Et pour cause, la réunion du Conseil d’association algéro-européen qui intervient en plein chaudron arabe, devait servir de baromètre politique pour jauger et juger de la pertinence des «réformes» engagées en Algérie à même de fouetter les discussions économiques.
A l’arrivée, M. Medelci s’en est sorti plutôt sans trop de casse, même si ses interprétations démesurément optimistes risquent d’être balayées dès septembre, quand l’heure du premier bilan sonnera. Il a, certes, pu arracher une appréciation passable des réformes politiques de Bouteflika qualifiées d’«ambitieuses» dans le communiqué de la Commission européenne. Mais cette qualification est évidemment suivie de pointillé…
L’Europe a, en effet, déjà forcé la main à Alger en créant le sous-comité régional de dialogue politique, sécurité et droits de l’homme. Il servira de sentinelle aux éventuelles dérives politiques, sécuritaires et aux atteintes aux droits de l’homme. «Un pas important en vue de l’approfondissement d’un dialogue ouvert et constructif sur les questions politiques, de sécurité et des droits de l’homme», commente l’UE. En d’autres termes, l’aboutissement des discussions sur le terrain économique sera désormais couplé à une mise à niveau politique.
L’Europe se donne via ce mécanisme un droit de regard sur la conduite des réformes politiques et le respect des droits de l’homme en Algérie. «L’Union européenne a des intérêts en Algérie, mais elle a aussi des valeurs», assénait récemment le haut-commissaire à l’élargissement et au bon voisinage, Stefan Fule. Comprendre qu’il n’est plus question de donner de chèque en blanc à des régimes qui ne respectent pas les standards démocratiques. On saisit mieux pourquoi l’UE rechigne à donner son accord au report de l’échéance du démantèlement tarifaire à 2020, tel que demandé par l’Algérie.
Opération serrage de vis
Bruxelles a sans doute commencé à dresser ses barricades dans le cadre de sa nouvelle politique de voisinage (PEV) qui tienne compte des bouleversements politiques et géopolitiques dans le monde arabe. Le fait est que M. Medelci n’exclut plus que l’Algérie puisse adhérer enfin à cette politique dans sa nouvelle version. Acculée dans ses derniers retranchements d’être (la mauvaise) exception maghrébine en matière de réformes politiques, l’Algérie risque de payer cher la contrepartie de ces «réformettes politiques»
Faut-il alors prendre pour argent comptant les déclarations faussement rassurantes de
M. Medelci ' Peut-être pas.
Le ministre s’est échiné à plaider les sacro-saintes «spécificités algériennes» comme si notre pays était un îlot insubmersible. (…) «La partie européenne mesure mieux les spécificités algériennes. Elle les évalue de manière plus concrète», s’enorgueillissait M. Meldeci, soulignant avoir «expliqué à la partie européenne que l’Algérie est l’initiatrice en octobre 1988 de ce mouvement de rénovation dans cette sous-région». Exit donc le changement démocratique en Algérie puisque, selon notre ministre, nous y sommes déjà depuis 24 ans !
A l’entendre, on est même tenté de croire que l’Europe s’apprête à adapter ses principes à l’aune des exigences algériennes…
Notre chef de la diplomatie pousse l’outrecuidance jusqu’à tirer une belle conclusion à partir d’une vague impression. «L’UE a apprécié ces évolutions et a donné l’impression d’être rassurée sur les réformes engagées par le président de la République.» Mais l’impression est-elle acquiescement en diplomatie '
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Posté Le : 22/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hassan Moali
Source : www.elwatan.com