Algérie

L'histoire du pétrole algérien au stéthoscope



Lyon
 De notre correspondant

Que le pétrole sente le soufre, personne n’en doute. Le soufre, mais aussi la poudre, si on en croit l’histoire guerrière de par le monde autour de cette précieuse énergie très convoitée. Ces derniers mois en Algérie, il a aussi été l’objet de dévoilement d’affaires tout aussi sulfureuses, dont on ignore encore l’ensemble des tenants et des aboutissants. Comme l’indique l’éditeur La Découverte (Paris), personne ne pourra douter aujourd’hui que «la principale richesse de l’Algérie, son pétrole et son gaz, n’est plus source de bonheur pour son peuple». Il n’est nul besoin de faire preuve de mauvais esprit pour ne pas souscrire à cette expression car la réalité, sensible, est là. Des explications de cet état de fait, argumentées, sont avancées par Hocine Malti, qui a l’avantage de connaître le secteur. Ingénieur des pétroles, il a participé à la création de la Sonatrach, dont il a été vice-président de 1972 à 1975. Conseiller du secrétaire général de l’OPAEP (Koweït) de 1975 à 1977, puis directeur général de l’Arab Petroleum Services Company (Tripoli) jusqu’en 1982, il est à présent consultant pétrolier. Selon les éditions La Découverte, «la volonté d’accaparement de la rente pétrolière par ses dirigeants, politiques et militaires, a plongé des pans entiers de la société dans la misère, tandis que les jeunes n’ont qu’une envie : quitter le pays. Afin de pérenniser leur pouvoir, ces dirigeants ont mis en place, derrière une démocratie de façade, un régime qui ne repose que sur deux pi-liers : la corruption et la police politique». Voilà les termes qu’on lit dans la présentation. A lire la table des matières, on peut dire que l’auteur est très critique, fort cependant d’une analyse historique et scientifique redoutablement précise. «Montrant comment les premières découvertes de gaz et de pétrole sahariens en 1956 ont conduit la France à prolonger de plusieurs années la conclusion de la guerre d’indépendance, il révèle aussi les dessous de la collaboration conflictuelle entre sociétés pétrolières françaises et le jeune État algérien dans les années 1960, jusqu’à la nationalisation de 1971 par Boumediene». Enfin, explique l’éditeur, «les dirigeants d’un des pays leaders du tiers-monde ont mis ensuite à profit la manne pétrolière pour garnir leurs comptes en banque et acheter le silence des grandes démocraties sur les dérives du régime, tuant ainsi dans l’œuf toute tentative d’expression démocratique en Algérie. Et comment les milliards de dollars des hydrocarbures sont toujours aujourd’hui au cœur des règlements de compte permanents entre les différents clans du pouvoir».
Un livre qui alimentera sans nul doute bien des commentaires, ou des silences qui parlent…  


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