«L'évaluation du taux de change sera l'agenda le plus chaud»

C’est l’avis de Choi Sung-joo, ambassadeur de la Corée du Sud à Alger. «On saura si ce mécanisme sera institutionnalisé et organisé d’une manière régulière ou pas comme ce fut le cas du G8», nous-a-t-il déclaré. Selon lui, l’agenda le plus chaud sera celui de l’évaluation du taux de change. «Actuellement, il existe un conflit entre les Etats-Unis et la Chine sur ce qui est responsable de cette situation», a-t-il précisé. Plusieurs pays accusent les Etats-Unis de menacer l’économie mondiale avec l’encouragement du dollar faible. «Il est à prévoir des débats et des controverses», a prévu Choi Sung-joo. Citée par l’AFP, la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a estimé que «la guerre des monnaies» ne sera pas réglée à Séoul. «Un sommet ne suffit pas pour régler une question trop compliquée», a-t-elle dit. Le diplomate coréen a reconnu que le sujet est difficile et délicat. «La Corée se prépare à jouer un rôle constructif même si les intérêts sont divergents», a-t-il indiqué. L’agence Dow Jones Newswires, reprenant un projet du communiqué du sommet, a rapporté hier que les pays du G20 s’acheminent vers l’adoption de systèmes de taux de change «davantage déterminés par le marché». Par contre, la question de l’intervention des pays sur les marchés des changes n’a pas encore trouvé de solution. Choi Sung-joo a relevé que Séoul a décidé d’inclure dans l’agenda du sommet la question du développement. «Nous avons pris en compte notre propre expérience de développement, la Corée du Sud attache toujours de l’importance à la coopération avec les pays du Sud. Nous voulons jouer le rôle de passerelles entre pays industrialisés et pays en développement», a-t-il noté. En consultation avec les Etats qui ont déjà organisé un sommet du G20, Séoul a décidé d’inviter d’autres pays. Ainsi, l’Afrique sera représentée par le Malawi, qui assure la présidence actuelle de l’Union africaine, et l’Ethiopie qui dirige le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). L’Espagne, le Vietnam et Singapour seront les autres invités du sommet de Séoul. Parallèlement au sommet, les hommes d’affaires des pays présents se rencontreront. «C’est la première fois qu’une telle rencontre est organisée à la faveur du G20. Le fondateur de Microsoft et les patrons de HSBC, Samsung, Hyundai et LG seront à ce rendez-vous pour échanger les points de vue», a-t-il relevé. Choi Sung-joo a tenu à préciser que le taux de croissance économique en Corée du Sud était de 0,2%. «Mais selon les dernières estimations, comme celles de l’OCDE, ce taux sera entre 5,8 et 6,5% pour 2010. Il s’agit donc d’une importante croissance par rapport à l’année passée», a-t-il remarqué. Il a noté que le revenu national par habitant est de 17 000 dollars, le taux d’inflation de 3,1% alors que le taux de chômage, calculé fin août 2010, est de 3,4 %. «Mais le taux de chômage des jeunes est plus élevé. Il est de 7%. Aujourd’hui, il n’est pas facile pour les jeunes de trouver du travail en Corée», a-t-il dit. Le diplomate a relevé que le système financier est «immunisé» contre les crises depuis l’effondrement asiatique de 1997. «Après cette crise, mon gouvernement a introduit de strictes réformes financières. Aujourd’hui, la santé du système bancaire coréen est relativement bonne. Nous avons installé une agence spéciale pour la surveillance des banques», a expliqué Choi Sung-joo. Selon lui, toutes les mesures de sécurité ont été prises à Séoul pour accueillir le sommet du G20. «Nous sommes en état d’alerte pour prévenir tout attentat terroriste», a-t-il rassuré. La Grande-Bretagne, le Canada et les Etats-Unis ont déjà abrité les sommets du G20. Les pays membres de ce groupe, industrialisés et émergents, représentent 90% du produit intérieur brut (PIB) mondial et presque 80% du commerce international.