Algérie

L'exercice solitaire du pouvoir



En France, la décision de François Hollande d'envoyer au Mali une force militaire française a été approuvée par l'ensemble de la classe politique de gauche comme de droite à l'exception notable de l'ancien Premier ministre de Chirac, Dominique de Villepin, et de personnalités de l'extrême gauche ou de la sensibilité écologiste. Au-delà de divergences qui opposent le gouvernement socialiste à l'opposition sur la façon dont il gère les affaires nationales françaises, l'on a assisté à l'émergence d'une véritable union nationale autour du premier s'agissant de l'intervention militaire qu'il a engagée au Mali
Pour l'Algérie, la décision du président français a pour conséquence d'avoir créé à sa frontière sud une situation périlleuse au plan sécuritaire avec le feu de la guerre allumé par l'intervention française. La classe politique algérienne n'en paraît pour autant alarmée et ne se fait guère entendre sur le sujet. Il faut dire à sa décharge qu'elle sait parfaitement qu'elle n'est nullement entendue du pouvoir qui gère les affaires internes et extérieures de la nation sans tenir compte de ce qu'elle pense.
Pourtant, la crise malienne comporte le risque de déborder sur le territoire national. La guerre en cours au nord du Mali prend de l'ampleur et gagne du terrain en direction de la frontière algérienne. Son feu menace à l'évidence notre territoire sud. Dans ce genre de situation, il ne suffit pas de déployer en zone menacée l'armée et les forces de sécurité. Il faut de même alerter la vigilance de tous et créer les conditions à la mobilisation nationale indispensable en un moment pareil. De la part des autorités, il n'y a pas l'indice qu'elles ressentent la nécessité d'impliquer le peuple et la classe politique. Elles persistent à gérer les événements découlant de la crise malienne par le secret et le refus de communiquer, encore moins de se concerter avec les acteurs politiques activant dans le pays.
Il est dans la nature du pouvoir en Algérie de conduire en solitaire les affaires du pays et de ne pas rendre compte de sa façon de le faire. Des situations comme celle que crée la crise malienne pour l'Algérie appellent à la constitution d'un front intérieur national en rempart aux impacts déstabilisateurs pour le pays qu'elles peuvent provoquer. C'est le dernier souci du pouvoir algérien pour qui la démarche est impensable car mû par la logique qu'il n'a d'explications à donner à personne et certainement pas à une opinion nationale et à des acteurs politiques dont il tient pour infantile la capacité à appréhender les enjeux auxquels se confronte le pays à l'occasion de crises internationales. Tout ce que les autorités consentent à faire savoir serait qu'elles n'ont pas été prises au dépourvu, qu'elles ont mis le pays à l'abri des répercussions pouvant atteindre le territoire national par suite de l'intervention militaire qui se déroule au nord du Mali. L'on sait que ce genre d'assurances qu'elles donnent à chaque fois qu'une vague d'inquiétude submerge le pays pour une raison ou une autre, sont très vite démenties par la réalité des faits.
François Hollande, président d'un Etat démocratique, s'est tenu obligé de consulter la classe politique française et d'informer les Français. En Algérie, Bouteflika est enfermé dans le mutisme, dédaigneux de faire connaître aux Algériens ce qu'il décide. Le plus solidement installé au pouvoir des deux se désigne aisément.


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