Algérie

L'héritage


Résumé : Mon mari était parti en mission. Pour la première fois de ma vie, l'angoisse ne voulait pas me quitter. Il devait rentrer en fin de semaine. Mais, le jour prévu, je reçus la visite de deux policiers.J'entendais les battements
de mon c?ur doubler de
rythme.
- Que se passe-t-il ' arrivais-je à articuler.
Ma mère, qui se tenait derrière moi, me prit par les épaules.
Le policier passe une main dans ses cheveux avant de lancer :
- Votre mari a eu un accident de circulation cet après-midi et nous l'avons évacué à l'hôpital.
Je n'entendais plus rien. Mes oreilles bourdonnaient et ma langue est devenue desséchée et pâteuse. Mon Dieu !
- Il est mort ' entendais-je ma mère prononcer dans un souffle.
- Non. Non, fort heureusement, mais son état est assez critique.
Je m'affalais sur le sol.
Quand je revins à moi quelques minutes plus tard, ce fut pour courir mettre mon manteau. J'entendais quelqu'un sangloter.
C'était ma belle-mère.
Laissant les enfants avec la femme de ménage, je descendis quatre à quatre les escaliers de l'immeuble pour me retrouver dans la rue. Je me rendis compte alors que j'avais oublié les clés de ma voiture.
Mais mon père était déjà au volant de la sienne, et nous nous engouffrâmes ma belle-mère, ma mère et moi sur la banquette arrière, tandis que mon beau-père, aussi pâle et silencieux qu'une carpe, s'installait sur le siège du passager.
Ma tête tournait. J'avais la gorge sèche, et mon estomac était noué par l'inquiétude. Hacène était un bon conducteur. Que s'est-il passé exactement ' Je n'avais même pas pu questionner les policiers.
Mon père conduisait vite. Fort heureusement à cette heure tardive, la circulation était fluide et nous sommes arrivés rapidement à l'hôpital.
À peine le véhicule mobilisé que je me précipitais vers le portail. Ignorant les cris du réceptionniste, je fonçais tout droit devant moi dans une course folle à travers les larges corridors du 1er étage, vers la salle des soins intensifs où j'étais certaine de retrouver mon mari.
Ce fut le cas. Je m'arrêtai devant la vitre et jetai un coup d'?il au long corps allongé sur le lit et relié à un tas de tuyaux. Perfuseur, transfuseur, masque à oxygène, sondes, etc. Mes yeux s'embuèrent. Ce n'est pas possible, mon mari ne pouvait pas être en aussi mauvais état.
J'étais secouée de sanglots. Mes parents et mes beaux-parents, qui se trouvaient juste derrière moi, tentèrent de me calmer.
J'arrachais mon manteau pour entrer dans le service des soins intensifs qui, pour la première fois de ma carrière, me parut sinistre et sombre. Une main de fer me prit par l'épaule.
- Calmez-vous donc Dr Mina !
Je me retournai et me retrouvai nez à nez avec un jeune médecin en blouse blanche.
- Vous me connaissez '
- Et comment ! Nous avons même fait des études ensemble.
Je scrutais ce visage que, dans mon désarroi, je n'arrivais pas à reconnaître. Puis, me rappelant tout d'un coup mon mari, je me mis à parler d'une manière rapide et inaudible.
- Calmez-vous donc, reprend le médecin. Il est vrai que son cas est assez critique, mais rien n'est encore joué. Il va sûrement reprendre conscience d'un moment à l'autre.
- Comme il peut sombrer d'un moment à l'autre.
- Ne soyez pas aussi pessimiste, Dr Mina. Vous voulez le voir de plus près, pour vous rassurer '
J'opinai du chef. Il demanda alors à une infirmière de passage d'apporter une blouse et me demanda de l'enfiler.
- Vous connaissez les consignes, me dit-il en m'aidant à mettre la blouse.
Je me retournai vers mes parents et mes beaux-parents, qui m'interrogeaient des yeux. Je leur fis signe de se calmer et de m'attendre un moment puis, suivant le médecin, je pénétrai dans la salle où mon mari luttait contre la mort.

(À SUIVRE)
Y. H.
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