Algérie

L'histoire qui n'en est pas une



L'histoire aurait pu être triste ou banale. L'autre fois, un ami nous racontait sa « drôle » de rencontre. Appelons-le Rachid, juste pour les commodités de la narration, ce prénom n'étant pas le sien dans la vraie vie. Nous étions au deuxième jour de Ramadhan et Rachid revenait du marché. Ne souriez pas malicieusement, on sait votre perspicacité légendaire. Vous vous demandez, peut-être bien à juste titre d'ailleurs, pourquoi dans toutes les histoires qui se déroulent pendant le Ramadhan, il y a toujours un marché dans le récit. D'accord, on vous le concède mais cela ne veut pas dire que celle-ci est fabriquée de toutes pièces. On ne va quand même pas soupçonner le brave Rachid d'affabulation, de délire ou pire, de mensonge intéressé pour vous faire plaisir, non ' Rachid revenait donc du marché, que ça vous plaise ou non. Après, vous pouvez ricaner autant que vous voudrez. Vous voulez encore rire de votre rire sournois de roublard à qui on ne la fait pas ' Vous êtes libres mais on ne va pas se gêner pour ça. On peut même vous faire « la totale ». Voilà donc le cliché que vous n'attendiez pas, ou que vous attendiez trop, c'est selon l'inspiration du moment : Rachid avait un couffin d'où débordaient le bouquet de coriandre et un autre de persil. Et vous n'êtes pas au bout de notre sadisme. Parce que Rachid avait dans une main le couffin et dans l'autre le sachet à pain, si emblématique de notre misère alimentaire, de notre misère environnementale, de notre misère culturelle et de notre misère tout court. Ah, la misère, il paraît qu'on peut en parler tout le temps, sauf pendant le Ramadhan où tout le monde est riche. C'est fou ce qu'on ingurgite comme conneries. Plus que ce qu'on avale comme mangeaille peut-être même si ça ne se voit pas beaucoup. Normal, on n'a jamais vu quelqu'un revenir du marché avec un couffin plein d'âneries d'où émergent une botte de stupidités et une autre de fadaises. Rachid revenait donc du marché et sur sa route, devant le café où il avait l'habitude de se rendre en temps normal, il s'est arrêté pour faire d'une pierre deux coups ; souffler un peu et, un bonheur n'arrivant jamais seul, perdre quelques... précieuses minutes sur la journée qui allait être longue et éprouvante. Au fait pourquoi on parle de temps « normal » pour dire en dehors du Ramadhan ' Est-ce que le Ramadhan est un mois de piété, de recueillement, de solidarité et de générosité ou un... temps anormal ' Tellement anormal que vous attendiez une histoire qui ne viendra jamais. Parce que Rachid n'en a aucune à vous raconter aujourd'hui.S. L.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)