Récit n Ecoutez, que je vous conte une histoire. Dieu fasse qu'elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil??Ce conte se passe à l'époque où les animaux avaient le don de la parole et communiquaient avec les hommes. En ce temps-là, il y avait dans une contrée, une famille composée de cinq membres. Quatre garçons et une très jolie fille prénommé Rova. Les garçons étaient tous des gaillards. Ils tenaient tous de leur père, une force herculéenne. Il était capable d'assommer d'un seul coup de poing le plus récalcitrant des taureaux. La famille était crainte et respectée. Rova, choyée et gâtée, personne ne pouvait l'approcher. Depuis les temps immémoriaux, les Kabyles se rencontrent presque tous les soirs «Dhi thajmaâthe» (agora) pour commenter les nouvelles du jour, ou, quand cela est nécessaire, régler certains litiges, qui peuvent parfois survenir. L'autorité de «Thadjmaâthe» fait force de loi avant même l'existence des lois. Le bon sens était la loi.Tout à fait, au début de l'humanité, les personnes qui fautaient en public étaient immédiatement punies par Dieu lui-même, pour leur apprendre les bonnes manières et servir d'exemple aux autres. C'est ainsi que le père des quatre garçons et de Rova, en prenant la parole?et en élevant la voix, fait entendre une flatulence sonore et nauséabonde. Honteux, humilié, il s'assoit par terre et prend aussitôt racine. On essaye de le relever mais en vain. Impossible de le décoller du sol. Les hommes tiennent conseil et décident de lui bâtir une hutte en torchis, pour le protéger des intempéries et des prédateurs, dont le terrible ogre (Ouaghzen) qui rôde autour des habitants de nuit.?Comme à l'époque les serrures de portes n'existaient pas, on utilisait des cales qu'on posait contre les portes pour empêcher toute intrusion. C'est ainsi que le père des quatre gaillards et de Rova passait ses jours et ses nuits dans sa hutte de fortune. Rova lui amenait à manger en milieu de journée et en fin de soirée. Comme il existe de nombreux prédateurs, pour protéger le pauvre homme, Rova et son père décident d'adopter un mot de passe. A chaque fois qu'elle viendra lui donner à manger elle dira :?«Etskhilk Eldi Thabbourth?A vava inouva»?(Papa Inouva, ouvre-moi la porte, c'est moi ta fille Rova !)?En l'entendant son père lui dit :?«Tchène-tchène thizevgathinim a illi rova !»?(Fais tinter tes bracelets, Rova, ma fille !)?Le manège dure quelques jours, mais un soir, tout bascule.Un ogre qui passait par là, entend les propos échangés entre le père et la fille. Dès le soir venu, il se rend à la hutte, tape à la porte et pronoce le mot de passe. L'homme «emprisonné» abusé lui ouvre. Mais en guise de fille, c'est un ogre velu avec des grands crocs qui lui saute dessus et le dévore. Rova arrive. En trouvant la porte ouverte, elle laisse tomber le plat et lance un cri d'effroi et s'enfuit. Mais après avoir fait seulement quelques enjambées, elle est rattrapée. L'ogre la prend avec lui. Les cris de Rova arrivent aux oreilles de ses frères qui accourent pour la délivrer. Les quatre frères veillent sur leur s?ur comme sur la prunelle de leurs yeux.?Ils le prennent tous les quatre à partie et le tuent. Victorieux, ils retournent dans leur village où ils sont acclamés en héros.Lyès SadounLa légende de Babor ?De tout temps, la montagne de Babor, à l'extrémité nord-est de la wilaya de Sétif, a excité l'imaginaire des populations environnantes. Comment alors ne pas être sensible aux légendes qui occupèrent et qui occupent toujours les vallées?Il en est une qui raconte l'origine du nom Babor (bateau en algérien). On raconte qu'un bateau immense avait surgi de nulle part. Il était si grand que jamais personne n'en avait vu de pareil. Ses proportions inaccoutumées provoquèrent l'étonnement des gens de mer qui s'enfuyaient à son approche. Tous craignaient cette masse qui pouvait s'abattre sur leurs frêles esquifs et les pulvériser. Alors que nombre d'armateurs convoitaient ce vaisseau, son propriétaire avait choisi, profitant de l'énorme capacité de son armement, de voguer à travers toutes les mers du globe avec à son bord une foule de voyageurs pour un périple sans fin. Dans quel but ' Nul ne le savait ! Seul le commandant à bord pouvait le dire. En naviguant dans les mers antarctiques, le navire s'était couvert de glace, les mâts en étaient lourdement chargés. Croisant en Méditerranée, au large de la Cote d'Azur, son climat tempéré n'eut pas raison de cette gangue de glace. Se trouvant au large des côtes algériennes, ce navire géant fut pris dans une effroyable tempête. Un coup de vent plus fort que les autres arracha le grand mât et le bateau démâté bascula dans l'onde amère. Une vague formidable prit le bateau, le souleva dans sa trajectoire, le projeta dans les airs à une très grande hauteur et le poussa au plus loin dans les terres. Puis il retomba sur le sol. Les ans, les siècles apportèrent le sable et la terre nécessaires à l'enfouissement total de la coque. Et la glace, qui avait fini par fondre, abreuva les terres desséchées. Un miracle s'était accompli : «La montagne du Babor était créée !» De ce jour naquit le «Pinus Baboriensis» ou Pin du Babor. Ce conifère qui a les aiguilles du pin et les branches horizontales du cèdre ne se trouve nulle part ailleurs. La pomme de pin, c'est à dire, le cône, est pointu, beaucoup plus allongé que celui du pin d'Alep (Pinus halepensis). Le pays du Babor, dès lors, eut une flore exceptionnelle et une faune rare. D'où son statut mérité de l'une des plus riches réserves naturelles de la planète.L. S.L'astucieuse fille du paysanTest n Pour se trouver un vizir, un grand sultan posa une énigme à ses sujets :C'est un arbre qui possède douze branches, chacune des branches comporte trente feuilles et chacune des feuilles renferme cinq graines ! Sera mon vizir celui qui, dès demain, me rapportera la réponse. Il arrivera au palais nu et habillé à la fois, transporté et marchant à la fois.Parmi les hommes se trouvait un paysan ambitieux. Il courut consulter sa fille qu'il savait intelligente. Sans hésiter, elle lui dévoila la solution :- Père ! L'arbre représente l'année, les branches les douze mois, les feuilles les trente jours. Quant aux graines, elles sont les cinq prières quotidiennes qu'effectue le musulman.- Mais comment être nu et habillé à la fois ' Comment me déplacer à pied tout en étant transporté '- C'est simple. Demain, très tôt, tu t'habilleras du seul vêtement que je vais te confectionner à partir d'un filet de pêcheur. Tu seras donc à la fois habillé et nu. Ensuite, tu n'auras qu'à monter sur notre jeune baudet. Comme tu as de longues jambes, elles toucheront le sol. Tu seras donc à pied et à dos d'âne.A l'aube, le paysan triompha et le sultan qui apprécia son intelligence, en fit son vizir. Ainsi, le nouveau vizir gouverna grâce à l'aide discrète de sa fille. Mais, avec le temps, le sultan, qui était un homme d'esprit, eut un doute à son sujet. Un jour, il l'interrogea :- Voilà un moment que je t'observe. Tes solutions, bien qu'efficaces, ne me semblent pas être le fruit d'une intelligence masculine. Eclaire-moi par la vérité et tu seras pardonné. Si je découvre que tu m'as menti, je te ferai couper la tête.Le vizir, confus, avoua :- Sire ! Je vous demande pardon. C'est ma fille unique qui me conseille.Le monarque, qui n'avait pas trouvé la femme de ses rêves, lui pardonna et lui demanda la main de sa fille. Cette dernière accepta. Mais le sultan exigea d'elle de ne jamais intervenir dans les affaires du royaume sans y être invitée. Elle en fit serment.Pourtant, un jour un verdict injuste rendu par le sultan suscita le courroux de la jeune femme. Un pauvre paysan se trouva dépossédé de son ânon par un riche marchand qui prétendait que cet ânon était né de sa mule. Or, le sultan avait donné raison au marchand bien que chacun sut que les mules sont stériles.Le paysan débouté, l'air attristé, quittait le palais, quand la sultane l'interpella, de sa fenêtre :- Hé ! Homme de bien ! Approche, je vais t'aider à récupérer ton animal.Intrigué, le paysan écouta attentivement le conseil qu'elle lui souffla, et le sourire aux lèvres, il s'en retourna dans la salle d'audience et demanda la parole :- Sire, j'ai oublié de vous signaler un autre étrange phénomène dont j'ai été témoin.- Lequel ' Parle vite !- Un banc de poisson paissait dans le champ du marchand !- Des poissons qui passent ' Tu te moques de moi '- Ô grand sultan ! Pourquoi ne pas admettre que tout peut arriver à l'époque où les mules mettent bas 'Le sultan admit son erreur et fit restituer son bien au paysan. Non sans exiger de lui une explication :- Dis-moi ! Pourquoi t'es-tu ravisé ' De qui tiens-tu ces répliques astucieuses '- D'une aimable femme du palais à sa fenêtre, Sire.Le sultan, furieux, se précipita auprès de son épouse :- Tu as rompu le pacte. Tu es intervenue dans les affaires du royaume sans que je te le demande. Emporte tout ce à quoi tu tiens et quitte ce palais dès demain matin.La jeune femme accepta sans broncher la décision souveraine. Pour leur dernier dîner, discrètement, elle versa une poudre soporifique dans le café du sultan. Dès qu'il sombra dans un sommeil profond, elle l'enferma dans un coffre et l'emporta avec elle. Le lendemain, lorsque le sultan ouvrit les yeux, il fulmina :- Que fais-tu encore à mes côtés ' Ne t'ai-je pas ordonné de t'en aller ' Mais, où suis-je 'Elle répondit d'une voix tendre :- Monseigneur ! Je suis partie. Et tu as bien précisé que je pouvais emporter avec moi tout ce à quoi je tenais, n'est-ce pas ' Et comme tu es mon bien le plus précieux, c'est toi que j'ai emporté !Le sultan, désarmé, ne put retenir un sourire affectueux. Il dit alors avec douceur :- Mon épouse ! Je dois admettre que tu es vraiment subtile et sage. Je te décharge désormais de ton serment car tes conseils me sont les plus précieux. Retournons chez nous à présent !L. S.La caravane des conteursInitiative n L'association de promotion de la lecture pour enfants, Le Petit lecteur d'Oran, procèdera ce mois d'octobre au recueil de contes populaires dans plusieurs régions du pays?L'initiative, qui sera lancée ce 20 octobre à «Taghit» (Béchar) et qui s'étalera jusqu'au 30 du même mois, sera menée par une caravane composée de conteurs professionnels, dont Mahi, Benchemissa et Djamila Hamitou, et de jeunes formés dans ce domaine, selon la présidente de l'association. Après la station de Saoura, la caravane sillonnera des wilayas des Hauts-Plateaux, de l'ouest du pays, des régions de Gourara (Timimoune), de la Kabylie (Tizi Ouzou et Béjaïa) pour recueillir des contes faisant la richesse du patrimoine immatériel, afin de les enregistrer et par conséquent les préserver pour les générations montantes, a ajouté Djamila Hamitou.L'association utilisera dans cette opération des techniques modernes d'enregistrement. L'enregistrement s'effectuera dans différents langues et les contes recueillis seront édités dans quatre ouvrages, ce qui permettra à l'association de créer un centre de sources des arts oraux ainsi qu'un colloque national sur «le conte, carrefour des cultures». Le projet «Ahki ya Goual» comporte plusieurs activités, dont la création d'une résidence du conte regroupant des conteurs du monde arabe, d'Afrique, d'Europe, un département master en art de conte et le recueil et enregistrement au profit de 40 jeunes du théâtre et fans du conte, en plus de la tenue d'ateliers de formation dans les établissements scolaires et de formation ciblant 140 enfants, adolescents et jeunes. L'association ?uvrera également à l'accueil des professionnels, des enseignants et des chercheurs dans le domaine de la littérature orale, ainsi que les étudiants qui réalisent des recherches dans ce domaine, outre la tenue d'une journée d'étude sur l'oralité dans le monde arabe, a encore annoncé Mme Hamitou, ajoutant que les 10e et 11e éditions du Festival internatio-nal du conte sont inscrites dans le cadre du projet précité. L'adoption de ce projet, qui s'étend sur 18 mois après la candidature de l'association précitée, pour la proclamation du ministère de la Culture, ouvrant la porte devant les associations culturelles algériennes porteuses de projets de valorisation du patrimoine pour accéder à un financement de l'Union européenne, a souligné la présidente de l'association Le Petit lecteurL. S.La princesse M'barka Bent El-Khass?: beauté, sagesse et stratège militaire l La légende de la princesse M'barka Bent El-Khass veut que cette femme avait la beauté et la sagesse pour elle. On raconte qu'un roi du Maroc, à qui on vanta la beauté et la sagesse de la princesse, voulut l'épouser, mais M'barka Bent El Khass ne l'entendit pas ainsi. Refusant de troquer son royaume de «Taourirt» contre le harem impérial à Marrakech. Le sultan, éconduit, froissé, dirigea alors son armée vers El Goléa. Il dirige son armée vers le Ksar et l'assiégea pendant plusieurs mois, pour prendre la citadelle de force et humilier la princesse et ainsi sauver son honneur bafoué. Après plusieurs mois, la soif se fit ressentir et les soldats du roi commencèrent à paniquer. En vérité, la situation à l'intérieur du Ksar n'était pas meilleure et il fallait en finir d'une manière ou d'une autre. Bent El Khas demanda alors aux femmes d'utiliser les dernières réserves d'eau pour laver les burnous des hommes. Cette décision surprit tout le monde, mais elles s'exécutèrent ... L'armée, campée dehors, en voyant les burnous lavés et étendus au soleil sur le rempart du Ksar en fut sidérée !!?Comment font-ils pour avoir tant d'eau ' Le siège, impossible à poursuivre dans ce cas, fut levé et ils rentrèrent bredouilles. Et jusqu'à nos jours, les habitants de la région continuent à se référer à la grande sagesse de Bent El Khass à travers ses citations et anecdotes?
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Posté Le : 18/10/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L S
Source : www.infosoir.com