Algérie

L'Exécutif ne songe pas à s'amender


 

Le gouvernement n'a pas hésité à  mettre la main à  la poche pour acheter la paix sociale.
Il en fera de même à  chaque fois que la situation l'exigera, dans un mois, six mois ou une année, tant que l'argent du pétrole coule encore à  flots. Pour la simple raison qu'un Exécutif qui n'a pas fait décoller une économie pendant une décennie ne pourrait certainement pas le faire en une année. C'est matériellement impossible pour n'importe quelle équipe gouvernementale, aussi compétente soit-elle.
Quel impact donc pourrait avoir une aussi large et violente contestation qui a fait quatre morts sur l'Exécutif ' De vagues rumeurs parlent d'un éventuel remaniement ministériel ! Mais pour qu'un tel changement intervienne, cela suppose que la responsabilité dans ce qui s'est passé dans le pays ces derniers jours est bel et bien établie.
Or, ce n'est pas le cas. L'on ne s'attend donc pas à  des bouleversements de ce côté-là. Le gouvernement feint même de réduire le mouvement à  «un chahut de gamins» dont le détonateur a été l'augmentation brusque des prix du sucre et de l'huile.
Le silence du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, et de son Premier ministre, Ahmed Ouyahia, serait une manière, pour eux, de reléguer des événements aussi importants à  une simple escarmouche dont ils s'exemptent d'en àªtre à  l'origine.
Leur intervention publique aurait donné un cachet politique à  l'émeute, ils s'en sont donc préservés. Ils ont préféré donc mettre au devant deux ministres, celui de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, et celui du Commerce, Mustapha Benbada. Et cela renseigne amplement sur les suites que réserverait l'Exécutif à  la contestation populaire.
Le premier dira que les jeunes sont en «guerre» contre la société, donc ce n'est pas contre le pouvoir ; le deuxième s'est attelé à  annoncer des mesures immédiates pour abaisser les prix des produits de base, qui ont flambé à  cause des décisions prises par un opérateur de l'agroalimentaire d'appliquer des décisions que le gouvernement a lui-même décidées. A aucun moment, le gouvernement ou un de ses membres ne se sont sentis responsables de cette situation.
On a même évoqué la main des ennemis internes et externes, mais on ne sait lesquels, qui a voulu déstabiliser un pays baignant dans une parfaite prospérité que personne ne voit pourtant dans la société.
On voit donc que l'Exécutif, sa tête pensante et celui qui est chargé de traduire sur le terrain ses visions, n'est pas prêt à  s'amender. On peut même dire que beaucoup de temps a été perdu dans des politiques menées au pas de charge que, pourtant, une large opinion nationale et même internationale a toujours considérées inopérantes.
Aujourd'hui, la solution n'est pas de chercher des boucs émissaires parmi les membres du gouvernement, mais que le bloc de l'Exécutif se convainque de sa responsabilité dans l'échec et en tire les conséquences. Mais tout porte à  croire qu'on est loin de cette logique pour l'instant, ce qui veut dire que le pouvoir, du moins ce qu'il a montré, a mal capté le sens de la révolte. Les messages des émeutiers n'ont pas été reçus du côté d'El Mouradia.                                    

 
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