Algérie

L'histoire ratée d'une capitale


Alger est classée à la 184e place des 231 villes du monde, selon une étude réalisée par le cabinet de consulting américain Mercer sur la base de la rémunération des expatriés partant en mission à l'étranger.Premier cryptage : aux yeux des étrangers qui viennent voler le pain de nos bouches, notre capitale, la blanche bien nommée, n'est pas bonne à vivre. Pire, elle se morfond presque dans les profondeurs du tableau. Si ce classement concernait un championnat de football, Alger jouerait sa peau pour ne pas tomber en division inférieure et chez ces gens-là il n'est pas question d'amadouer un arbitre ou faire jouer ses relations extra-sportives pour annuler la compétition. Voilà pour le parallèle.
Deuxième cryptage : malgré notre morgue nationale, les discours pathétiques des responsables de nos testaments, les comparaisons maladroites et éhontées avec les autres capitales, la réalité nous renvoie à la laideur de notre reflet. On se croit supérieurs à nos voisins, on se prend pour le nombril de l'Afrique qu'on regarde des hauteurs d'Alger. Au nom d'un nationalisme au rabais, à la santé d'une vision romantique, l'Algérie pense qu'elle est toujours au centre d'une histoire oubliée que les moins de cinquante ans ne connaissent pas.
Troisième cryptage : la main étrangère, portée par les expats, a frappé fort sur nos visages désenchantés, nous qui pensions que les dattes et le vin rouge de l'ONCV suffisaient à dédouaner nos carences. Le wali d'Alger est ainsi appelé à répondre à cette perfide attaque, lui qui, il n'y a pas longtemps, a affirmé que la capitale est mieux que Paris. Hidalgo, en entendant cette vérité historique, s'est jetée dans la Seine. Un ami, à ce propos, a conseillé à Zoukh de s'occuper plutôt de oued El Harrach. A nettoyer les rues de la ville, à rouvrir les commerces qui se barricadent à partir de 21h. A pacifier ses rues, otages de bandes de voyous. A rendre un visage plus social aux cités-dortoirs, fierté de nos responsables.
Quatrième décryptage : l'histoire d'une capitale qui a englouti presque le PIB d'un pays et qui se retrouve au même statut d'un douar enclavé. Loin, très loin des capitales voisines, Tunis et Rabat, sans lorgner sur d'autres villes du monde où il fait bon vivre. Alger n'est pas blanche sauf dans nos souvenirs d'outre-tombe, elle est grise, sale, repoussante, charriant les vicissitudes d'un pays aux prises avec sa propre schizophrénie. Cinquième décryptage : il n'y a plus rien à décrypter.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)