « printemps arabes » ' Cette question est loin d'être une réaction émotionnelle. Elle sous-entend que ces puissances, qui semblent avoir tout compris, ont aussi la capacité de juger de ce qui va advenir. Difficile de croire qu'elles ne savaient pas ou qu'elles n'avaient pas une idée de ce qui allait se passer. Pourtant, à voir leurs réactions, aujourd'hui, on imagine que la situation leur échappe complètement. Il suffit de voir le désarroi des Etats-Unis après l'attaque du consulat de Benghazi. Aujourd'hui, le risque d'installation de dictatures religieuses aux lieu et place de celles que les révolutions ont chassées est une réalité avec laquelle les états-majors des pays occidentaux comptent. Et ce, sans savoir vraiment ce qui va se passer avec elles. Dans tout cela, le souci des peuples est secondaire. Ces même Etats s'accommodent très bien de leurs relations avec des royaumes où on pratique la loi du Talion en guise de code pénal. Ces mêmes monarchies ne sont même pas considérées comme des dictatures. L'Occident observe surtout qu'une monstruosité remplace une autre. Celle partie ayant au moins l'ambition de faire le bonheur du peuple ici bas sans lui promettre l'au-delà. La nouvelle abomination n'est plus dans l'humain. Elle dit « recevoir » ses directives du Créateur, et ce qui n'est que l'expression d'un totalitarisme devient une mission sacrée. Si le désir de liberté a permis à ces « Frankenstein » politiques d'être, ces mêmes aberrations se sont donné pour mission d'étouffer toute pensée libre. C'est dans ces conditions particulièrement dramatiques que la place Tahrir au Caire se cherche une nouvelle révolution pour préserver ces espaces de liberté chèrement conquis.
SAISON INFECONDE
Cet hiver, dans lequel le monde arabe libéré est entré, ne serait donc pas qu'une apparence. Ce n'est pas non plus une interprétation de situations diverses, particulières à chaque pays. Reste, bien sûr, ce qui fait sa faiblesse et ses handicaps. Il y a d'abord l'idée ancrée en Occident que l'islamisme politique n'est pas l'islam. Cela suppose, qu'à terme, cette idée extrémiste sera rejetée par les musulmans eux-mêmes. Le seul risque c'est de voir les régimes islamistes, certes issus des urnes, s'empresser de fermer toute possibilité d'être remis en question démocratiquement. L'exemple iranien est là pour rappeler qu'un tel modèle est possible. Autre handicap de l'islamisme politique : son hétérogénéité et l'absence d'un projet politique. Si les sociétés musulmanes sont effectivement sensibles aux appels aux bons sentiments au nom de Dieu et du Prophète, il n'en demeure pas moins que ce sont des sociétés de leur temps qui savent aussi différencier entre les contes et légendes du discours politique. Plus que jamais, ces sociétés attendent au tournant ces régimes quand ils ne répondront pas à leurs demandes pressantes en matière de justice sociale et de développement. De toute évidence, les islamistes, étant les mieux organisés sous les régimes disparus, ont tiré leur épingle du jeu alors qu'aucune alternative crédible n'était présentée aux Tunisiens et aux Egyptiens. Par ailleurs, la menace terroriste ' l'histoire récente douloureuse de l'Algérie est là pour le rappeler ' n'est pas pour rassurer des peuples qui, autant qu'ils aspiraient à la liberté, aspirent aussi à la paix.


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