Algérie

L?exemple birman



La Birmanie occupe, depuis quelques jours, le devant de l?actualité internationale. Fait d?autant plus inhabituel que ce pays de l?Asie du Sud-Est est plongé dans un isolement total du reste du monde voulu par la junte militaire au pouvoir depuis 1988. Une dictature implacable qui impose aux Birmans de vivre sous la chape du totalitarisme le plus total. La Birmanie, qui a des frontières notamment avec l?Inde, la Chine et la Thaïlande, est l?un des pays les plus pauvres du monde. Soumis aux plus impitoyables privations, les Birmans, dans leur plus grande majorité, ne mangent pas à leur faim, ce qui a entraîné la mort d?enfants et de personnes fragiles en grand nombre. Depuis la féroce répression de 1988, qui avait fait des milliers de victimes, la junte militaire avait brutalement mis fin à tout espoir d?ouverture démocratique. Pratiquement coupée du reste du monde, la Birmanie a refait son retour dans l?actualité internationale à l?occasion de la hausse du prix des carburants décidée par la junte militaire en août dernier. Mesure qui a suscité une réprobation populaire dont les moines birmans se sont fait l?écho en manifestant par petits groupes avant que leur mouvement n?atteigne une ampleur phénoménale. Des dizaines de milliers de manifestants bravent le pouvoir militaire qui dans un premier temps s?est gardé de réprimer le mouvement avant de décréter le couvre-feu pour une période de deux mois et de procéder, depuis hier, à des arrestations en masse. La communauté internationale tente de faire pression sur la dictature militaire birmane qui reste la grande inconnue, car les officiers qui enserrent la Birmanie dans une main de fer agissent plus dans l?ombre que dans la lumière. Le Conseil de sécurité de l?ONU devait se réunir hier pour déterminer la nature et l?étendue des sanctions à prendre contre le régime des généraux birmans. Ces derniers, qui ont fait de la mise à l?écart de la communauté internationale une option stratégique, ne devraient pas être impressionnés par les menaces qui pèsent sur eux à cet égard. La crainte est par contre que la junte ne récidive dans la répression à grande échelle comme elle l?avait fait il y a une vingtaine d?années. Les moines bouddhistes, en prenant le parti du peuple, ont poussé le pouvoir birman dans ses derniers retranchements, l?habitude de réprimer étant pour lui une seconde nature puisque la Birmanie est sous la botte depuis plus de quarante-cinq ans. C?est réellement un peuple en danger, et ce, d?autant plus que les généraux birmans, et la caste militaire qu?ils incarnent, ne vont pas lâcher la proie pour l?ombre en se retirant du jour au lendemain en laissant le peuple assouvir enfin sa quête de liberté d?expression et de démocratie. C?est vers le voisin chinois que les regards pourraient converger pour la mise en ?uvre d?une médiation qui, en persuadant la junte de passer la main, épargnerait à la Birmanie un nouveau cycle de violences dont le pays tarderait à se remettre. Parce que jamais Rangoon n?a paru si éloignée du reste du monde.


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