Algérie

L'heure de l'apaisement



La ministre de l'Education engage la discussion avec le CnapesteSachant la situation financière du pays critique, les Algériens ne semblent pas agréer le coup de force et plaident pour le dialogue sectoriel.
La ministre de l'Education nationale reçoit aujourd'hui le Cnapeste. Son collègue de la Santé est en passe d'enclencher un nouveau round de discussion avec les médecins résidents, censé déboucher sur une solution idoine sur la gestion du service civil. Ainsi, après une poussée de fièvre, les deux «foyers de tension», allumés par des mouvements de débrayage dans deux secteurs où se connectent des millions de citoyens, reviennent à des proportions «gérables» par le moyen d'un dialogue où les aspects techniques et professionnels constituent les seuls paramètres d'appréciation des syndicats, comme des pouvoirs publics. Exit donc les risques de récupération politicienne et autres défis lancés à l'institution judiciaire. Les uns et les autres acceptent les règles du jeu républicain, qui évacuent toute approche tendancieuse.
On aura compris que les milieux «intéressés» et qui soufflaient sur les braises n'ont pas réussi à faire faire aux médecins résidents et aux enseignants ce qu'ils voulaient. On ne les entendra jamais reconnaître leur défaite, mais il est clair, qu'au vu de l'évolution des deux dossiers, que la surcharge «politicienne» actionnée à l'effet d'atteindre la ministre de l'Education pour le Cnapeste, et la bataille de l'occupation de la rue, malgré l'interdit, pour le Camra, ont surtout desservi les deux syndicats. Les grévistes ont donc fini par admettre que des revendications syndicales n'ont pas pour vocation de prendre le chemin de la politique.
Sur le dossier de la santé, comme sur celui de l'Education nationale, l'heure est visiblement à l'apaisement. Le temps du conflit et de la surenchère verbale semble dépassé et la scène sociale a retrouvé la sérénité qui la caractérisait avant l'éclatement de ces deux mouvements sociaux. Il faut dire que cet épisode a bien renseigné les Algériens sur les enjeux de l'heure et surtout sur
l'inutilité de «batailles rangées» entre les représentants des travailleurs et leur tutelle administrative. Autant la grève des enseignants du Cnapeste n'a pas bénéficié du soutien de l'opinion nationale, autant celle des résidents ne parvient pas à convaincre cette même opinion de la recevabilité des revendications telles que formulées par les médecins résidents. De plus, les fonctionnaires algériens n'ont pas adhéré à la grève générale initiée par cinq syndicats et donnent la nette impression de tourner le dos au débrayage annoncé pour le 4 avril prochain.
Le message de la société est on ne peut plus clair: les méthodes de luttes préconisées par les syndicats autonomes ne constituent pas le meilleur moyen de faire évoluer le pouvoir d'achat des citoyens.
Ces derniers, sachant la situation financière du pays critique, ne semblent pas agréer le coup de force et plaident pour le dialogue sectoriel, même si les résultats peuvent mettre du temps avant de voir le jour. En fait, les enseignements à tirer des deux derniers mois de «tension», font ressortir que des milieux intéressés sont à l'affût pour tirer profit du moindre «bruissement» de la société. Mais celle-ci demeure tout de même vigilante et montre clairement son attachement au dialogue, comme seul outil de traitement de toutes les crises. Il est entendu que l'attitude de la société tient de la douloureuse expérience de la décennie noire où la tentation hégémonique a conduit au drame. Aujourd'hui, les Algériens peuvent prétendre disposer d'une véritable vision civilisationnelle de gestion de conflit. La Réconciliation nationale, qui a permis à l'Algérie de sortir d'une crise très profonde en quelques années, est un modèle parfait qui peut s'appliquer à tous les conflits. Le président de la République, qui en fait son principal atout dans la conduite des affaires de la nation, l'a récemment démontré en évitant une fracture entre le ministère de l'Education nationale et une partie des enseignants. Cela a débouché sur un dialogue sérieux, sans surenchère ni chantage. L'Etat algérien qui adopte cette approche peut donner l'impression de faire un pas en avant et un autre vers l'arrière. En réalité, l'Algérie veut avancer sans laisser personne sur la route. La main tendue du Président aux grévistes participe de cette logique qui s'inspire directement de la Réconciliation nationale.
Sortie de cette énième épreuve, la société montre une grande foi dans les vertus du dialogue.
Les deux ministres concernés par les débrayages, au même titre que tout le gouvernement, doivent profiter du retour de la sérénité pour approfondir le dialogue social. Un grand sujet attend tout le monde: la gestion des subventions sociales. Le ministre des Finances appelle à un consensus national. Les Algériens sauront trouver la solution dans le dialogue.


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