Algérie

L'héritage


Résumé : La femme entame un récit invraisemblable. Elle était la fille unique d'une famille connue qui avait perdu tous ses biens. Une fois ses parents morts, ses frères la marièrent de force.Je fus donc mariée sans tambour ni fanfare à cet homme qui pouvait être mon grand-père. Je quittais la ferme et notre maison, pour me retrouver dans un village non loin d'ici, que la misère avait isolé à souhait.
J'étais trop jeune et naïve pour faire face à ce qui m'attendait auprès d'un mari que je n'avais ni choisi ni aimé et qui était déjà marié et avait même des brus.
Nous vivions sous le même toit, ses deux premières femmes, moi ainsi que ses six fils, tous mariés avec leurs femmes et une douzaine de petits enfants.
Bien sûr, je devenais à titre officiel la rivale et le souffre-douleur des femmes de la maison.
Je trimais du matin au soir sans répit. J'étais chargée des grosses et des sales besognes. Les deux coépouses de mon mari me battaient et m'ordonnaient de me taire et de faire ce qu'elles demandaient. J'étais l'intruse, l'indésirable et je devais le payer.
Gare à moi si je me plaignais à mon mari. Ce dernier m'a fait savoir dès le premier soir que je n'avais qu'à suivre les directives de ses épouses. Lui-même ne ratait aucune occasion pour m'humilier et me battre afin de me prouver qu'il était le premier homme de la maison, celui à qui on devait obéir au geste et à l'?il.
Je ne pouvais prétendre au repos que quand la nuit était bien avancée. Mais à peine parvenais-je à fermer mes yeux, que l'aube commençait à poindre et la maison se réveille. Je me levais alors pour allumer le feu et préparer la galette et le petit-déjeuner.
La famille au grand complet vient me rejoindre et je me dois d'être à l'écoute de tous, sans rechigner. Les uns aimaient le couscous avec leur lait, les autres un morceau de galette chaude, et les hommes, des figues, de l'huile d'olive et du café noir.
Quand tout ce monde se lève pour partir au champ, je demeurais avec les femmes.
Ces dernières accaparent les restes, puis s'en vont vaquer à leurs occupations. À moi de faire la vaisselle et de remettre de l'ordre avant d'aller nettoyer les écuries, balayer la grande cour, laver les ballots de linge sale et de revenir pour nettoyer la grande salle et préparer le déjeuner.
Ouardia, la première femme de mon mari, était obèse et mangeait comme quatre. Elle avait faim à longueur de journée et je devais tout le temps avoir quelque chose à portée de main pour elle. Sinon je recevais la raclée et j'étais punie pour le reste de la journée.
Ce qui voulait dire un surplus de travail et rien à me mettre sous la dent. J'espérais tant la venue de mes frères pour leur raconter mes malheurs et les supplier de rentrer avec eux chez nous. Hélas ! Ces derniers s'étaient bel et bien débarrassés de moi.
Aucune nouvelle ne me parvenait d'eux. J'allais jusqu'à demander à quelques femmes errantes, moyennant un morceau de galette, des nouvelles de Kamel et de Ali. Un jour l'une d'elles confirma mes soupçons : mes frères avaient vendu nos biens et étaient partis ailleurs. On n'avait plus aucune nouvelle d'eux depuis des mois.

(À SUIVRE)
Y. H.
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