C'est connu, les anniversaires sont des moments propices aux haltes et à l'établissement des bilans. Ce 22 février, la révolution du sourire qui a fait l'admiration du monde entier, par son pacifisme, sa force de mobilisation et sa durée, bouclera une année d'existence et il sera opportun de relever les acquis, mais aussi les insuffisances pour mieux dessiner les perspectives d'avenir. Une année marquée par une mobilisation sans faille des Algériens, notamment les jeunes et les femmes, avec à la clé l'organisation, chaque vendredi, de pas moins de 53 marches et autant d'actions de rue menées, chaque mardi, par les étudiants.Bien évidemment, l'acquis le plus important est l'avortement de l'humiliant 5e mandat pour un Président fantôme et grabataire. Ce qui était quelque chose d'impensable quelques jours seulement avant cette date historique du 22 février. Conséquence : la voix du peuple est un peu plus écoutée par les dirigeants même si les autorités ont pu tenir, après deux tentatives avortées, une élection présidentielle contestée et boudée par plus de la moitié des Algériens, selon les chiffres officiels.
Autre "dégât collatéral" de l'irruption volcanique du hirak sur la scène politique, sur l'élite dirigeante : l'incarcération de plusieurs responsables civils dont les Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et des militaires dont de hauts gradés, ainsi que des hommes d'affaires ayant outrageusement prospéré à l'ombre du système Bouteflika. Abhorrant presque tout ce qui touche à la politique durant le règne de Bouteflika, beaucoup d'Algériens, les jeunes notamment, se sont réconciliés avec la chose publique et se sont mis à débattre des problèmes du pays et de son avenir tout en essayant de proposer des solutions.
Une petite révolution dans la grande révolution ! Mieux, grâce au hirak, les Algériens ont découvert autre chose que les luttes catégorielles en s'engageant dans une action nationale et suprapartisane, essayant d'imaginer une perspective commune à tous les Algériens. Du jamais vu dans l'histoire contemporaine du pays, sauf, bien sûr, lors de la Révolution de Novembre 1954 qui a vu l'ensemble des chapelles politiques se ranger sous la bannière du FLN. Mais à l'inverse de la guerre de Libération nationale qui avait reposé sur la lutte armée, le hirak a misé sur la lutte pacifique, en s'interdisant tout recours à la violence physique. Une caractéristique qui a forcé l'admiration du monde entier et permis aux Algériens de découvrir la force du combat pacifique.
Autre acquis et non des moindres de la révolution du sourire : la présence de la femme, voilée ou non, mariée ou non, au c?ur de la lutte, tordant ainsi le cou à bien des tabous et autres pesanteurs sociologiques. Il reste que le hirak n'a pas réalisé certaines revendications, notamment celle de la disqualification du système en place qui a réussi, avec la dernière présidentielle, à se donner un sursis. Depuis la présidentielle, nombre d'Algériens se posent des questions sur l'avenir du mouvement. Question : que faire maintenant ' D'aucuns ont mis sur la table la question clivante de la structuration du hirak pour lui insuffler une nouvelle dynamique.
Des forces du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) ont proposé, fin janvier dernier, la tenue d'une conférence nationale avec pour finalité l'engagement d'une période de transition démocratique, via un processus constituant souverain. Une chose est sûre, le hirak se doit de prendre des initiatives fortes, afin de démarrer l'an II de la révolution sur de nouvelles bases.
Arab Chih
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Posté Le : 20/02/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arab CHIH
Source : www.liberte-algerie.com