Algérie

L'histoire en otage



Tambours et clairons se préparent à défricher le terrain pour la folklorisation de la célébration d’une date importante de la vie du pays. L’année 2010 s’achève sur un refus catégorique de mener à bout une loi criminalisant le colonialisme et 2011 va s’ouvrir sur une conférence pour glorifier la Révolution. A défaut de condamner le colonialisme, on se contente de glorifier une révolution dont on continue pourtant à cacher des pages. Dans la vie d’une nation, 50 ans appellent à un changement de cap. A cet âge, une nation atteint un degré de maturité lui permettant de se regarder en face et d’analyser son passé sans avoir peur de l’affronter. 50 ans est l’âge que choisissent les nations pour ouvrir leurs archives, pour dire ce que nul n’a encore osé dire, une période où les langues restées longtemps silencieuses ont le devoir et l’obligation de se délier.
La symbolique de cette date est importante dans la mesure où elle appelle à sortir de la parade «République jeune» pour justifier des erreurs impardonnables commises. Elle appelle non seulement à regarder le passé, mais aussi l’avenir. 50 ans est un cap où elle se doit de définir où elle va, si elle ne veut pas compter parmi les oubliées de l’histoire. Les partis de l’Alliance, qui n’ont pas jugé utile de condamner à temps la loi française du 23 février glorifiant le colonialisme, et qui n’ont pas trouvé «opportun» de dénoncer à leur tour le colonialisme, se préparent à organiser une conférence sur la grandeur de la Révolution algérienne. On ne peut s’empêcher de voir une belle entrée en matière pour des législatives qui doivent se tenir en 2012, date de la célébration du 50e anniversaire de l’indépendance. Une belle entrée en matière pour tenter encore de s’approprier cet héritage révolutionnaire qui appartient pourtant au peuple et non à des sigles. Est-ce là un énième coup de force pour confisquer la mémoire des Algériens qui, pourtant, appelle à être enrichie de faits et de noms restés longtemps du domaine de la censure ' Cette conférence mettra-t-elle sur la table le lourd contentieux entourant l’écriture de l’histoire de la lutte algérienne pour l’indépendance et celle de l’Algérie indépendante ' Un espoir que nous appelons de tous nos vœux, mais une grande part de scepticisme montre que l’on ne peut faire partie des censeurs et dénoncer la censure.  50 ans ont passé, l’histoire ne peut plus et ne doit plus se murer dans le fonds de commerce des partis. Le meilleur hommage qui puisse être rendu à la gloire de la Révolution, c’est qu’elle soit écrite par des historiens et de la livrer sans maquillage ni fioritures à son vrai héritier : le peuple.
 


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