Algérie

L'héritage



Résumé : Hacène est enfin hors de danger ! Un vrai miracle, si j'en juge par l'accident qu'il venait d'avoir. Les médecins sont optimistes quant à son état général. C'était un soulagement pour nous tous.Quelques jours passèrent. Hacène reprenait des forces et pouvait maintenant se lever de son lit et marcher avec des béquilles.
Après une première intervention réussie, j'ai pu le faire sortir de l'hôpital et par la suite le reconduire pour ses contrôles. Il était plus serein et plus calme, et son accident n'était plus qu'un mauvais souvenir.
Je repris mon train-train quotidien. Entre mes malades, mes enfants et mon foyer, j'arrivais à peine à trouver le temps de souffler. Je menais une vie assez mouvementée, mais paisible.
Hacène me taquinait sur mes longues absences de la maison. J'étais souvent retenue ces derniers temps par mes multiples déplacements et mes séminaires. Je lui laissais d'ailleurs le soin de s'occuper des enfants et de gérer quelques affaires familiales sans grande importance. Aussi paresseux qu'il était devenu depuis son accident, je ne pouvais lui demander davantage.
Mes parents, de leur côté, affichaient le grand calme. Ma mère se rendait souvent à la ferme pour s'occuper de ma grand-mère Zahra, qui allait sur ses 90 ans et qui était malade. J'appréhendais déjà le jour de son départ. Ma grand-mère Zahra, à l'instar de mon grand-père, était l'une des figures principales de mon enfance et de mon existence. Je l'aimais beaucoup et n'imaginais pas la ferme sans elle. Cela devenait intolérable.
Hacène, qui s'inquiétait autant que moi, m'a proposé d'aller la voir.
- Mais tu n'es pas encore complètement rétabli, protestai-je.
- Bof. Mes côtes ne me font plus autant mal qu'au début, et je pense qu'à l'aide d'une béquille je peux traîner mes pieds.
- Tu vas pouvoir supporter le voyage '
- Je pense que oui. Mais je préfère faire appel à mon chauffeur pour nous accompagner. Tu n'as pas le moral pour conduire sur une aussi longue distance, Mina.
C'était vrai. J'étais perturbée. Si ma grand-mère venait à disparaître, la ferme me paraîtra bien triste. Et malgré tout le grand monde qui y vivait, je ne vais plus retrouver la chaleur de ces lieux qui m'ont vu naître.
Nous nous rendons donc à la ferme en fin de semaine. Je retrouvais ma mère au chevet de ma grand-mère Zahra, qui ne se levait plus de son lit depuis quelque temps déjà.
Elle était heureuse de nous voir moi et mon mari, et cela lui fit le plus grand bien. Je l'examinais avec soin, essayant de détecter une quelconque anomalie physique dans son organisme. Hélas ! Il n' y avait plus rien à faire pour elle. Le temps avait fait son ?uvre. Malgré sa robustesse, ma grand-mère allait s'éteindre comme une chandelle. Toutefois, elle avait gardé toute sa raison et une bonne mémoire.
Elle me parla donc des beaux jours de la ferme, des fêtes d'autrefois dans la grande maison, de sa vie auprès de mon grand-père qui l'aimait beaucoup et qu'elle avait toujours craint et respecté.
- De nos jours, ce n'est plus la même mentalité. Nous les femmes d'autrefois étions plus soumises et plus craintives. Et ton grand-père avait un caractère exceptionnel. Il était à la fois sévère et généreux, bon et coléreux. Tu ne peux pas savoir à quel point il pouvait passer d'un état d'âme à un autre avec une rapidité déconcertante.
Je la laissai parler autant qu'elle le voulait et le pouvait. Cela se voyait, elle voulait revivre des moments de sa vie, profondément enfouis dans sa mémoire.
Elle prit ma main qu'elle serra très fort :
- Tu as bien fait de venir, Mina.
Je l'embrassai sur le front :
- Je viendrai autant de fois que tu en auras envie. Et puis, tout ira bien maintenant pour toi, tu vas reprendre des forces et je pourrai t'emmener chez moi en ville.
Elle sourit d'un air triste, avant de lâcher :
- Je ne pourrai plus jamais dépasser le seuil de cette maison, Mina, sauf pour mon dernier voyage. Tu dois le savoir, toi qui es médecin.
Je tente de refouler mes larmes pour répondre :
- Ne dis pas cela, grand-mère. Seul Dieu décide de la durée de vie d'une personne.
- Je sais, ma fille. Mais, à mon âge, il ne faut pas se leurrer. Comment vont tes enfants '
- Bien. Ils grandissent.
- Ratibe travaille toujours bien à l'école '
- Oui, il est même excellent.

(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)