S'appuyant sur des archives et des faits historiques, l'auteur retrace le parcours de l'Emir Abdelkader, son combat, son exil et son legs, ainsi que la présence de la communauté algérienne dans plusieurs pays du Levant.Kamel Bouchama s'intéresse dans cet ouvrage paru dernièrement aux éditions Enag, au parcours de l'Emir Abdelkader, avec l'intention particulière de retracer ses "péripéties", celles de ses descendants et celles des nombreux algériens du Levant. Mais avant cela, Bouchama consacre un long passage à l'Emir Abdelkader, sa résistance et son combat en terre algérienne, ainsi que ses incarcérations, "avec ses proches au Fort Lamalgue à Toulon, puis à Pau et enfin, au château d'Amboise". S'appuyant sur des archives et des faits historiques, l'auteur revient sur l'engagement politique du jeune Abdelkader, qui prend forme après la sollicitation de son père Mohieddine à prendre le commandement de quelques tribus de l'Oranie. Nous sommes en 1832, soit deux années après l'invasion colonialiste "Alger est prise par les Français au moment où l'autorité des Turcs se désagrège. Ceux-là abandonnèrent l'Algérie dans le silence et l'humiliation", écrit Bouchama. À vingt-quatre ans seulement, Abdelkader, le fils de Zohra, est proclamé Emir. À la question de son père s'il se sentait prêt pour un tel combat, il répond : "Je gouvernerais, le livre de la loi à la main et si la loi me l'ordonnait je ferais moi-même une saignée derrière le cou de mon frère." La lutte était double pour le jeune résistant, car il fallait à la fois repousser les Français, et lutter contre la politique séparatiste des Turcs : "La méfiance évidente du régime turc envers le peuple le conduisait tout naturellement à pratiquer la vieille politique tendant à diviser pour régner, à encourager les particularismes régionaux et les conflits locaux", en reprenant les propos de l'historien et ancien ambassadeur Mohamed Chérif Salhi. Puis, dans un sous-chapitre intitulé "Abdelkader arrête la guerre, mais perpétue son opposition aux Français", Bouchama nie l'allégeance de l'Emir faite aux Français, car selon lui "le régime colonial a beaucoup parlé de la défaite de l'Emir. En réalité, l'Emir ne s'est pas rendu aux Français avec la manière et le style qu'ils ont bien voulu raconter dans leurs manuels d'histoire". À partir du deuxième chapitre, l'auteur s'intéresse à l'exil de l'Emir Abdelkader au Shâm, son legs et la présence de sa descendance en Syrie, en Palestine et d'autres pays du Levant. "Notre émigration en Bilad Eshâm, comme les autres émigrations en France ou au Canada bien plus tard, s'est constituée au fil des années, en poursuivant ce mélange de culture à travers les générations qui se sont succédé et qui ont apporté des éléments nouveaux, tout en se métamorphosant et en se recomposant dans la mesure où il y a eu ce passage d'un monde à un autre", explique-t-il. Ces expatriés, par ailleurs, se divisaient en trois camps, ceux qui venaient directement s'y installer, ceux qui s'y établirent après avoir accompli les rites du pèlerinage à La Mecque, "que terminait l'indispensable passage par la mosquée d'El-Aqsa à Jérusalem". Ces derniers "restaient un moment et, au contact de compatriotes déjà en place, faisaient des projets de retour le plus tôt possible pour s'y installer" à leur tour. Enfin, et c'est la catégorie qui a choisi l'exil par dépit, à cause "des évènements malheureux", souligne-t-il. Mais pourquoi alors, les Algériens, sous colonisation française au 19e siècle, choisissaient-ils cette destination ' "Ce choix procède de toute une philosophie qui exprime des symboles, lesquels ont été à l'origine de ce phénomène massif", explique Bouchama. "Les nôtres (?) suivaient leur instinct religieux d'une part, leur désir d'apprendre et de partager et enfin cette tendance qui les engageait à s'associer aux drames de leurs frères en Islam, d'autre part. Pour les demandeurs du savoir (Toulab el îlm)", l'attrait du Levant est d'autant plus important que cette région "se caractérisait par des moyens matériels notamment les structures, et les importantes possibilités qui offraient ce dont avaient besoin ces prétendants aux différentes études et diplômes".
YASMINE AZZOUZ
L'Emir Abdelkader et les siens, l'ultime étape du Levant, de Kamel Bouchama, 351 pages, éditions Enag. 1600 DA. 2019
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Posté Le : 15/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yasmine AZZOUZ
Source : www.liberte-algerie.com