L'Europe face à son Daech

L'effet boomerang a bousculé l'Europe, abandonnant la carte désormais désuète du droit d'asile et des droits de l'Homme. Il est enfin admis que dans le monde de Charlie et des Daech participant au clonage d'al Qaïda, le terrorisme transfrontalier sévit aussi bien au c?ur de la forteresse américaine, ébranlée par le syndrome du 11 septembre, que dans l'Europe touchée de plein fouet par le syndrome du 11 janvier en répliques du séisme dramatiquement vécue par l'Algérie de la résistance pionnière et, à l'échelle du GMO, par les victimes du « printemps arabe » des dérives sanglantes commises par les « combattants du Daech » essaimant l'émirat irako-syrien en ruines, la Libye désintégrée et le Yémen mis dans une « impasse totale ». Qui a cautionné le Gia de l'amnésie algérienne, coupable de la manipulation éhontée et de la perversion des valeurs démocratiques et humanitaires ' Qui arme et soutient le terrorisme international sous quelque dénomination que ce soit ' Qui a favorisé la constitution de la légion européenne du Daech aux origines douteuses et la sanctuarisation des filières transitant allégrement par les frontières étrangement permissives reconnues par le président allemand du Bureau de protection de la Constitution, Hans-Georg Maafsen, lors d'une interview télévisée le 12 janvier, exhortant Ankara de prendre des « mesures supplémentaires » pour faire face au déplacement vers la Syrie des combattants de Daech ' L'Europe du tout-sécuritaire a donc pris toute la mesure du mal intrinsèque des « combattants étrangers » en Syrie et en Irak et, plus gravement, l'échec lamentable de la coalition révélé par le « petit pourcentage de pertes » subies par l'Etat islamique. En tout, 1% des 55.000 km2 conquis en 2014 après 5 mois de bombardements intensifs (2.000 frappes aériennes depuis le 8 août), selon le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral Kirby. Impuissante à relever le défi de Daech, tout l'Occident redoute la bombe à retardement des 10.000 combattants étrangers et la menace persistance des 3.000 islamistes radicaux originaires d'Europe. De Pristina, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, rendant visite à la Force de paix de l'Otan (Kfor) déployée au Kosovo, a mis en garde contre la « menace pour nous tous, bien entendu pour les pays de la région mais aussi pour tous les pays d'Europe ». La France socialiste, rivée sur son Vigipirate renforcé, se veut la locomotive de la lutte antiterroriste aux antipodes des libertés individuelles tant vantées. L'exigence belge d'une « liste européenne » et la réforme allemande visant à permettre la confiscation des cartes d'identité d'une catégorie de ses citoyens pour une durée de 3 ans pour les empêcher de quitter le pays constituent le substrat de l'Europe du Patriot Act maladivement ignoré.