Algérie

L’expert estime que le procédé de préfabrication doit être abandonné. Le Pr Chelghoum: “L’Algérie ne peut réaliser plus de 50 000 logements/an”



L’expert estime que le procédé de préfabrication doit être abandonné.  Le Pr Chelghoum: “L’Algérie ne peut réaliser plus de 50 000 logements/an”




L’option de préfabrication de logements que comptent suivre les pouvoirs publics ne fait pas l’unanimité au sein des observateurs très au fait du secteur de la construction en Algérie. Les experts estiment que le procédé, largement pratiqué dans les années 1980, a fini par être abandonné par ses propres initiateurs.

Développé en Algérie depuis les années 1970 par de grosses sociétés nationales, telles que Sonatiba, DNC, Sorecal…, le préfabriqué a été délaissé pour des raisons d’inefficacité sur une production restée en deçà des objectifs escomptés.

“Une usine de préfabrication qui requiert un investissement financier lourd et des assiettes foncières assez importantes n’est en mesure de produire qu’un maximum de 10 à 15 logements/jour en panneaux en béton armé”, explique le Pr Abdelkrim Chelghoum, chercheur en génie parasismique.

Reste à réaliser également les infrastructures, les CES et les VRD. Ce qui représente 70% du logement fini.

Tous ces paramètres ont donc contraint les responsables de l’époque à ne plus exécuter ce mode de construction.

L’autre facteur, et non des moindres, évoqué par le Pr Chelghoum, a trait à la vulnérabilité du préfabriqué dans les zones à forte activité sismique, à l’instar de la région nord du pays.

Connus pour être des pays traversés par des failles sismiques, la Turquie, l’Iran, la Grèce, les USA ont opté pour l’abandon de cette solution.

“Voilà qu’en 2015, on assiste à la résurrection, comme par enchantement, de ce procédé sans aucune validation technique, ni justification des coûts et des délais, telle une stratégie performante d’industrialisation et de développement dans ce pays”, souligne l’expert.

Le modèle de coffrage en tunnel utilisé par certaines entités nationales a déjà été, selon lui, pratiqué en 1977 par la DNC, avant d’être abandonné en 1983 à cause des coûts exorbitants et de la médiocrité de l’architecture des logements.

Par ailleurs, Abdelkrim Chelghoum, qui est aussi président du Club des risques majeurs, avoue que le million de logements projeté par les pouvoirs publics demeure un objectif “utopique et irréalisable”.

Il en veut pour preuve les capacités de réalisation insuffisantes, y compris celles des étrangers, mises en place, le manque de qualification de ces entreprises et l’absence de bureaux d’études (BET) compétents en matière de contrôle et de suivi technique des ouvrages.

“Il ne s’agit pas de fonder toute une stratégie qui engage l’avenir des futures générations, voire de tout le pays, à partir de statistiques, telles que le nombre de BET et d’entreprises réalisatrices, alors que les capacités de circonscrire les problèmes posés et de les résoudre de façon fiable sont inexistantes”, relève le Pr Chelghoum.

La politique du logement prôné par l’État relève, affirme-t-il, d’“une démarche à corps creux”.

Le spécialiste soutient fermement que le nombre de logements réalisables en Algérie, avec tous les moyens matériels et financiers, ne saurait dépasser les 50.000 unités/an. Ce qui reste loin des objectifs fixés.

Face à cette contreperformance, Abdelkrim Chelghoum demande au Premier ministre d’installer une commission nationale composée d’experts indépendants qui émettront un avis technique et non politique, dont les grands gagnants ne seront autres que les générations futures et le pays…

Badreddine Khris



A
ADEL - chef de projet - alger, Algérie

08/06/2015 - 261764

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