La diversification de l'économie algérienne ne se fera pas en dehors d'une «révision profonde» de son mode d'insertion à l'économie mondiale, a estimé l'expert Mouloud Hedir, invité hier des Matinales du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), organisées en collaboration avec l'Union européenne.Younes Djama - Alger (Le Soir) - «Les problèmes d'organisation de l'économie algérienne sont une part de la relation au monde. La politique économique extérieure a besoin de stabilité et de cohérence. Surtout, nous avons besoin d'un changement de paradigme dans notre approche des relations avec l'économie mondiale», a expliqué l'invité du Care qui appelle à en finir avec le concept infantile du «prix du baril qui équilibre notre budget et nos comptes extérieurs». Selon lui, ce ne sont pas les performances à l'exportation du secteur pétrolier et gazier qui doivent inquiéter, mais celles de tous les autres secteurs de l'économie.«Les insuffisances de notre commerce extérieur sont d'abord des insuffisances de l'organisation interne de notre économie», relève-t-il à juste titre, tout en soulignant que dans une économie ouverte, ce ne sont pas seulement les entreprises qui doivent être performantes et soutenir la concurrence face à l'extérieur, mais également le système de régulation dans son ensemble. Quatre exemples illustrent bien ce constat. En premier lieu, la performance des secteurs de services (banques, transports, communication, etc.). Les surcoûts de la chaîne des transports (maritime et logistique portuaire) impactent directement la performance des entreprises face à leurs concurrents étrangers. En second lieu, Mouloud Hedir cite le régime actuel des prix, qui privilégie les subventions au consommateur sur les subventions au producteur et s'apparente à tout point de vue à une prime à l'importation «qui annihile tous les efforts de développement de la production agricole nationale».En outre, il y a également le régime des IDE qui, selon Hedir, est un élément essentiel de concurrence face aux marchés mondiaux : pour tous les biens dont le commerce est libre, les restrictions aux IDE s'analysent comme des primes à l'importation. Aussi, la régulation des échanges extérieurs pose la question de savoir pourquoi le système de défense commerciale n'est pas déployé sur le terrain et les réglementations pertinentes non appliquées. Comme la réglementation antidumping (cas des importations de Chine), réglementation anti-subventionnement (importations de l'UE), réglementation sur les sauvegardes, protection de la balance des paiements, etc.«Pour être stabilisé et performant, le régime des échanges extérieurs et de l'investissement doit être négocié avec l'ensemble des partenaires. La diversification économique est inséparable d'une conduite à bonne fin des négociations d'accession de l'Algérie à l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Les accords de l'OMC sont le langage négocié et consensuel du commerce mondial», observe Mouloud Hedir qui relève que le statut de non-membre de l'OMC de l'Algérie «est un obstacle sérieux à toute politique d'intégration économique au Maghreb et en Afrique».
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Posté Le : 30/05/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Y D
Source : www.lesoirdalgerie.com