Algérie

L'heure est à la réflexion et au choix des électeurs



L'heure est à la réflexion et au choix des électeurs
Photo : Riad
Par Ali Boukhlef

Les fidèles téléspectateurs de la Télévision algérienne seront peut-être les plus soulagés. Ils n'auront plus à supporter les interminables minutes qui relatent «la campagne» au Journal du soir. La campagne électorale pour les élections législatives s'est achevée dans un fiasco pourtant programmé.Difficile de faire un pronostic. Ni sur le taux de participation ni sur l'issue du scrutin -si les élections sont neutres !!!-, mais un constat est désormais établi : les Algériens ont boudé une campagne dont la majorité des acteurs est inconnue du grand public. Et ceux qui sont «connus» sont plutôt mal vus. C'est cela la campagne. Trois semaines de discours, d'affichages anarchiques et illisibles et vingt-et-un jours de propagande. Voilà la plus grande distinction d'une course qui ne dit pas son nom. Une course «au changement» pour certains postulants -parmi lesquels des hommes et femmes honnêtes- mais aussi une course «vers la richesse» pour la vox populi. Ce sentiment de voir les candidats aux législatives animés par le seul souci du gain facile n'est pas nouveau. Il est malheureusement crédité et par une partie de la classe politique et par le pouvoir qui a multiplié, des années durant, des signes de défiance et de maltraitance envers la représentation nationale.«Vous êtes tous des voleurs». La phrase, lancée à la figure d'un candidat du PLJ (Parti de la liberté et de la Justice) par un citoyen dépité est malheureusement le leitmotiv d'une campagne qui a pourtant comme lourde mission d'emmener l'Algérie sur «les rails de la démocratie». Une autre sentence, lancée par les décideurs et qui s'annonce comme un véritable aveu d'échec de ce qui s'est passé jusque-là. Le premier à le dire est le président de la République qui, lors de l'ouverture de l'année judiciaire, en décembre passé, avait reconnu que l'Algérie a connu des «élections à la Naegelen». N'empêche, même avec les mêmes ingrédients que les élections précédentes, avec de légers réajustements, la campagne a eu lieu. Les partis ont fait semblant de parler aux citoyens. Ces derniers ont fait mine d'écouter. D'autant plus qu'un élément inattendu est venu perturber le programme : la pomme de terre s'est invitée dans la campagne pour résumer, à elle seule, la problématique du pouvoir d'achat. La campagne a-t-elle été à la hauteur des attentes ' Pas tant que ça ! Dans les discours, à l'exception d'un ou deux partis, le thème dominant a été la démagogie. De Abdellah Djaballah, qui promet de «mettre fin à la pauvreté» en l'espace d'une année, à un chef de nouveau parti qui appelle à «un mandat» infini pour le chef de l'Etat (drôle de changement), on aura tout entendu. Il se trouve même une candidate qui propose une «prime au mariage» et un chef de parti qui suggère de donner «avec l'aide de l'Etat» des lots de terrains aux jeunes pour faire du commerce. Un autre s'est permis de demander la «légalisation» de la contrebande, tandis qu'un chef de parti, qui a organisé un congrès constitutif en quelques heures, appelle à blanchir les délinquants condamnés. C'est aussi une facette de la campagne.Dans cette campagne, il n'y a pas que le «dit». Certains candidats et des chefs de parti ont été soit conspués soit empêchés tout simplement de tenir leurs meetings et rencontres. Certains ont fait mieux : faute de public, ils ont dû annuler des rendez-vous avec la population. Ceci, au moment où des scandales et autres vaudevilles ont émaillé le déroulement de cette étape importante d'avant le scrutin.Les abstentionnistes et les boycotteurs, eux, sont les plus grands «marginalisés» de cette campagne. Ils ont réussi à mettre tout le monde d'accord sur l'appel «au vote massif». Même Farouk Ksentini, le président de la Cnppdh a comparé ceux qui appellent au boycott au «malade qui refuse de se soigner». Etrange manière de voir les libertés individuelles et collectives.Et, pour ne pas «rater un rendez-vous de l'Histoire», c'est la première fois depuis l'avènement du multipartisme, qu'une commission de surveillance des élections est composée exclusivement de représentants de partis politiques. Mais c'est la première fois également que dans l'intitulé de cette structure, le mot «indépendant» a disparu. Tout un symbole.




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