Algérie

«L'histoire de l'Algérie est menacée»


Le président Boumediène a promis le statut de martyr aux hommes qui tombent au champ d'honneur et le statut de moudjahid à  ceux qui reviennent vivants», se souvient un rescapé de la guerre arabo-israélienne en 1967. Plus de 40 ans après, les soldats algériens, ayant participé à  cette guerre, se plaignent de l'oubli et de l'ingratitude. L'Organisation nationale des anciens combattants, dont l'assemblée constituante s'est tenue en 1999, attend toujours son agrément.
Afin d'amener l'Etat algérien à  tenir ses engagements, des centaines d'anciens combattants du Moyen-Orient venus des 47 wilayas ont organisé, hier, un rassemblement au niveau du jardin avoisinant la Grande-Poste. Des vieillards, des veuves et leurs enfants ont exhorté hier les autorités à  restituer une partie de l'histoire d'une Algérie qu'ils qualifient de «glorieuse».
A ces catégories, s'ajoutent des femmes, dont les époux sont estropiés ou atteints de troubles mentaux. Ils demandent à  rencontrer les hautes autorités pour leur faire part de leurs doléances. Pendant l'attente, le jardin avoisinant la Grande-Poste a été quadrillé par la police. «Eveiller les consciences sclérosées : l'histoire de l'Algérie est menacée», lit-on sur une banderole hissée par les protestataires qui demandent la reconnaissance et l'agrément de leur organisation.
«Ils nous interdisent de brandir des banderoles en nous taxant d'anarchistes», s'indigne le représentant des anciens combattants qui réitère que les étendards et les affiches ne sont qu'un moyen d'expression pacifique. «L'interdiction des étendards est une atteinte directe à  la liberté d'expression», analyse ce représentant. «Nous avons protégé la nation arabe pendant 10 ans (1967-1973). Nous étions tous convaincus de la mission pour laquelle on nous a envoyés. Les Egyptiens nous ont soutenus pendant la guerre de Libération nationale. Notre présence en Egypte, c'était pour payer notre dette envers ce pays», estime un participant à  la guerre contre Israël. Les réminiscences remontent lors de la rencontre des amis de guerre. L'évocation du passé a fait oublier à  certains manifestants le but de leur rencontre.  «Ce sont les Algériens qui ont libéré le canal de Suez. On était presque à 100 m des soldats israéliens. Ariel Sharon a été blessé par des soldats algériens qui étaient en ligne de feu», témoigne un rescapé. «Les soldats algériens représentaient tout le Maghreb», se rappelle amèrement un septuagénaire avant de fuir la discussion pour cacher ses larmes. Entre la fierté des réalisations de leur jeunesse et l'amertume de ce qu'ils deviennent à  présent, les témoignages des anciens combattants s'alternent. «C'est l'armée algérienne qui a stoppé l'avancée des troupes israéliennes. On aurait dit que nous défendions notre pays», appuie le représentant de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Les séquelles des blessures sont toujours visibles sur les corps des rescapés.
Les maladies de la peau continuent de ronger les corps de certaines personnes atteintes. Certains soldats, qui n'arrivent toujours pas à  se remettre de l'enfer israélien, souffrent de troubles mentaux.
 
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