Algérie

L'histoire d'amour tragique de Hizia



L'histoire d'amour tragique de Hizia
L'histoire d'amour de Hizia et Saïd, figures du XIXe siècle, est célébrée par le patrimoine populaire oral. Cette romance à la fin tragique s'est déroulée dans la région de Biskra, il y a plus d'un siècle. Hizia fille d'Ahmed Ben El Bey y est née vers 1852. Issue de la famille dominante, les Bouakkaz, de la tribu des Dhouaouda, descendants des tribus des Beni Hilel, la jeune femme était connue pour sa grande beauté.«On dit d'elle qu'elle était belle comme l'astre du jour, gracieuse comme une houri. Les filles ne l'égalaient pas en attraits et l'enviaient, les hommes la désiraient comme épouse, et surenchérissaient la dot ». Seulement, tous ces prétendants qui se bousculaient pour gagner son c?ur, Hizia n'en avait cure car elle avait déjà donné son c?ur à un homme : Saïd son cousin. On rapporte que Seyid, élevé dans la même famille et sous le même toit que Hizia s'est épris d'elle dès son jeune âge, un sentiment que partagera entièrement la jeune fille. Au fil des ans, cet amour grandit mais, à l'âge adulte, l'amour qui liait ces deux cousins commençait à se heurter aux interdits de la tradition qui bannissait toute liaison en dehors du mariage. Aussi, ne pouvant mettre fin à leur relation, les deux amoureux continuaient à se voir en cachette, volant des moments furtifs, ici et là, pour se voir, se dire tous leurs sentiments mais surtout se jurer fidélité. Ils se voyaient surtout, lors des périodes de transhumance entre le Sud et les Hauts-Plateaux, où ils avaient pour habitude de marquer de longues haltes. Saïd paradait alors sur son cheval, montrant ses prouesses de chevalier à Hizia et elle, l'observait de l'échancrure de la kheïma, lui lançant des sourires complices et des signes qui en disaient long sur la force des sentiments qu'elle éprouvait pour son prétendant. Malheureusement, cette complicité n'échappera pas aux regards curieux et l'histoire d'amour alimentera toutes les gorges chaudes de la cité. Voulant mettre fin au scandale, on pousse Saïd à quitter les lieux, afin de l'éloigner de sa bien-aimée. On raconte que cette séparation a eu des conséquences fatales sur la santé mentale et physique de la belle Hizia. Ne voulant accepter d'être séparée de son âme- s?ur, elle sombrera dans un mutisme et une très profonde tristesse. Cette grave dépression la conduira à la mort, une mort que l'on a dit mystérieuse. Mais l'amoureuse a bel et bien été emportée par l'immense chagrin vers 1875, elle avait 23 ans. Le sort de Saïd ne sera pas plus reluisant puisque, séparé de l'amour de sa vie, il a perdu tout goût à la vie, ne trouvant de plaisir nulle part. La nouvelle de la mort de sa dulcinée finira par l'accabler à tout jamais. Il abandonnera alors biens et famille et s'en ira errer dans le désert, puis s'établira sous une tente dressée sur les berges de l'oued de Ouled Djellal où il demeura jusqu'à sa mort. Dans une autre version, sans doute la plus crédible, on raconte que l'amour des jeunes gens avait été agréé par l'entourage. Aussi, une année après la grande guerre de 1871, les festivités du mariage furent célébrées vers la fin de l'été. Dans son douar, Saïd, veillait aux derniers préparatifs pour accueillir sa bien-aimée : fantasia, orchestre bédouin, meddahs, tout était réuni. Une journée avant la nuit de noces, la caravane se mit en branle, la litière de la mariée trônait sur le dos d'une chamelle blanche. Une trentaine de cavaliers, accompagnés par quelques femmes, descendaient vers le sud, dans le territoire des Oulad Naïl de Djelfa. C'étaient principalement des guerriers, cousins ou amis, requis pour leur bravoure, d'autant qu'au lendemain de l'insurrection générale, il y eut une insécurité totale, motivée par la soif de vengeance de l'Occupant. Parcourant de longues distances, ils s'arrêtent pour bivouaquer à la belle étoile, le lendemain, ils reprennent leur chemin quand, en cours de route, surgit le Caïd et ses goumiers. Hizia ayant refusé le parti du Caïd, ce dernier avait juré de la prendre par la force. Une confrontation sanglante oppose les deux camps et Hizia se prosterne, entrant dans une profonde dévotion et invoque le Seigneur Tout Puissant de l'emmener dans les cieux, plutôt que d'appartenir à un autre homme que Saïd. Dieu agréa sa demande et Hiziya mourut là en plein désert. Un amour immortalisé par Benguitoun En apprenant la mort de Hizia, Saïd va voir son ami, le poète Ahmed Benguitoun et lui demande de composer un poème à la mémoire de son tendre amour. Si les histoires qui nous sont parvenues autour de cette histoire tragique diffèrent d'une bouche à une autre, le poème, lui, traduit avec justesse, le sentiment d'amour fou porté par le jeune homme à Hizia. Lisant au fond du c?ur de Saïd, Benguitoun a chanté la beauté exceptionnelle de la jeune femme, les merveilles de son corps, levant le voile sur le jardin secret du couple. Ce poème représentant l'ultime cri du c?ur du jeune homme, reste l'une des plus belles preuves d'amour, un hymne à la beauté, à la femme. Ce poème a défié le temps et aujourd'hui encore, l'histoire d'amour de Hizia et Saïd, est évoquée aux côtés de celle de Roméo et Juliette ou Qaïs et Layla.




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