Nous constatons que durant ces dernières années, le tourisme interne connaît un essor intéressant. Son impact sur le plan économique et social est appréciable.
Mais avant d'aborder les aspects positifs de cette évolution, il est utile de préciser quelques notions relatives à ce segment de l'activité touristique pour faire la distinction entre le tourisme interne, le tourisme intérieur, le tourisme émetteur et le tourisme récepteur. La précision de ces variantes nous permet une meilleure maîtrise de l'ensemble des facteurs qui contribuent au développement de ce secteur hautement stratégique pour toute économie.
L'Organisation mondiale du tourisme (OMT) considère le tourisme comme un phénomène social, culturel et économique qui conduit à « des activités déployées par des personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période ne dépassant pas l'année... ».
Le tourisme interne ou domestique est constitué « des activités touristiques réalisées par les habitants d'un pays à l'intérieur de celui-ci » (OMT). Par contre, le tourisme intérieur regroupe selon l'OMT le tourisme interne et le tourisme récepteur, en d'autres termes, « le tourisme intérieur regroupe les activités des visiteurs résidents et non-résidents à l'intérieur du pays de référence, accomplies dans le cadre des voyages de tourisme interne et international ».
Il existe plusieurs types de tourisme répartis en fonction du but recherché par le touriste : le tourisme culturel, sportif, médical, balnéaire, rural, thermal, le tourisme de spectacles, des loisirs, d'affaires, de montagne...
D'une manière générale, le tourisme possède un impact réel et conséquent sur les activités de transport, de restauration, d'hébergement. Il a une répercussion positive sur l'évolution de l'activité des entreprises et sur la création d'emplois. Cette activité représente sur le plan mondial 11.3 % de l'économie et un emploi sur dix est dans le tourisme. Ce secteur génère 10% des emplois dans le monde (OMT).
Le tourisme a également un impact indirect sur les autres activités économiques. Beaucoup d'entreprises viennent en soutien aux entreprises directement concernées par l'activité touristique en leur fournissant les matières intermédiaires. L'importance de l'impact du tourisme sur l'économie a conduit les instances internationales et différents pays à accorder à cette activité une importance particulière.
Dans beaucoup de pays, ce secteur est considéré comme le principal moteur de la croissance. Il joue un rôle appréciable dans la constitution du PIB. Cette activité représente entre 25 et 33% du PIB des Seychelles et des Maldives, 15% au Mexique, 13% en Italie. En Espagne, le tourisme représente 200 milliards d'euros par an, l'équivalent de 14% du PIB. (fr.statisca.com). La Turquie enregistre en 2023, 46 millions de touristes et un apport financier de 54,3 milliards USD. Les effets indirects du tourisme sont également déterminants dans l'évolution économique d'un pays. Par exemple, en Turquie, l'impact des effets indirects représente plus de 4,1% du PIB. (wttc.2011).
Le tourisme interne représente quant à lui, une part importante dans l'activité touristique globale. Selon OMT, le nombre de voyages effectués par les touristes dans leur propre pays est six fois supérieur à celui du tourisme international. Les activités engendrées par le tourisme interne représentent plus 95% de l'activité touristique globale au Brésil, en Inde et en Chine. En France, ce taux est de 70%, en Espagne, 67%.
En Algérie, selon les données du ministère du Tourisme et de l'artisanat, ce secteur emploie plus de 270 mille salariés et procure au pays 274 millions de dollars, soit 1,8 % du PIB hors hydrocarbures.
Le segment « tourisme interne » est très apprécié durant le ralentissement de la croissance et les crises économiques. Il peut devenir un facteur déterminant pour lutter contre la crise économique et réduire son impact négatif sur la société. Au vu de ces données, nous constatons que le tourisme interne est un facteur potentiel dans l'évolution économique, financière et sociale d'un pays. L'Algérie, dans sa stratégie de développement du tourisme, a opté pour l'expansion du tourisme interne, une stratégie intéressante et qui peut devenir un facteur important dans l'évolution de l'économie du pays. Cette option vise à promouvoir les atouts touristiques dont dispose le pays. En Algérie, avec ses potentialités touristiques variées (les possibilités existantes au sud, les stations thermales et balnéaires, les sites historiques, le tourisme de montagne...), l'activité dans ce domaine n'est pas saisonnière, elle s'étale sur toute l'année. C'est un atout remarquable. L'État considère le tourisme interne comme un « pilier de la diversification économique » et a entamé la mise en place des moyens permettant de réunir les conditions qui contribuent à la réussite de cette option stratégique, notamment en favorisant les investissements touristiques, en valorisant les atouts touristiques du pays, en ciblant les mesures d'excellence dans la promotion, dans la gestion, dans l'accueil en dans l'accompagnement. L'Algérie vise en particulier le développement du tourisme dans le Sud, dans les Hauts Plateaux, le thermalisme et la valorisation des sites historiques. L'objectif est d'atteindre 12, millions de touristes en 2024, au grand bénéfice des économies locales et de l'économie nationale.
Cependant, l'activité touristique en Algérie soufre de beaucoup de points faibles, notamment : des insuffisances dans la qualité de l'accueil, l'absence de spécialistes de valorisation des sites, l'absence d'une stratégie de communication concernant l'ensemble des opérateurs liés à l'activité touristique, les difficultés d'obtenir des statistiques fiables et l'absence ou insuffisance de mesures protectrices de l'environnement.
Pour faire face à ces carences et difficultés, l'option «promotion du tourisme interne » doit, à notre avis, réunir les conditions qui déterminent l'évolution du tourisme et l'amélioration de sa qualité :
a) La démarche visant la promotion du tourisme interne doit reposer sur les méthodes et critères retenus par le marketing touristique.
Une stratégie marketing est nécessaire : elle concerne l'acte touristique sur tous les plans : conception, promotion, commercialisation, suivi et évaluation pour faire connaître les possibilités, renforcer la crédibilité, fidéliser la clientèle, augmenter le nombre de touristes.
Il est important de cibler des objectifs chiffrés pour pouvoir évaluer objectivement la politique suivie.
b) Définir une stratégie de communication qui implique tous les opérateurs (agences de voyages, l'hôtellerie, les transports, les collectivités locales, les organismes du tourisme...). La communication est une démarche fondamentale dans la réussite de tout projet. Cette démarche adaptée au contexte algérien et qui tient compte des forces et faiblesses du secteur. Il y a un déficit énorme en matière de communication.
Des actions de sensibilisation et d'éducation sont impératives pour préserver l'environnement dans toutes ses composantes, dans le cas contraire, le prix à payer dépassera largement les retombées positives du tourisme interne.
c) l'existence de statistiques fiables et permanentes couvrant l'ensemble des activités liées au tourisme et à la qualité des prestations et leur adaptation aux besoins des touristes.
A titre d'exemple, l'ONU et l'OMT ont élaboré des recommandations pour améliorer l'activité touristique et maîtriser ses données pour mieux connaître la nature de la demande et des besoins du touriste, son impact sur l'économie et pouvoir arrêter une stratégie de développement.
Ces deux institutions, dans leur document « Recommandations internationales sur les statistiques du tourisme, 2008), arrêtent les conditions de la maîtrise des statistiques relatives à l'activité touristique. C'est la qualité et la maîtriser de l'ensemble des données relatives à cette activité qui permettent de bien connaître l'évolution de ce secteur et de pouvoir arrêter une stratégie de développement. Ils recommandent notamment de définir les concepts et les indicateurs, définir le lien entre la comptabilité nationale et la balance des paiements, les statistiques de l'emploi, évaluer financièrement les dépenses touristiques. Faire des enquêtes auprès des ménages pour récolter des informations qui permettent la compréhension des comportements et de pouvoir cerner les besoins et s'adapter à la demande du tourisme interne.
d) La qualité des prestations qui ne peut provenir que de la qualité de formation des différents intervenants et de la connaissance parfaite de la nature des besoins des touristes. La formation est un facteur qui permet d'améliorer la qualité des prestations et de rehausser le niveau des prises en charge des besoins des touristes. La spécialisation des animateurs et des accompagnateurs est un facteur d'efficacité des actions retenues. La promotion du tourisme interne peut dans l'avenir, si toutes les conditions de sa réussite sont réunies, donner un dynamisme remarquable à l'économie locale et améliorer d'une manière importante et continue les performances de l'économie nationale, notamment l'évolution du PIB et la création de postes de travail, réduisant ainsi le taux de chômage. Le développement du tourisme interne peut également favoriser l'évolution sociale et améliorer le bien-être du citoyen.
*Economiste
Sources :
- Ministère du Tourisme et de l'Artisanat
- Les sites de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), ONU-OMT, wttc.2011). fr.statisca.com.
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Posté Le : 03/10/2024
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Brahim Lakhlef*
Source : www.lequotidien-oran.com