L'exploit de la Chine Edito : les autres articles

On disait la même chose de l'énergie nucléaire et de l'arme du même type il n'y a pas si longtemps. Les frontières, longtemps hermétiquement closes de différentes manières, sont devenues poreuses. Le monde en est alors à établir la distinction entre puissances nucléaires possédant effectivement l'arme et ceux qui maîtrisent l'ensemble du processus, tout en choisissant de ne pas fabriquer l'arme en question. C'est désormais la même chose avec la conquête de l'espace, conférant à ceux des pays qui veulent s'y engager le choix entre plusieurs lanceurs de fusées. Des prestataires de services, devrions-nous dire, et conséquemment cela a entraîné une baisse des prix, et même l'accès aux satellites.
Longtemps restée à l'écart de cette course, la Chine vient de réaliser un véritable exploit en forçant les portes de ce cercle très fermé, par ses propres moyens technologiques, jouant jeu égal avec les plus grands, leur nombre le permettant, autant alors les citer, s'agissant de la Russie et des Etats-Unis. Après Soyouz et Appolo, voilà donc Shenzhou. On en entendra encore parler puisque le programme de vols habités vers l'espace s'étalera jusqu'en 2020 avec, en perspective, une station orbitale habitée. Son prochain objectif sera d'envoyer un homme sur la Lune. L'Amérique l'a fait il y a plus de quarante ans, mais il n'en demeure pas moins que ce vol habité de treize jours fait parler de lui par les prouesses technologiques qui ont été accomplies, comme un premier amarrage en mode manuel entre Shenzhou IX et le module Tiangong-1 en orbite autour de la Terre. C'est la fin de tous les préjugés, à supposer bien entendu qu'il en restât encore, mais le fait est qu'ils ont la peau dure. Il reste que la Chine pour la conquête de l'espace a choisi la voie la plus difficile, avec «sa mission spatiale la plus longue et la plus complexe», ont fini par reconnaître les spécialistes. Ou encore, la maîtrise des rendez-vous spatiaux en orbite autour de la Terre, considérée comme une étape cruciale pour la conquête de l'espace.
Autant dire que tout y est pour que la Chine mérite son titre, et encore relèvent ces mêmes spécialistes, avec si peu de moyens. Les spécialistes en sont alors à conclure que «les Chinois entrent de plain-pied dans la cour des grands», et que «l'objectif affiché au niveau politique, à savoir démontrer une compétence technologique et scientifique incontestable est atteint». Un constat lucide et complet. Il ne laisse aucune place au doute, et surtout par sa précision, il balaie tous les sarcasmes au sujet de la Chine que l'on dit tout juste capable de se lancer dans des reproductions, ou le bas de gamme. L'espace ne tolère pas ce genre d'aventure. C'est tout ou rien. Quelle belle revanche sur tous ceux qui ne voulaient en aucun cas de cette intrusion, et quelle belle leçon pour tous ceux qui refusent de douter de leurs capacités.