Algérie

"L'exportation est un état d'esprit"


Liberté : M. Yalaoui, les entreprises algériennes trouvent, très souvent, des difficultés à exporter leurs produits. Quel est le problème 'Idriss Yalaoui : L'exportation est un état d'esprit. Ça ne vient pas comme ça. On ne peut pas se lever le matin et dire : "allez ! On va exporter". Il y a tout un processus, une préparation psychologique, une formation et un savoir-faire. Et puis, il y a l'environnement. En Algérie, le fret aérien est presque absent. Je crois que nous avons deux ou trois avions et quelques bateaux. Il est impossible de répondre aux besoins des acteurs activant dans le domaine et ce n'est que maintenant que nous parlons du renouvellement de la flotte. Pour la route, à part la destination vers le Mali qui est sécurisée, les autres destinations sont confrontées au même problème. L'Algérie a tenté plusieurs actions pour essayer de promouvoir les exportations mais ce n'était pas régulier et ce sont de petites quantités. D'ailleurs, nous avons toujours tourné autour de 1 et 1,2 milliard de dollars, tous produits confondus. Pour un pays aussi important que l'Algérie, c'est epsilon.
Y a-t-il une stratégie pour promouvoir les exportations '
Je crois que oui. Maintenant, la nouvelle équipe gouvernementale a affiché une volonté d'asseoir une véritable stratégie nationale d'exportation hors hydrocarbures (SNE). Le Premier ministre a fixé comme objectif de rendre les conclusions en juin 2018 de manière à ce que celles-ci puissent donner lieu à une loi et même à un dispositif concernant les exportations. L'initiative est pilotée par le ministère du Commerce. C'est un directeur du même ministère qui est en train de coordonner entre les différents départements ministériels, à savoir le Commerce, l'Industrie, l'Agriculture, le Tourisme et la Culture. Il a réuni tout cet ensemble pour s'entendre sur une stratégie commune.
Où en est-on dans la mise en place de la stratégie en question '
La stratégie a commencé par créer des filières prioritaires qu'on doit promouvoir, telles que les produits pharmaceutiques, manufacturés (le cuir et le textile) et agroalimentaires. De même, essayer d'alléger les procédures et de limiter, sinon d'éliminer tous les obstacles qui empêchent d'évoluer les acteurs intervenant dans le domaine. Pour l'instant, il y a des ateliers qui s'organisent avec un grand espoir de sortir avec quelque chose.
Avez-vous ciblé des marchés '
Pour l'instant, nous avons commencé par cibler les filières d'échantillonnage qui pourraient avoir leur place à l'exportation. Je pense qu'au lieu de parler des procédures d'exportation, il faut parler du produit et s'assurer qu'il est vraiment exportable. Les marchés, c'est un autre aspect. Pour cela, nous avons fait appel aux experts de la CCI de Genève parce que celle-ci maîtrise parfaitement la statistique internationale. Maintenant, nous savons ce qu'il faut pour tel ou tel autre pays. C'est connu.
Quelle est la prochaine étape '
L'impératif, d'abord, est de valider les premières conclusions et ensuite passer aux filières suivantes parce qu'entre temps, il y a des filières qui ont été oubliées, telles que l'acier et le fer. Il y a aussi l'aspect formation. Il faudrait former nos exportateurs qui le veulent bien. Ces sessions de formation se feront à travers des ateliers qu'organisera le ministère du Commerce en coordination avec les autres départements. Nous avons déjà commencé avec les premiers ateliers.
Souhaitons qu'à l'avenir, cela touche un grand nombre d'exportateurs.
Donc, c'est un travail qui se fait en synergie '
Oui, c'est un travail commun avec une grande coordination et je crois c'est la seule solution si nous voulons vraiment avancer. Le problème de l'Algérie, c'est qu'à chaque fois que le prix du pétrole baisse, on se rappelle qu'on a notre potentiel. Cette fois-ci, on a dit basta. Ça fait la troisième crise qu'on subit. Maintenant, oublions le pétrole et avançons pour obliger les gens à produire mieux et à exporter plus.
Entretien réalisé par : Ammar DAFEUR
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