Algérie

L'histoire enfouie à la place des Martyrs



L'histoire enfouie à la place des Martyrs
A l'époque coloniale, la place des Martyrs, à Alger, était baptisée par les occupants place du Gouvernement. Pour les Algériens elle n'était que «placette El Oôud» (la place du cheval). Le cavalier sur le cheval, le duc d'Orléans, devenait, à leurs yeux, invisible. Pourquoi'...La plus belle station du métro d'Alger sera celle de la place des Martyrs. Et pour cause! Les fouilles archéologiques en cours à cet endroit et que vient de visiter la ministre de la Culture, Khalida Toumi, laissent apparaître un véritable trésor. La mémoire près de deux fois millénaire d'Alger. Et comme il est prévu, dans les plans de l'extension des lignes du métro, une station à cet endroit précis, c'est un véritable musée qui sera offert aux yeux des passagers. Ils pourront découvrir les vestiges remontant à Juba II. Les fouilles n'en sont qu'à trois mètres de profondeur et devraient se poursuivre jusqu'à sept mètres pour découvrir plusieurs périodes superposées de notre histoire. Jusqu'à 1830, année de l'occupation coloniale de notre pays. Nous n'allons pas nous arrêter sur la période byzantine car l'actualité nous recommande l'histoire contemporaine. En effet et avec la célébration du 19 Mars 1962 qui a précédé notre indépendance le 5 Juillet de la même année, se pencher sur quelques vérités historiques commises par l'armée coloniale nous semble plus profitable. Surtout qu'on apprend que c'est sur ces mêmes lieux qu'il y avait Beït El Mel (le Trésor public) de la période turque dont tout le monde sait que tout le trésor qu'il contenait a été pillé par les envahisseurs sans jamais parvenir à Paris. Ce qui explique certainement l'empressement des intrus à raser l'endroit pour effacer les traces de leur méfait. Il faut croire, d'autre part, que l'endroit est propice pour y mettre les finances puisque le siège actuel du Trésor public a été construit bien après par l'administration coloniale. A peine décalé de quelques mètres. Laissons de côté les voleurs et leur butin pour examiner un aspect encore plus important pour nous. Une fois les démolitions achevées et le terrain nivelé, les Français en ont fait une esplanade au milieu de laquelle ils ont érigé la statue du duc d'Orléans sur son cheval. Le duc s'était distingué par ses «hauts faits» militaires en Algérie sous les ordres du maréchal Clauzel et maréchal Valée avant de mourir d'un...accident de la circulation à Paris. C'est en 1845 que sa statue est installée à l'actuelle place des Martyrs. Elle y restera 117 ans, jusqu'à l'indépendance en 1962 avant d'être démontée et transférée en France et restera remisée longtemps avant d'être placée à un carrefour de Neuilly-sur-Seine en 1981. Voilà pour le personnage. Un duc que les Algériens ont ignoré superbement tout le temps, plus d'un siècle, que sa statue trônait à la place des martyrs. Comment' A l'époque coloniale la place des Martyrs était baptisée par les occupants place du Gouvernement. Si pour les colons français c'était son nom officiel, pour les Algériens elle n'était que «placette El Oôud» (la place du cheval). Pas de gouvernement qui tienne.Ce n'était pas leur gouvernement mais celui des colons. Pas de duc non plus pour toutes ses atrocités contre la population civile sans défense. C'est ainsi que se manifestait l'esprit de résistance des Algériens. Le cavalier sur le cheval devenait, à leurs yeux, invisible. Restait que le cheval. Plus important que le duc. D'ailleurs, la première cible des manifestants qui fêtaient joyeusement et bruyamment l'indépendance du pays, le 5 Juillet 1962, fut la statue du duc. Elle a failli être déboulonnée par eux. Les autorités françaises tenaient tellement à ce symbole qu'elles se hâtèrent d'organiser son rapatriement. C'est dire toute l'importance du patrimoine immatériel dans la vie d'un peuple. Que les Algériens aient traversé toute la période de la colonisation sans jamais perdre de vue leur identité. Et ce malgré toutes les tentatives d'aliénation culturelle et par endroits d'assimilation qui ont prévalu tout au long de la longue nuit de spoliation. Une longue nuit où même nos ancêtres n'ont jamais pu être des gaulois. Tout comme l'Algérien qui passait les mailles du filet pour se retrouver miraculeusement scolarisé, refusait d'entonner le matin dans la cour de l'école l'hymne national français. Tout comme les clubs de football étaient des espaces de revendication culturelle. C'est ce terreau qui a permis de passer à l'autre revendication qui était l'indépendance du pays. Le jour, prévu en 2017, de l'inauguration de la station Musée du métro d'Alger sera un grand jour.Les Algériens pourront revisiter leur longue, très longue histoire marquée par des invasions multiples. Ils n'en apprécieront que mieux leur liberté. Ils n'en protègeront que mieux leur pays des convoitises étrangères. C'est tout le «mal» que nous pouvons souhaiter à toutes les futures générations. Pour ne plus succomber aux chants des sirènes comme on le constate malheureusement, aujourd'hui, chez certains. Il faut avoir connu l'humiliation étrangère dans son propre pays pour mesurer la chance et le bonheur de vivre la tête haute chez soi. A défaut, il faut avoir une idée de cette humiliation étrangère pour mieux protéger son pays!zoume6@hotmail.com




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