L?héritage

Nos grands-parents ont appris à monter sur l?arbre, à se rouler dans la neige et bataillaient à coups de bâton. Nos parents piquaient les oranges de l?oranger du voisin, passaient la barrière pour courir les champs et plongeaient du rocher pour jouer à l?homme poisson. Il fallait éviter de se faire prendre à piquer la caisse du commerçant du coin ou de trouer ses vêtements. Sinon, c?était la fessée. Chat perché, la marelle, jouer à la poupée ou au ballon vont bientôt constituer d?antiques divertissements comme la flèche ou le javelot. Les générations passent et les enfants gagnent très tôt en sagesse et en maturité. Les jeux se sont transformés et les interdits plus absolus. Les scènes de théâtre improvisées du Corbeau et le renard ont été battues en brèche pour laisser place à Dame nature et Monsieur pollution. La violence fait légion et dès quatre ans, on prévient de la pédophilie, du kidnapping. Le retour de l?école est chronométré et leurs relations passées à la loupe. Proliférations de maux auxquels les adultes tentent de pallier par une surveillance accrue et des divertissements mesurés. A cinq ans, ils savent que la pollution menace la Terre et les espèces. Quel éveil ! Quelle tristesse. Les enfants ne s?écorchent plus le genou en montant sur un arbre. Il n?y en a plus. Et la barrière menant au pré est trop haute, le pré étant remplacé par le bitume. Ils jouent à mimer l?ours polaire sur sa pauvre calotte glacière et le serpent qui a peur pour sa peau.