L'habitat et sa finalité

La construction de 460.000 logements nouveaux est inscrite dans le projet de loi de finances 2024. Le chiffre colossal annoncé est à la mesure de l'énorme pression que subit continuellement le secteur de l'habitat. Aucun, sinon rares sont les pays qui peuvent s'enorgueillir d'un tel effort. Démographie et forte demande aidant, l'Etat ne fait pas dans la demi-mesure.La multiplication effrénée des constructions n'est cependant pas une fin en soi malgré la satisfaction relative de la population bénéficiaire. La finalité d'un toit n'a de valeur objective et positive que si elle ne se limite pas à l'attribution d'un abri pour la famille. Pour qu'elle soit conséquente, elle doit parfaire une vie familiale harmonieuse en s'intégrant dans une large stratégie urbanistique. Le devenir d'une population dépend d'une large vision sur son futur.
L'ampleur de la pression a contraint l'Etat à parer au plus urgent. Il a été souvent constaté que des cités sont érigées pour que l'on se rende compte que les infrastructures essentielles d'accompagnement ont été négligées. De fait, on avait estimé que par la force de l'urgence et parfois par manque de culture et par incompétence, l'habitat répondait à une nécessité restreinte sans se soucier de ses importantes implications sur la vie quotidienne de l'habitant.
Résider et habiter n'ont pas le même sens. Habiter peut se confondre avec un enfournement pour un citoyen quand les utilités sont absentes. Résider est faussement teint d'une consonance donnée aux nantis alors que le terme renvoie seulement à une adéquate et intelligente planification urbanistique. Des écoles anticipées, des centres de soins à portée, des routes et des transports non pas imposés par la charge du présent mais par une vision sur les horizons.
Toutes ces anticipations sont les meilleurs gages contre les maladies sociales sans lesquelles un habitat non réfléchi ne produira que de lourdes tares contre lesquelles la société devra lutter. Dans ce cas on aura créé un mal par un autre mal.