Algérie

L'ex-chef de sûreté de Maghnia à la barre



Le procès de l'affaire des 28 quintaux de kif traité, saisis à  Tlemcen en 2005, a abordé hier son deuxième jour avec l'audition de l'ex-chef de sûreté de Maghnia, accusé de falsification de documents. Mais avant cela, la défense d'un des accusés, en l'occurrence Houari Noureddine, s'est  opposé à  la composante du tribunal en invoquant l'article 284 du code de procédure pénale, tout en mettant l'accent sur le caractère sensible de cette affaire. Selon la requête présentée par Me Benhamou du barreau de Tlemcen, «il n'existerait pas assez de garanties permettant la neutralité du jury composant le tribunal criminel», au prétexte que les jurés «se sont mêlés à  la foule à  l'issue de la première audience qui a eu lieu lundi». Une polémique s'engagea alors entre les avocats de H. N. et le président du tribunal, poussant ce dernier à  lever la séance pour une dizaine de minutes.  
A la reprise de l'audience, les garanties présentées par le représentant du ministère public quant au bon déroulement du procès, notamment la protection des témoins et du jury, feront baisser d'un cran la tension dans la salle.
Ce genre d'incident était prévisible, expliquent des avocats, puisque déjà, lundi, la tension était palpable au tribunal criminel de Sidi Bel Abbès où s'est ouvert le procès.  En présence d'une soixantaine de témoins, de 22 accusés – dont l'ex-chef de la Sûreté de Tlemcen, Senouci Mohamed – et de leurs familles, plus d'une quarantaine d'avocats, les allées de la cour de justice donnaient un avant-goût de ce que serait le procès.     Hier, le chef de la Sûreté de daïra de Maghnia, Djilali Djeffal, le visage hagard, s'est longuement expliqué devant le juge –  avec force détails – sur le fameux coup de téléphone reçu par la police le 19 novembre entre 8h45 et 9h, lequel a permis la saisie, le même jour, de 275 kilogrammes de kif.
Ramifications d'un procès fleuve
Cette drogue se trouvait dans le coffre d'une Renault 25 stationnée à  proximité du domicile du dénommé Boubker Boubekeur, plus connu sous le sobriquet de «Ould El Anzi».Boubekeur, accusé de trafic de drogue, s'est dit, lui, victime d'un règlement de compte tout en révélant qu'il faisait office d'indicateur au service de Boumadani Mustapha, responsable régional de la lutte contre les stupéfiants de Maghnia.  Sebti Mourad, témoin, condamné pour falsification de documents dans une autre affaire, est appelé à  la barre. Ses propos parfois contradictoires concernant les «véritables» propriétaires de la R25 et les relations d'«affaires» qu'il entretenait avec deux officiers de la Sûreté de Maghnia renseignent on ne peut mieux sur la complexité de cette affaire.  Lundi, un autre accusé, Zahzouh Abdelkrim, devait expliquer au juge ses relations avec H. N. et les circonstances de sa fuite vers Oran puis Oujda (Maroc), juste après la découverte de la drogue à  Maghnia.
Mais ce sont les déclarations de Mouss Djamel qui retiendront le plus l'attention de l'assistance. Responsable du standard de la Sûreté de la daïra de Maghnia au moment des faits, il est accusé de «dissimulation de traces de crime». Il lui est reproché notamment d'avoir biffé sciemment les nom et prénom de la personne qui a alerté la police sur la présence d'une voiture suspecte (la R25) devant le domicile d'Ould El Anzi. «C'est sur ordre de mes supérieurs que j'ai effacé l'identité du dénonciateur», poursuit-il.L'accusé, qui a affirmé avoir été torturé lors de son arrestation par Boumadani Mustapha (actuellement suspendu), a assuré avoir commis son acte sur ordre de Djilali Djefal et deux autres officiers.
Et d'assener : «Ces trois officiers m'ont demandé de divulguer des renseignements dont je ne disposais pas sur les relations qu'entretenait Senouci Mohamed  avec certaines personnes de Maghnia.» Pour Me Brahimi, constitué pour défendre l'ex-chef de la Sûreté de Tlemcen, «il est étonnant d'entendre un accusé parler de torture en 2011».
            

 


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