A bien décrypter la déclaration faite, dimanche, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, par M. Talbi, directeur général des libertés publiques au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, l'Algérie est parée contre le phénomène de la radicalisation et de la contagion au virus Daech.Argument avancé : le nombre moins élevé, par rapport à d'autres pays, des jeunes Algériens ayant rejoint l'organisation terroriste. Une déclaration qui vient contredire les accusations récurrentes portées contre notre pays qui est considéré, du fait de la décennie noire, comme un laboratoire du terrorisme. Même des pays supposés amis, à l'instar de la Tunisie, ne s'embarrassent pas, et cela au plus haut niveau de l'Etat, de faire écho à ce genre d'accusation.C'est devenu un réflexe atavique chez nos responsables que de se montrer toujours sereins et jamais ébranlés par les événements, même lorsque le danger est à notre porte.Que n'a-t-on pas bercé les Algériens de déclarations faussement rassurantes visant à faire croire que l'Algérie n'est pas touchée par la crise et ne le sera pas, alors que tous les signes d'un naufrage annoncé, confirmés au demeurant par des experts indépendants, étaient là ' Avec le même aplomb, on cherche aujourd'hui à convaincre par des petites phrases, par un douteux exercice d'exorcisme dont on craint qu'il ne reflète pas la réalité du terrain, que Daech n'a aucune chance de s'implanter en Algérie et que nos jeunes ne sont pas tentés de s'enrôler dans ses rangs. Alors que le monde entier est sur le pied de guerre, se mobilise pour combattre ce fléau, les autorités algériennes affichent une étonnante sérénité laissant croire qu'elles ont une maîtrise totale de la situation.Le rapt et l'exécution de l'alpiniste français Hervé Gourdel, qui a révélé au grand jour la présence dans nos montagnes de groupes terroristes lourdement armés se revendiquant de l'organisation Etat islamique, avaient suscité une grande inquiétude au sein de l'opinion. La mobilisation par l'ANP dans la région de Bouira d'importants moyens militaires pendant de longs mois avait permis de neutraliser le groupe auteur de l'assassinat du Français. Pour autant, le mal a-t-il été extirpé de la racine pour penser que l'Algérie est un havre de paix que rien ni personne ne pourra ébranler 'Alors qu'ailleurs une véritable traque est engagée contre les «djihadistes» qui rejoignent l'organisation Daech, que des actions soutenues sont menées au plan de la surveillance des jeunes susceptibles de basculer et de la déradicalisation pour ceux qui reviennent des zones de combat, en Algérie, le sujet est tabou.On parle officiellement de moins d'une centaine de jeunes partis faire le «coup de feu» dans les rangs de Daech. Qui sont-ils ' Comment en sont-ils arrivés à franchir le pas de la radicalisation ' Y a-t-il parmi eux des éléments qui sont rentrés volontairement au pays ou ont été interceptés par les services de sécurité ' Qu'est-il fait concrètement, au plan du travail pédagogique de déradicalisation, pour extirper nos jeunes des griffes des marchands de mort 'Y a-t-il une coopération étroite et loyale avec nos partenaires étrangers dans le domaine de l'échange de renseignements ' Quand on apprend qu'un des kamikazes auteurs des attentats de Paris, qui était sous haute surveillance policière en France, avait effectué récemment un séjour en famille en Algérie, il est permis d'en douter.
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Posté Le : 17/11/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Omar Berbiche
Source : www.elwatan.com