Algérie

L'ex-chef de la sécurité de Ben Ali accuse l'ex-ministre de la Défense: Tunisie: entre révélations et règlements de comptes


Le général Ali Seriati, ex-chef de la sécurité présidentielle des Ben Ali a été acquitté, ce vendredi, blanchi par la justice tunisienne des premières charges retenues contre lui. Jugé pour complicité dans la fuite en Arabie Saoudite de Zine El Abidine Ben Ali, le président déchu, et une partie de son clan, le 14 janvier, en pleine révolution du jasmin, et de « sortie illégale de devises et falsification de passeport », Ali Seriati, présenté comme celui qui a poussé Ben Ali à quitter le pays, il le reconnaît lui-même, a été arrêté, le jour même de la fuite de l'ex-homme fort de la Tunisie, à peine une demi-heure après le décollage de l'avion présidentiel. « Dès le décollage de l'avion de Ben Ali, à 17h54, de la base militaire de l'Aouina (près de Tunis), j'ai donné l'ordre à mes commandos de regagner le palais présidentiel, puis j'ai été arrêté à 18H17 par un colonel de la base aérienne au moment où je prenais un café dans le salon d'honneur », raconte le général dans une interview improvisée, donnée à l'AFP depuis sa cellule à la base militaire de l'Aouina. Il explique avoir agi de la sorte « pour épargner un bain de sang à la Tunisie et non pour faire un coup d'Etat ». Une version vendue par l'ex-ministre de la Défense, Ridha Grira, actuellement en liberté, qui a téléphoné trois fois à Ben Ali, depuis l'avion qui le menait en Arabie Saoudite, soutient l'ex-homme-clé du système.

Il accuse Ridha Grira d'être derrière tout ce qui s'était passé, en donnant l'ordre de l'arrêter avec le consentement du président déchu. « J'étais de trop dans un plan dirigé par Ridha Grira et il devait m'écarter », dira-t-il encore. Des raisons qui l'ont poussé à aider le clan présidentiel à se soustraire à la justice, Ali Seriati se cachera derrière sa fonction, estimant qu'il était de son devoir de protéger le président quel que soit son identité. «Je suis un militaire et je n'ai jamais élu qui que ce soit», s'explique-t-il. Acquitté, l'ex-chef de la sécurité présidentielle, un corps particulièrement redouté par les Tunisiens, n'en a pas fini avec la justice car il est toujours poursuivi pour des chefs d'inculpation plus graves tels que complot contre la sécurité intérieure de l'Etat ou encore incitation à commettre des crimes.

Devant la Cour, le général Ali Seriati a livré sa version du 14 janvier 2011, date de la fuite du président tunisien après des semaines de soulèvement populaire.

L'on saura ainsi que Ben Ali le convoque vers 13H00, lui demandant de préparer son avion après lui avoir demandé, quelques heures auparavant, de préparer les passeports rouges diplomatiques pour sa famille restreinte.

Au moins l'un d'entre eux est un faux, selon l'accusation. Pour Seriati, celui qui était toujours président de la Tunisie à ce moment-là, n'avait pas l'intention de quitter le pays mais qu'il s'est laissé attendrir par ses enfants, notamment le petit Mohamed, 6 ans.

 L'appareil présidentiel décolle en fin d'après-midi de l'aéroport militaire de l'Aouina et atterrit quelques heures plus tard en Arabie Saoudite. Le rôle primordial du général dans la fuite de Ben Ali apparaît clairement puisque c'est lui qui décidera de l'embarquer à partir de l'aéroport militaire. « Je voulais les faire partir de l'aéroport de Tunis-Carthage. J'ai appelé le plus haut gradé de l'aéroport, Zouhair Bayati, et ce n'était pas sa voix », explique Seriati, qui comprend alors que l'aéroport civil avait changé de mains. Il a donc changé les plans et fait partir la famille restreinte de Ben Ali depuis l'Aouina. Aux côtés du général Seriati, comparaissaient 22 autres prévenus, membres de la famille présidentielle, arrêtés le 14 janvier à l'aéroport de Tunis-Carthage alors qu'ils tentaient de fuir le pays en possession de sommes d'argent importantes et de bijoux. Quatorze hommes, arrivés menottés, et neuf femmes, dissimulées sous des abbayas blanches, ont contesté les accusations retenues contre eux. Moez, neveu de l'ex-première Dame, a été condamné par contumace à 6 ans de prison.        Deux de ses soeurs, Jalila et Samira, ont été jugées respectivement à 18 et 4 mois d'emprisonnement ferme. Imed, le neveu préféré de Leïla, aussi haï qu'elle des Tunisiens et déjà condamné à 4 ans de prison pour détention de drogue, a écopé de 2 ans d'emprisonnement. Sa mère Najia Jridi a été condamnée à 8 mois de prison.

Un des frères de Leila, Moncef, a été condamné à 18 mois de détention. Outre le général Seriati, 6 inculpés ont été acquittés, dont la veuve de Moncef Ben Ali, frère aîné de l'ex-président condamné en France en 1992 pour trafic de drogue dans l'affaire dite «couscous connection».

Leïla Trabelsi elle-même et Sakhr el-Materi, gendre du couple présidentiel en fuite, ont été condamnés par défaut respectivement à 6 et 4 ans de prison pour complicité et possession illégale de devises.

Le tribunal a aussi prononcé des peines d'amendes pour un montant global de plus de cent millions d'euros. Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite et dont la Tunisie n'a pu obtenir l'extradition, cumule déjà plus de 66 ans de prison dans des procès par contumace.


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