Algérie

L'Exécutif face à l'épuisement de la rente


Le salut ne pouvant donc assurément pas venir du pétrole, le gouvernement, qui continue de tourner le dos à l'urgence de réformes structurelles, risque fort de se retrouver très rapidement dos au mur.Le retour vital à l'équilibre budgétaire, l'atténuation des déficits financiers extérieurs, le salut même de l'économie nationale ne pourront sans doute plus venir de la rente du pétrole et du gaz. Toute évidente et essentielle qu'elle est, cette nouvelle donne ne semble pourtant pas être bien intégrée aux orientations économiques du président de la République et de son gouvernement, dont le plan d'action, qui sera soumis aujourd'hui au Conseil des ministres, n'évoque ni projet de réformes structurelles ni mesures d'ajustement pour freiner au moins la dégradation des finances de l'Etat.
Bien au contraire, le communiqué officiel rendant compte de la réunion consacrée, avant-hier, à l'examen du plan d'action du gouvernement, laisse plutôt redouter une poursuite pure et simple de la frénésie dépensière observée ces dernières années et une nouvelle "remise à plus tard" des ajustements et des réformes nécessaires pour éviter une rapide banqueroute.
De fait, tout en éludant l'impératif de fixer un cap clair pour faire face à la crise et en signifiant officiellement l'absence de toute "action", "échéance" et de tout "objectif" bien déterminés pour la mise en ?uvre de son programme, le gouvernement a, d'emblée, annoncé que celui-ci ne sera qu'un plan d'exécution du programme du président de la République.
Or, s'il est effectivement d'usage que le rôle de l'Exécutif est d'abord de mettre en ?uvre la politique du Président, il est, néanmoins, inquiétant pour le cas présent de savoir que les orientations économiques affichées jusqu'ici par Tebboune ne comportent que des recours accrus à la dépense publique pour financer l'action sociale de l'Etat, résorber la crise de l'habitat, soutenir le pouvoir d'achat, développer et exonérer des start-up et réduire l'impôt sur le revenu global (IRG) qui assure plus du quart des ressources fiscales ordinaires.
En contrepartie, l'Exécutif n'évoque ni réformes structurelles claires ni mesures suffisantes de rationalisation budgétaire ou d'arbitrage financier clairement tranché en faveur de l'investissement productif. La teneur du plan d'action du gouvernement n'étant pas articulé sur des objectifs de réformes en profondeur des structures malades de l'économie nationale, la nouvelle politique à prévoir devrait donc n'être que celle déjà fixée par la loi de finances 2020, dont les dispositions ne favorisent ni la relance de la croissance ni le rééquilibrage du budget de l'Etat.
Dans cet ordre d'idées, il convient, en effet, de rappeler que cette loi, désormais en vigueur, charrie une coupe drastique, de l'ordre de 20%, de la dépense budgétaire affectée à l'investissement ; ce qui ne manquera sans doute pas d'aggraver le tassement déjà inquiétant de l'activité économique, mais aussi le taux de chômage.
Qui plus est, au moment où les cours pétroliers mondiaux augurent d'une nouvelle dérive ? ou restent du moins très instables ?, les déficits budgétaire et du Trésor annoncés, respectivement à +7 et 11,4% du PIB pour cette année, risquent sans doute d'atteindre des niveaux bien plus élevés en fin d'exercice, au vu, surtout, du train des dépenses publiques à prévoir et de l'incertitude accrue qui pèse sur les recettes en devises du pays.
Le salut ne pouvant donc assurément pas venir du pétrole, le gouvernement, qui continue quand même à tourner le dos à l'urgence de réformes structurelles, risque fort de se retrouver très rapidement dos au mur.

Akli Rezouali
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