Algérie

L'héritage



Résumé : Sur insistance de ma mère, mon grand-père a fini par épouser Saléha. Cela avait mis fin à ses remords, mais les trois femmes avaient décidé de garder ce mariage secret.Elle me tendit le tapis en laine, soigneusement tissé à la main et magnifiquement fini. La laine était de la plus pure qualité, et les couleurs, magnifiquement élaborées, donnaient à cette ?uvre ce plus si recherché par les artistes.
- Oh, il est magnifique !
- C'est pour toi que je l'ai gardé, Mina.
- Pour moi '
- Oui. À vrai dire, je l'avais tissé pour ton grand-père, mais le pauvre est mort au moment où je venais de le terminer. Comme je sais qu'il t'aimait bien, j'ai décidé de le garder pour te le remettre au moment opportun.
- Je ne peux pas accepter. C'est vraiment trop pour moi. Ce tapis a dû te coûter tant de soirées de travail et tant de sueur.
- Cela ne fait rien. C'est un tapis que j'aimerais que tu gardes chez toi parce que je sais que tu sauras en prendre soin. C'est mon cadeau aussi pour le bébé.
- Le bébé '
- Oui. Tu es enceinte, non '
Je restai bouche bée un moment avant de demander :
- Comment le sais-tu '
Saléha se mit à rire.
- Je te prends au dépourvu, hein ' Très bien, je vais te dire comment je le sais. Je t'ai bien regardée hier au cimetière, et je me trompe rarement quand il s'agit de déceler une grossesse. Ton teint légèrement pâle, ton nez et tes lèvres un peu enflés, ces cernes sous les yeux et surtout ce regard enfiévré m'ont largement renseignée sur ton état.
Je poussai un soupir :
- Alors là, je n'en reviens pas. Moi-même en tant que femme et médecin je n'étais pas encore sûre de mon état.
- Eh bien, sois-le. Et je vais te
rajouter encore une chose : tu
auras une fille.
Je n'en revenais pas.
- Une fille '
- Oui, une jolie fille comme sa maman.
- Comment '
- Comment je le sais encore ' Voilà : on dit que les femmes enceintes qui attendent des filles, embellissent, et tu es épanouie. Tu as pris un peu de poids, et ton sourire est radieux. Tu as une mine qui ne trompe pas.
Je regardai un moment cette femme fidèle à mon grand-père, et un élan de tendresse me jeta dans ses bras :
- Saléha, je comprends bien pourquoi mon grand-père t'a aimée. Il a admiré en toi ta bravoure, ton courage et ta gentillesse à toute épreuve. Tu es la générosité incarnée.
Saléha me serra dans ses bras et me caressa le dos :
- Et toi, tu es une femme comme on n'en voit pas souvent de nos jours. À l'instar de ton grand-père, tu adores venir en aide aux gens dans le besoin et tu sèmes le bien autour de toi. Dieu aime la
beauté dans toute son ampleur. C'est pour cela qu'Il t'a accordé le bonheur.
Elle essuya une larme au coin de ses yeux et me tendit le tapis que je pris cette fois-ci sans aucune hésitation.
- Je vais le garder en souvenir de notre amitié, Saléha.
Elle sourit :
- J'en serais ravie. Fais un bon voyage et reviens nous voir aussi souvent que tu le peux. Tiens, viens me rendre visite dans ma chaumière là-haut, je serais heureuse de te recevoir.
- C'est promis, à la prochaine occasion.
Elle m'embrassa chaleureusement sur les deux joues et s'éloigna en se retournant encore une fois pour me faire un geste amical.
Je m'empressai de rejoindre mon mari qui m'attendait à côté de son véhicule, juste devant le garage derrière la maison.

(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
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