Algérie

L'évaluation du risque est le faible des décideurs algériens



L'évaluation du risque est le faible des décideurs algériens
Dans tout ce qui est déjà décidé et continue à se décider en Algérie, il est naturellement évident que chaque décision soit le produit d'un processus de décision exclusif au cortex du cerveau algérien, dont l'archétype n'est certainement pas différent d'un cerveau universel.
La mise à bas et l'extraversion d'innombrables idées et décisions, conçues et prises respectivement depuis notre indépendance, n'ont fait que contribuer à dessiner le présent d'une Algérie fort déplorable en matière de progrès social et riche en expériences en matière de défaillances dans la gestion des affaires publiques. Ce constat n'est malheureusement pas un avis basé sur une quelconque tendance politique, mais il s'agit d'une réalité purement scientifique et historique dont beaucoup d'entre nous portent déjà le témoignage, et espèrent ne jamais revivre le calvaire d'une situation qui est surtout provoquée soit par l'indécision ou par la décision d'un responsable relevant d'une institution publique.
Bien que la gestion des affaires publiques ne soit pas une simple activité en elle-même et que les élus du peuple soient souvent confrontés à de multiples contraintes ; que chaque fois il leur est requis d'engager leur processus de prise de décision pour répondre aux attentes d'un peuple de plus en plus exigeant. En fait, ce processus est d'abord une activité mentale qui est incontournable dans tout ce qui entretient le cerveau de l'homme et de la femme ; cependant, il est exigé pour un responsable de se conformer à un processus modèle ou réglementaire qui soit fondé scientifiquement.
Bien que le domaine de gestion des affaires publiques soit relativement compliqué à l'heure des bilans, il serait intéressant d'explorer le/les modèles de processus de prise de décision adoptés en Algérie depuis cinquante ans. C'est un sujet digne d'une thèse doctorale en sciences humaines que le contenu de cet article n'est qu'une lecture de ce qui serait élémentaire et bouleversant en termes de résultats.
LE PROCESSUS DE PRISE DE DéCISION
Le processus de prise de décision est simplement une activité mentale qui désigne les étapes chronologiques d'une réflexion dans le but de traiter un problème donné, par une décision ou par un acte comme finalité de cette réflexion. Le processus de prise de décision est d'abord une forme générique de réflexion réservée au cortex d'un cerveau depuis l'âge de prise de conscience jusqu'à la mort d'un individu, c'est ainsi que par la réflexion et par l'utilisation des mêmes fonctions psychophysiologiques, l'enfant qui gère ses jouets, le conducteur qui contrôle son véhicule, ou le président de la République qui gère les affaires d'une nation sont soumis exactement au même processus générique de prise de décision, et que finalement ce qui impose une modalité appropriée de prise de décision ce n'est que la nature des enjeux entre par exemple les conséquences de gérer des jouets et celles de gérer les affaires d'une nation.
Le processus de prise de décision est intimement lié au mode de gestion ou au système politique établi dans une société, et il est pratiquement tout ce qui couronne cette gestion et cette politique, étant donné que le fondement de ces deux concepts est basé sur les mêmes activités mentales, qu'il est utile de rappeler ici afin de bien distinguer les phases et les tâches spécifiques au cortex d'un cerveau humain devant la nécessité de traiter un dossier ou un problème quelconque, et afin d'identifier les ressources requises pour accomplir correctement chacune de ces tâches.
Identification du problème
Comme il est totalement inconcevable de gérer ou de décider sur quelque chose qui est non identifiée, la tâche initiale du cerveau consiste donc à interpréter la perception du problème, soit avec un maximum de détails sur sa nature. Cette phase est primordiale et déterminante vis-à-vis du résultat attendu de la gestion ou du processus en question. Les ressources individuelles requises, pour une identification optimale des choses, sont essentiellement liées aux connaissances générales et à l'expérience du décideur. La tâche d'identification permet une description sommaire et générique du problème à traiter.
Analyse du problème
L'analyse ou l'étude du problème, comme deuxième phase, est une manière d'approfondir l'identification et de mieux cerner le problème en tant qu'élément caractérisé au milieu d'une famille de problèmes ou de questions du même type. L'analyse permet aussi de dévoiler les détails relevant des variations des paramètres, des caractéristiques, ou des propriétés du problème à traiter. Les ressources requises pour effectuer une tâche d'analyse quelconque sont aussi liées aux connaissances, néanmoins, avec un minimum d'expertise en matière d'approches scientifiques, telles que l'usage des théories, des lois, et des principes. La tâche d'analyse permet de spécifier et d'enrichir l'identification du problème à traiter.
Evaluation du risque/impact
La phase d'évaluation ou de jugement intervient par la nécessité d'attribuer une mention particulière au problème à traiter, concernant sa normalité ou anormalité vis-à-vis d'un enjeu ou d'un danger pertinent. L'évaluation permet ainsi de déterminer les aspects positifs et/ou négatifs de ce problème, en tant qu'entité dépendante et influente sur une autre problématique. Il n'échappe à personne que parmi les enjeux les plus pertinents qui sont liés aux affaires publiques, on trouve les enjeux politico-stratégiques, socio-économiques, juridiques, et les enjeux liés à la sécurité des personnes. Par conséquent, l'évaluation du risque requiert que soit établie, au préalable, une vision claire des enjeux quels qu'ils soient, c'est là précisément que réside le véritable défi du cerveau humain, en rapport avec tout ce qu'il entretient comme objectifs en politique et en recherche scientifique par excellence. C'est ainsi qu'en politique comme en gestion, on s'intéresse beaucoup plus à l'étude des enjeux et aux techniques l'identification des dangers, qu'il y a au moins quarante (40) méthodes et techniques d'identification de ces enjeux et ces dangers (J.Gould, 2000). L'évaluation du risque intervient que pour affecter une mention particulière à ces enjeux ou à ces dangers ; ce qui est fort indispensable pour la prise de décision ou de mesure appropriée. Les ressources requises pour s'acquitter de la tâche d'évaluation du risque sont totalement différentes de celles des taches d'identification et d'analyse du problème. L'évaluation du risque exige essentiellement une matrice et des critères formels de normalité et/ou d'anormalité relatifs à chaque enjeu, ces critères peuvent être contenus dans des lois, règlements, et normes entre autres, et à défaut on trouve des critères dans l'éthique sociale et dans l'intuition du décideur. D'une manière plus appropriée, l'évaluation du risque/impact permet de classer le problème ou le dossier à traiter à des fins de décision ou des mesures à prendre.
Prise de décision/mesure
En dernière phase, le cerveau de l'individu peut en mettre la sienne et créer une décision ou une mesure comme solution au problème à traiter juste après l'évaluation du risque ou de l'impact. Le potentiel du cerveau à pouvoir créer des décisions/mesures est estimé par des scientifiques à un taux d'une décision par quart de seconde (en référence au temps qu'il faut pour montrer une chose, si elle est bonne ou mauvaise, J Bargh Université de Yale). Bien entendu, ce temps dépend essentiellement de la complexité du sujet ou de l'affaire à traiter, ainsi que de l'importance de l'enjeu qui lui est lié. Les ressources requises pour prendre correctement une décision sont beaucoup plus compliquées ; telles que les facteurs d'influence résumés par l'intention et l'attitude du décideur au moment de la décision. Selon l'importance de l'enjeu, la prise de décision permet de clôturer l'affaire en cours, et surtout d'introduire une nouvelle donne qui aurait son lot de problèmes quelque part ailleurs.
LE CAS DES DéCIDEURS ALGéRIENS
Rappelons que la prise d'une décision quelconque est le résultat d'une réflexion mentale dont le processus est directement lié aux tâches du cerveau humain. Ainsi, il est tout à fait possible d'explorer le déroulement de cet incontournable processus dans le cerveau d'un élu, soit, à la tête d'une Assemblée populaire. Par exemple, tenter une analyse du processus modèle des décideurs algériens en matière de traitement des affaires publiques, au lieu d'un jugement des décisions résultant de ce modèle, étant donné que le jugement des décisions des élus est une réaction classique chez une majorité de notre public.
En réalité, une telle analyse est du ressort d'un laboratoire de recherche avec toute une équipe de chercheurs, ainsi qu'un plan d'enquêtes sur des modèles de prises de décisions, notamment les textes réglementaires conçus comme processus de décision. Tout cela, pour pouvoir répondre adéquatement à trois questions-clés sur le cas des décideurs algériens, bien entendu, en rapport avec l'état d'art d'un processus modèle de prise de décision. Ces questions-clés seraient comme :
L'affaire ou le problème est-il bien identifié '
L'analyse est-elle bien effectuée '
Le risque ou l'impact est-il bien calculé '
Certainement, le choix des questions-clés dépend de l'approche qu'on doit réserver à une analyse ; ici, à défaut d'une recherche formelle, on se limite à identifier l'étape du processus où le cerveau d'un décideur a plus de chances d'échouer. Ainsi, en déroulant ces phases post-décisionnelles d'identification, d'analyse, et d'évaluation, et que, malgré lui, un responsable algérien est tenu d'accomplir pour décider, on saura au moins identifier la phase qui exigerait plus d'efforts et de préparation à ces décideurs.
L'identification
Bien identifier un problème est une simple question de fiches, dossiers, rapports, enquêtes, qu'apparemment l'Algérie est mieux dotée en moyens institutionnels et humains pour bien effectuer cette tâche.
L'analyse
Bien analyser un problème est une question de savoir en matière de caractéristiques et propriétés de ce problème. D'une manière générale, un problème se rapporte toujours à une certaine discipline scientifique qui est facilement accessible, néanmoins, en consultant des livres et les diplômés de cette discipline.
L'évaluation
Enfin, bien évaluer un risque ou un impact exige au préalable que soit défini l'enjeu, ou les enjeux, qui seraient liés au problème identifié et analysé, en même temps, que soient établis des critères de normalité et/ou d'anormalité liés à chaque enjeu. En pratique, ce préalable est ce qui constitue le fond d'une éthique, d'une loi, ou d'un règlement approprié, que ce soit au niveau national ou international. En Algérie, cependant, le cadre de loi et autres références aidant à l'évaluation des risques est relativement maigre, ou elles sont souvent ignorées par nos décideurs ou remplacées par leur intuition. Ensuite, et comme partout ailleurs, il y a l'enjeu politique qui est de nature à compromettre d'autres enjeux et à compliquer la tâche d'évaluation, parce qu'il est considéré comme un enjeu pilote avec des critères définis comme constantes politiques. Pire, chez nous on n'est même pas au stade de dissocier l'enjeu politique des autres types d'enjeux aussi pertinents pour la nation et qu'il est plus facile de destituer ces derniers, pour une simple raison politique ou pour éliminer tout compromis dans les décisions. Tels sont, entre autres, les critères de normalité sur lesquels se basent les décideurs algériens pour évaluer le risque ou l'impact qui donnera forme à leur décision, sans parler de l'intuition et de l'intention propres du décideur, à défaut de ne pas se conformer à aucun de ces critères.
En conclusion, il faudrait rappeler que les actes et décisions individuels sont aussi porteurs de l'identité du décideur et que la manière d'évaluer ou de juger est directement liée à la politique, au mode de gestion, ainsi qu'à l'attitude et aux intentions de ce décideur, que cela ne sert à rien, néanmoins pour soi-même, d'entretenir l'illusion. En termes de priorité, elle est résumée en la nécessité de revoir toutes les dispositions permettant aux élus du peuple d'être bien équipés et bien préparés, au moins, pour qu'ils soient capables d'identifier les enjeux réels du peuple algérien, cette préparation concerne également tous les projets d'aujourd'hui qui vont aider les décideurs algériens de demain à faire face aux enjeux du futur.




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