L'héritage de Hô Chin Minh

L'inventeur lointain du savoir-faire algérien en matière de contre-insurrection algérienne s'appelle? Hô Chi Minh. Ce n'est pas une boutade, rappelons-nous comment le corps des paras français s'est débattu en vain face à la guérilla au Vietnam avec, pour ultime débâcle, Dien Bien Phu. Les tactiques et stratégies françaises de l'époque ne pouvaient appréhender et comprendre les mécanismes de lutte type guérilla inventés par Giap et Hô Chi Minh. «L'esprit de l'homme est plus fort que ses propres machines...Ce sera une guerre entre un tigre et un éléphant. Si jamais le tigre s'arrête, l'éléphant le transpercera de ses puissantes défenses. Seulement, le tigre ne s'arrêtera pas. Il se tapit dans la jungle pendant le jour pour ne sortir que la nuit. Il s'élancera sur l'éléphant et lui arrachera le dos par grands lambeaux, puis il disparaîtra à nouveau dans la jungle obscure». C'est ainsi que Hô Chi Minh décrivait sa stratégie en 1946.AsymétriqueDix ans après après avoir reçu une leçon de l'art de la guérilla, et après avoir digiré ses méthodes et en les théorisant (comme le colonel Trinquier, auteur de La guerre moderne, qui inspira les dictateurs d'Amérique latine dans leurs sales guerres des années 70'), les paras débarquent en Algérie pour prêter main-forte à l'armée coloniale classique. De ce face-à-face entre les méthodes anti-insurrection des hommes de Massu et du Deuxième bureau et la complexe et innovante guérilla FLN-ALN naquit l'expertise des officiers algériens en matière de guerre asymétrique.Le renseignement comme arme déterminante, l'enjeu de «gagner le coeur des populations», la mobilisation de tous les moyens, y compris la guerre psychologique ou les services sociaux, l'attention aux «symboliques» d'une polulation (religion, croyances, langues?), la non-délimitation dans le temps rationnel d'une guerre (comme l'a repris le Hezbollah qui inscrit sa guerre contre Israël dans «l'éternité» face aux conjonctures électorales israéliennes), etc. Une guerre où il n'y a pas vraiment de vainqueur militaire, mais, in fine, une victoire politique.