Algérie

L'histoire de l'immigration entre la Kabylie et les Ardennes, un projet cherche financements


L'histoire de l'immigration entre la Kabylie et les Ardennes, un projet cherche financements
Le projet du journaliste algérien, Lyes Menacer, "D'où venons-nous, qui sommes-nous '", sur l'histoire de l'immigration entre la Kabylie et les Ardennes (France), n'emballe pas les bailleurs de fonds des deux rives. Devant être réalisé avec des collégiens et des habitants de la région de la Meuse, le projet touche à la fois à la transmission, à la mémoire et à l'échange de deux cultures. Une initiative personnelle, libre et indépendante de toute structure.
Discours bienveillants, sourires encourageants, promesses heureuses, les visites diplomatiques s'enchaînent et se ressemblent. Le protocole si parfaitement rôdé finirait presque par nous faire croire à tous les bons mots prononcés : "nouvelle dynamique dans les relations", "partenariat gagnant-gagnant", "renforcement des échanges", etc. Jusqu'à ce qu'un projet ambitieux de coopération vienne mettre à nu l'hypocrisie de la parade. La réalité apparaît alors bien plus froide et compliquée. Lyes Menacer, journaliste de son métier, écrivain à l'occasion, prépare le projet "D'où venons-nous, qui sommes-nous '" depuis trois ans.
A force de persévérance, la première phase a démarré début mars quand il s'est envolé pour la France, en direction du nord-est, dans la région de la Meuse, à Charleville-Mezières exactement. Là, le jeune homme a posé ses valises dans un appartement du quartier de la "Houillère" qui abrite une importante population d'origine algérienne ainsi que le collège Rouget de Lisle d'environ 230 élèves avec lequel le journaliste va travailler pendant un mois et demi dans le cadre de la première phase du projet. Une expérience riche et intense que le journaliste trentenaire relate dans son blog p@sserelles créé pour l'occasion.
Le programme s'annonce chargé. "Je vais m'installer au centre de documentation et d'information (CDI) du collège pour initier les élèves volontaires à la culture kabyle, c'est-à-dire bien souvent celle de leurs parents ou grands-parents, à travers la littérature, la musique, le cinéma, les contes populaires, etc.", énumère le dynamique journaliste originaire de Ouacif (Kabylie). Autre activité prévue : la réalisation d'une revue par les collégiens consacrée à "la mémoire de l'immigration dans le monde industriel ardennais" et encadrée par l'intervenant. "Je vais d'abord leur apprendre quelques techniques journalistiques de reportage, d'interviews, et d'écriture. Ensuite ils effectueront des sorties sur le terrain, au café ou dans les anciennes usines, par exemple, qui permettront de concevoir la revue", explique Lyes Menacer. Enfin, une excursion à Paris a été planifiée pour découvrir le musée des Arts premiers du Quai Branly, la Cité de l'Histoire de l'immigration et l'Institut du monde arabe.
Les rencontres pour seules ressources
Née d'une rencontre avec des anciens appelés du contingent, Claude Goffette, Jean-Claude Vion et Jacques Théret à travers le livre "Les Ardennais et la guerre d'Algérie" de Gilles Deroche, l'histoire, à la fois personnelle et collective, du journaliste algérien avec les Ardennes s'est écrite grâce aux interactions humaines. D'abord avec ces témoins de l'Histoire devenus amis, puis avec son oncle parti de l'Algérie pour travailler dans les usines métallurgiques de la vallée de la Meuse et surtout avec Véronique Poggioli, professeur d'histoire-géographie au collège Rouget de Lisle, avec qui s'est mis en place tout le projet. Ces intermédiaires représentent un soutien logistique précieux pour Lyes Menacer qui a pris un congé sans solde au niveau de son journal "La Tribune" pour se rendre en France aussi longtemps et ne sera pas payé pour ses interventions. "Jean-Claude Vion et Véronique Poggioli m'ont aidé à obtenir une résidence d'écriture et un logement pendant mon séjour", précise l'intéressé. Sans eux, la réalisation du projet aurait été difficile, tant la recherche de financements privés en Algérie relève du parcours du combattant.
Malgré l'élaboration d'un volumineux dossier contenant tous les détails du projet, les articles de presse du journaliste ou sur le journaliste et même un budget prévisionnel précis, Lyes Menacer n'a pas réussi à obtenir le moindre dinar pour la prise en charge de ses deux séjours de 90 jours estimée à 13.862 euros. "J'ai dû envoyer une cinquantaine de demandes par mail suivis par des dizaines d'appels téléphoniques", explique l'intéressé. "Soit je n'ai pas reçu de réponse, soit on ne me rappelle jamais malgré les promesses", dit-il. Même la compagnie aérienne Aigle Azur qui semblait "une piste sérieuse" s'est prononcée négativement au dernier moment, obligeant le journaliste à mobiliser son réseau familial pour acheter ses billets d'avion au prix fort. "Finalement je n'ai reçu aucun soutien", soupire Lyes Menacer fatigué par tous ses efforts non récompensés. Heureusement il peut compter sur la solidarité de ses proches et amis ardennais en attendant de trouver d'autres soutiens pour son prochain séjour prévu en septembre. L'appel est lancé.
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