Algérie

L'heure de la mobilisation


L'heure de la mobilisation
Ils sont quelque 1,3 million cette année et seront de l'ordre de 2 millions à l'horizon 2020.Les étudiants algériens sont la force quantitative et qualitative avec laquelle il faudra désormais compter dans la gestion des affaires du pays. Souvent accusée d'immaturité politique par des aînés nostalgiques, la génération 2014 tente de s'organiser en dehors des arcanes douteux des associations estudiantines «clientélisées» par l'administration. Longtemps absente de la scène politique nationale, la population estudiantine essaye par des petits îlots de résistance de s'organiser pour se réapproprier cet espace perdu. Elle qui était jadis leader de l'opinion publique lors des différents printemps algériens, reprend conscience de sa responsabilité morale à la faveur d'une campagne électorale rocambolesque.A quelque chose malheur est bon, dit le proverbe. L'avantage de la présidentielle de 2014 est d'avoir donné l'occasion à des voix estudiantines d'exprimer, souvent courageusement, leurs pensées. Grisés par des espaces de liberté acquis le temps d'une campagne, des étudiants investissent le champ politique via des partis politiques, des associations, des mouvements fraîchement créés ou des comités de soutien aux candidats. Certains ont carrément opté pour la création de nouvelles organisations ou corpus pour s'insérer durablement dans la gestion des affaires du pays. «Ces derniers temps, il y a un éveil de la société qu'on veut accompagner», ambitionne Adel Ourabah, l'un des porte-parole de l'Appel des jeunes de la Nation.Le collectif d'étudiants né en mars dernier veut se positionner en alternative par rapport aux partis politiques et cadres associatifs existants. «On veut faire du mouvement un espace de concertation et de sensibilisation citoyenne autour des notions de la citoyenneté, de la démocratie et des droits de l'homme», explique le doctorant en sciences politiques. Une organisation estudiantine qui porte d'autres revendications que celles liées à des exigences socio-pédagogiques, c'est déjà une preuve de maturité. Car, au-delà des associations satellisées par des partis politiques, des clubs scientifiques ou culturels, ou alors des collectifs d'étudiants créés au gré d'événements conjoncturels, les universités algériennes manquent de tels espaces d'échanges. «Pour le moment, on n'envisage pas de nous constituer en association. On ne veut pas céder à la précipitation. Pour l'instant, on se focalise sur la mobilisation des étudiants. Même si nous avons une bonne présence dans les universités de Constantine, M'sila, Béjaïa, Oran et Mostaganem, on aspire à mettre les pieds dans tous les instituts et universités du pays», affirme Adel.Se positionnement clairement contre la candidature du président reconduit, à la veille des élections, l'Appel des jeunes de la Nation refuse de s'inscrire dans une démarche conjoncturelle. «On n'est aucunement limité par le calendrier du pouvoir. Notre travail consiste à sensibiliser et attirer le maximum d'étudiants, notamment à travers les réseaux sociaux sur le Net. C'est une tâche sans limite. Et le résultat des élections ne nous a pas perturbés, au contraire, mais le plus dur reste à faire», soutient le doctorant. Lors de la publication de la déclaration constitutive du groupe, Mohamed Dakhouche, un autre membre de l'AJN, déclarait à El Watan étudiant : «Notre principal objectif est d'ouvrir les débats. Et on utilisera tous les moyens pacifiques pour faire bouger les consciences. Nous sommes même prêts à participer aux rassemblements publics si les initiateurs présentent des revendications identiques aux nôtres.»L'exemple de militantisme présenté par les membres de l'Appel des jeunes de la Nation mérite d'être encouragé dans la mesure où ces espaces de concertation et de dialogue pourraient être un catalyseur pour les forces vives et parfois fougueuses de la Nation. Les étudiants, par la puissance du nombre et la vigueur de l'espoir (ils sont les futurs élites), ont souvent démontré la virulence et la fermeté de leurs solidarités et convictions. Chose qu'ils ont sans cesse prouvée dans l'histoire récente du pays : avril 1980, octobre 1988, 1992 (la mobilisation importante des étudiants algériens lors de ces événements étant incontestable) ainsi que la grande marche de 2011 dans une capitale sous état d'urgence. L'heure est donc à l'encouragement et à l'accompagnement de toute initiative citoyenne venant de cette frange de la société.


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