L'héritage

Résumé : Ma grand-mère Zahra se faisait vieille et ne quittait plus son lit. Nous décidâmes Hacène et moi d'aller lui rendre visite. Elle était heureuse de nous revoir et n'a cessé de me parler des temps anciens, avant de me demander des nouvelles de mon fils Ratibe.Elle sourit :
- Je vais te confier quelque chose pour lui. Mais je préfère que tu gardes le secret jusqu'à ce qu'il soit en âge de comprendre les choses de la vie.
Je regardai ce visage ridé sur lequel seuls les yeux persistaient à garder une lueur de vie.
- Y a-t-il quelque chose que tu voudrais lui remettre, grand-mère '
- Oui.
Elle tendit sa main vers l'armoire en chêne qui faisait partie du décor de sa chambre depuis toujours :
- Ouvre cette armoire et tire sur le tiroir du bas.
Je me levai pour exécuter ses volontés.
- Maintenant, retire la boîte métallique qui s'y trouve et ramène-la-moi.
Je lui remis la boîte métallique dans laquelle mon grand-père cachait dans le temps son argent et ses papiers les plus précieux.
Elle farfouilla un moment dans les liasses de papiers qui s'y trouvaient et que temps avait jaunis et retira une enveloppe épaisse.
- Ton grand-père n'a pas eu la chance de connaître tes enfants, Mina. Mais avant de mourir, il m'avait laissé cette enveloppe. Je ne sais absolument pas ce qu'il y a à l'intérieur, mais il m'a fait promettre de te la remettre avant ma mort.
Elle me tendit l'enveloppe écorchée aux encoignures et me recommanda de garder le secret jusqu'à ce que mon fils soit en âge de comprendre.
- Comme je t'ai déjà prévenue, il ne faut pas que Ratibe sache ce qui est inscrit avant ses 18 ans.
- C'est dans trois ans, grand-mère.
- Eh bien, il patientera jusque-là.
Je glissai le document dans mon sac à ma main et retournai m'asseoir auprès de mon aïeule.
- Quand je ne serai plus là, Mina, tout ce qui m'appartient reviendra à toi et à tes enfants.
Emue, je la serrai dans mes bras :
- Que Dieu t'accorde une longue vie, grand-mère Zahra.
- Il me l'a déjà accordée puisque j'ai eu le privilège de connaître mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants. Je ne peux rien demander de plus à Dieu.
Nous gardâmes le silence un moment, puis ma mère vint nous rejoindre :
- Alors, que faites-vous toutes les deux ' Vous êtes comme deux écolières prises en flagrant délit de copiage.
- Sauf que nous n'avons rien à copier, complétai-je.
- Quand dois-tu repartir Mina '
- Avant la fin de la journée.
- Déjà' lance ma grand-mère.
- Hélas ! Oui. Hacène est toujours en convalescence et il tenu quand même à m'accompagner. Je ne veux pas le fatiguer davantage.
- Naturellement.
- Mais ce ne sera que partie remise, grand-mère, je reviendrai aux prochaines vacances scolaires avec toute la smala. Et je te promets de rester autant de jours que tu le souhaiteras.
Elle pousse un long soupir :
- Je ne sais pas si je serai encore de ce monde.
- Inchallah tu le seras encore pour longtemps.
Mais le destin en décidera autrement. Ma grand-mère Zahra rendra l'âme quelques mois plus tard. Elle s'était éteinte telle une bougie consumée, en plein milieu de la nuit. Comme à ses habitudes, elle ne voulait pas trop déranger. Elle eut droit à une mort paisible dans son sommeil.

(À SUIVRE)
Y. H.
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