Qu'est-ce qui va
changer dans le paysage économique et dans l'accès à Internet en Algérie après
l'introduction de la troisième génération
de la téléphonie
mobile (3G) ? Dans cet entretien, l'expert Farid Bourennani
explore les évolutions possibles. Il analyse les capacités de chacun des trois
opérateurs pour le déploiement de la 3G.
Quel changement
peut introduire la 3G dans le paysage de la téléphonie mobile ?
Je rappelle
d'emblée que le GSM 3G date déjà de 2003 et que les pays développés en sont à
la 4G. L'absence délibérée de concurrence pour le fixe et l'Adsl
et les piètres offres d'Algérie Telecom ont maintenu l'Algérie en état de sous-développement. Il est
à espérer que nous nous orientons vers la 3G+ (HSDPA/HSUPA) et que l'Etat sera
exigeant en terme de couverture et de débit minimum. Autrement, cela ne sera
que de la poudre aux yeux. L'Internet mobile devrait pallier l'insuffisance des
offres Adsl. Nous devrions entrer dans une ère de
démocratisation réelle de l'accès à l'internet, sous
réserve que les prix soient accessibles au plus grand nombre.
Qui vous paraît le
mieux placé parmi les opérateurs pour décrocher la licence 3G ?
Pour l'intérêt de notre pays, les 3 opérateurs
doivent avoir droit à une licence. Sinon l'Etat va créer des entraves de nature
compétitives entre les 3 acteurs, qui pourraient conduire à des situations
d'opérateurs dominants comme ce fut le cas au démarrage du mobile et qui se
sont faites au détriment des consommateurs (faible disponibilité, piètre
qualité et prix élevés). Qu'un opérateur n'ait pas de licence 3G reviendrait à
maintenir des millions d'Algériens en marge de l'apport des services et
connaissances véhiculés via Internet. Il est évident que les opérateurs
affiliés à des groupes internationaux, que sont Wataniya
Telecom Algérie (WTA-Nedjma)
et Orascom Telecom Algérie
(OTA-Djezzy), seront plus réactifs en termes de
produits et services afin de bien exploiter les potentialités offertes par la
3G+. L'opérateur public qui, depuis sa création, est orphelin de partenaire
technique international ne sera pas un acteur meneur mais un suiveur sur le
marché.
Nedjma semble être
culturellement le plus apte à dynamiser le marché. En tant que 3ème entrant sur
le marché en 2004, il a mis en Å“uvre une stratégie de différenciation d'offre
non uniquement basée sur la voix mais également sur la data et le multimédia.
WTA était troisième, à présent il talonne Mobilis
qu'il espère devancer sous peu pour ensuite se lancer derrière le leader OTA.
WTA dispose d'une infrastructure réseau plus récente et moderne que celle de
ses concurrents.
Djezzy quant à lui, et compte-tenu des obstacles de nature conflictuels auxquels
il a à faire face, s'est trouvé freiné dans son développement. Ces deux
dernières années, OTA a moins animé le marché et ses parts de marché se sont
érodées passant de 61% à plus ou moins 50%. Néanmoins sa santé financière reste
extrêmement solide et lui donne des capacités d'investissement très importante.
Aujourd'hui OTA bénéficie à la fois de synergies et d'expérience de Orascom Telecom holding mais
également du Groupe Vimpelcom devenu un acteur télécom de premier rang mondial. Mais il y a un détail à ne
pas négliger qui constitue un obstacle majeur pour OTA qui est toujours
interdit de domiciliation d'opérations d'importations. Comment, dans ce cas-là,
pourrait-il investir dans de nouveaux équipements ?
S'agissant de Mobilis,
en dehors de son appartenance au Groupe Algérie Telecom
et du nombre d'abonnés déclarés à l'ARPT, sa
performance de gestion est très opaque. Pas de rapport annuel publié, nous ne
connaissons pas ses états financiers, ni en terme de comptes d'exploitations,
ni en terme bilanciel (actif/passif). Les services 3G+ sont une occasion de
redistribution des parts de marché.
Quelle sera
d'après vous la fourchette de mise à prix, comparé à celles des 3 autres pays
d'Afrique du Nord ayant déjà introduit la 3G ?
Compte tenu du faible développement du secteur
des TIC dans notre pays et de la nécessité de réduire les retards, chercher à
maximiser le prix de la licence serait une erreur de plus. L'Etat se doit de
pousser les opérateurs à acquérir la licence et à investir massivement dans les
plus brefs délais dans les infrastructures nécessaires à une bonne
disponibilité des accès 3G/3G+. Il devra également veiller à une accessibilité
tarifaire pour les clients. Il est plus judicieux d'être attentif au coût
global (coût de licence + coût de l'infrastructure) et raccourcir au maximum
les délais d'investissement.
Si l'introduction
de la 3G est nécessaire, est-elle suffisante pour booster d'autres secteurs de
l'économie ?
La 3G+ est un
préalable structurant pour permettre l'émergence de nouvelles activités
marchandes et non marchandes (eBanking, eCommerce, eGovernance,
dématérialisation de tout un tas de supports). La législation doit vite adopter
des lois rendant légaux les supports dématérialisés et les signatures
électroniques.
Posté Le : 27/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com